Datagueule a rencontré un succès immédiat sur le web dès les premières mises en ligne. Hormis quelques épisodes passés à l’époque sur la chaîne France 4, alors sous la direction éditoriale de Boris Razon (aussi directeur des Nouvelles Ecritures), #Datagueule est un pur produit à destination du web, antenne à part entière.
Les auteurs :
- Henri Poulain, concepteur et réalisateur,
- Julien Goetz, co-auteur et co-concepteur,
- Sylvain Lapoix, co-auteur et enquêteur
ont lancé leur première vidéo « Tarte à l’Ukraine », le 6 juin 2014.
Pourquoi Datagueule ?
Les créateurs ont souhaité présenter leur websérie sur Youtube avec ces mots :
« Chaque jour, nous sommes bombardés par des milliers de molécules d'information. Des faits, des noms, des chiffres qui s'empilent et se percutent sans que, pourtant, jamais rien ne se crée. Alors pour une fois, plutôt que de rester passifs face à cet assaut, jouons avec. Allons-y franchement.
#DTG s'amuse à poser des jalons, des petits cailloux, comme un petit Poucet perdu dans la forêt, mais un petit Poucet punk. #DTG, c'est un jeu de lego où une réalité se construit sous nos yeux sans que l'on s'en aperçoive. Un jeu où l'on assume que l'incompréhension est essentielle pour faire émerger l'évidence. »
Essayons de mieux cerner le concept et l’attente des pères de ce projet.
Henri Poulain, dans l’ interview à trois voix donnée à Thinkerview, explique ainsi l’objet visuel qu’est Datagueule :
« Datagueule est un objet en mouvement permanent. Il est en mouvement dans sa gestion, dans sa mise en forme et puis, il est en mouvement une fois qu’il est mis en ligne puisqu’il génère des commentaires. Il est discuté, les commentaires sont lus. Il commence et il prolonge. Il y a la vidéo, les sources qui accompagnent et ensuite les commentaires et les échanges et c’est l’ensemble de ces trois éléments qui crée l’objet Datagueule. »
En effet, si chaque sujet de Datagueule commence avec des données, se poursuit par une analyse et nous questionne au final sur nos propres convictions et notre approche du réel, sa valeur ajoutée consiste dans sa capacité réelle à engager le dialogue et permettre aux différents spectateurs de participer et contribuer.
Pour Julien Goetz :
« Nous avons des fact-checks sur les données et notre démarche de mettre les données en ligne part de cela, c’est-à-dire : « Allons-y, questionnons ! ». Nous sommes ouverts à la critique, nous n’avons aucun problème avec ça et pour une raison très simple : on est les premiers à penser que rien n’est objectif et surtout pas les données.
C’est un point essentiel et c’est un glissement assez terrible qui est en train d’exister aujourd’hui qui est de se dire : la nouvelle vérité, ce sont les données. Ce qui est une absurdité totale. Les données sont subjectives, car elles doivent être contextualisées, elles ont un contexte d’émission, un contexte de création, et quand quelqu’un se sert de ce contexte de données pour raconter quelque chose, ça rajoute un prisme de lecture. Ce n’est pas pour autant qu’il y a manipulation, il faut bien dissocier les choses. »
#Datagueule, des débuts à maintenant
Inspiré à l’origine d’un concept australien Hungry Beast, Datagueule, grâce à la liberté octroyée par la chaîne France 4 et les Nouvelles Ecritures, a poussé bien plus loin le mordant et le percutant.
Depuis son lancement en il y a six ans, Datagueule a aussi évolué dans sa structure. Au départ, les épisodes duraient environ 3 minutes. En 2017, une campagne de crowdfunding a été lancée pour soutenir un projet de documentaire sur la Démocratie. Quoi de plus naturel qu'un financement collectif et citoyen pour questionner la politique participative ? Pour que ce film, qui décrypte les pentes parfois glissantes de la démocratie, voie le jour, 7.819 personnes ont aidé à réunir plus de 240.000 euros pour financer le montage.
« Démocratie(s) ? » est le second long métrage de l’équipe après « 2°C avant la fin du monde » qui interrogeait notre rapport au changement climatique.
Le long métrage et dix courts épisodes de #Datagueule sont disponibles sur la chaîne YouTube.
Pourquoi un tel programme à France Télévisions ?
France Télévisions, au travers de ce programme, a permis d’informer autrement en donnant à chaque spectateur la possibilité d’interagir, via essentiellement la chaîne Youtube #Datagueule, et d’échanger avec l’équipe, par une lecture en toute liberté et sans censure.
Dans le cadre de sa mission de service public, il a semblé important pour France Télévisions de permettre une autre approche de l'information que celle apportée traditionnellement sur le petit écran. En permettant les échanges sur des sujets d'actualité avec ses spectateurs, elle a initié un autre rapport avec son public en lui donnant la parole et lui permettant un débat direct.
Il n’est pas question pour les créateurs du programme ou pour France Télévisions, d’imposer une vision ou de trouver LA vérité mais plutôt de partager des questionnements. Les débats ne sont pas stériles mais permettent à chacun d’avancer sur les sujets abordés. Dans le contexte actuel il est plus que jamais important d’interroger les chiffres et de décrypter la puissance des données.
Le futur de Datagueule devrait se réaliser à travers la nouvelle thématique des Utopie(s). France Télévisions continuera sa participation avec les co-producteurs Premières Lignes et StoryCircus.
#Datagueule en chiffres
- Plus de 545 000 abonnés sur Youtube
- 96 épisodes de#Datagueule
- Une série spéciale « 2°C avant la fin du monde » de 4 épisodes
- Démocratie(s) : un film, 9 vidéos, un teaser, un crowdwfounding, des lectures : Francis Dupuis-Deri, Antonio Gramsci, Jacques Rancière, Alain et pour finir deux lives
- Les « Invisibles »