« Je peux compter sur mes gars ah ah ah / y a trop de galère en bas ah ah ah » : le flow de Favé semble avoir été écrit tout exprès pour Lucas, Doudou, Marius et ses gars. La galère, ça les connaît. L’amitié et la solidarité aussi. Membres de l’équipe de rugby des moins de 18 ans de Massy, ils se connaissent depuis que, enfants, ils ont touché leur premier ballon ovale. Comment ne pas craquer pour cette équipe d’ados, de tous milieux et de toutes origines ? Ça parle essais et drop, ça refait indéfiniment le match dans les vestiaires, mais surtout ça s’entraide, ça s’épaule (et pas seulement pendant les mêlées). Bande de potes devenus frangins, amis d’enfance devenus frères de terrain, ils ont le sens du collectif contagieux, une maturité rayonnante et une joie de vivre à toute épreuve – de quoi atomiser tous les clichés sur la banlieue grise, mortifère et violente.
C’est des gens avec qui tu as grandi. Limite, tu les vois autant que ta propre famille. Mais on sait qu’il y a une date limite, quoi...
Doudou - « Made in Massy »
Mais… il y a un « mais » à ce tableau idyllique : « On sait qu’il y a une date limite », commente, laconique, déjà nostalgique, Doudou. À la fin de la saison, après le bac, après les championnats, certains intégreront un club professionnel, d’autres non. Fin du match, fin de l’année, fin du game : tout en profitant des derniers moments en commun, chacun se prépare peu à peu à devoir suivre son propre destin, loin de la bande, loin de la parenthèse enchantée de l’adolescence et des souvenirs de toute une vie.
Pendant un an, les caméras de Lucie Plumet ont suivi et interviewé Lucas, Doudou, Marius et les autres, à la fois sur le terrain et en dehors, pour raconter, au plus près de leurs ressentis, cette saison pas comme les autres. Entre défaites et exploits, espoir et déception, Made in Massy réussit, en cinq épisodes de trente minutes, à capter ce moment de transition – délicat, exaltant – vers les choix de vie « adulte », vers l’émancipation. Un documentaire lumineux.
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