L'AR sur les plateaux, une technologie contraignante
La réalité augmentée est devenue un outil usuel des grands plateaux de télévision. En décor ou en séquence explicative spécifique, les objets de synthèse, souvent en 3D, s’intègrent en direct au plateau réel pour un format artistique et éditorial efficace et attrayant. France Télévisions était précurseur en la matière et continue à proposer de nouveaux formats innovants tirant pleinement parti de ces technologies de l’image.
Mais ces formats nécessitent un matériel de haute technicité et un environnement très protégé, car le recours à la réalité augmentée ne souffre pas le moindre aléa technique ou éditorial, qui mettrait immédiatement en péril la crédibilité des séquences et la légitimité de recourir à cette technologie. Les conditions de lumière, la conformation du terrain et du décor, le transport et l’installation des matériels de haute précision, sans parler de leur coût propre … les contraintes de mise en œuvre de la réalité augmentée hors des studios sont nombreuses. C’est pour cela que les expériences en extérieur sont extrêmement périlleuses, donc onéreuses, donc rares, voire inexistantes.
Démonstration en vidéo de la techno France tv
Sur le terrain comme dans un studio
France Télévisions avait réalisé une des toutes premières expériences de réalité augmentée en extérieur sur la plage d’Utah Beach pour les 70 ans du débarquement.
Depuis, les multiples projets éditoriaux se sont heurtés aux contraintes évoqués plus haut. Aujourd’hui, le MediaLab de l’Information a donc voulu proposer une solution alternative en se fixant un cahier des charges simple :
=> Créer un dispositif de réalité augmentée ultra mobile, utilisable à un coût très faible, avec une simplicité de déploiement et d’utilisation maximale, une qualité et des fonctionnalités équivalentes aux technologies actuellement utilisées en studio, voire des capacités inédites si possible.
Le dispositif, entièrement développé en interne, s’appuie sur des matériels grands publics, accessibles par tous à des prix de plus en plus bas. Le système utilise le kit de réalité virtuelle Vive de HTC. A travers ses capteurs infrarouges, le dispositif analyse dans l’espace la position précise de la caméra et son angle de vue grâce à un tracker fixé à son sommet. Les informations sont coordonnées avec le casque de réalité virtuelle qui applique exactement les mêmes mouvements sur l’objet virtuel.
L’interface informatique peut alors réunir en direct l’image réelle et l’image de synthèse, dans un même espace clairement identifié, pour une séquence de réalité augmentée en haute définition. C’est ce dispositif qui a été mis en œuvre durant l’émission spéciale du 14 juillet, où Nicolas Châteauneuf, journaliste spécialiste des images virtuelles en direct, a pu réaliser ses séquences explicatives comme s’il était dans son studio habituel ultra équipé.
Le dispositif
Une technologie « Made In France tv »
Il y a quelques mois, à l’origine de notre réflexion, nous avons eu l’intuition que les dispositifs de réalité augmentée déjà commercialisés pouvaient proposer les bases (à l’évolution ultra rapide) d’un format technologique broadcast. Lorsque Microsoft nous a présenté son système « spectator view », permettant de filmer les objets de synthèse générés par les lunettes Hololens, nous avons senti que la technologie tant espérée était désormais à portée de main, et nous avons lancé un projet test.
Le résultat nous a beaucoup enthousiasmé, malgré quelques limitations, notamment sur la complexité de filmer en mouvement et des contraintes de mise en œuvre. Nous avons donc poursuivi notre propre réflexion. En particulier Jean-Paul Chevreux, l’ingénieur en charge du projet au sein de la Direction de l’Innovation Numérique. Il a astucieusement adapté la logique des premiers essais au kit de réalité virtuelle HTC Vive et développé sa propre technologie, inédite et exclusive, naturellement et affectueusement baptisée « JP Tech » en son honneur.
Une expérience plus riche
Les développements de Jean-Paul ont apporté plusieurs avancées majeures : d’abord rendre mobile la caméra de prise de vues réelles, avec tous les systèmes complexes de contrôle de l’image que cela implique. Mais aussi, fonctionnalité sans précédent, rendre interactifs les objets de synthèse. Car, au-delà d’une première utilisation déjà très ambitieuse et réussie lors de l’émission du 14 juillet, la solution développée permet également d’agir en direct sur la taille et l’orientation des objets virtuels, de pointer au laser dans l’espace des détails précis des objets numériques… en attendant d’autres surprises qui feront bientôt leur apparition sur nos antennes.
Il y a donc aujourd’hui une fierté particulière du MediaLab de l’Information et de l’Innovation Numérique à offrir aux publics de France Télévisions cette nouvelle technologie née de notre intuition et de nos ressources créatives internes. L’accueil enthousiaste réservé à cette innovation conforte la volonté de France Télévisions d’apporter une expérience plus riche à un nombre croissant de programmes, une capacité accrue de décryptage et d’analyse, pour une information toujours plus innovante, pertinente… et utile.
Le "back-office"
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