Rencontre : Nicky Doll

Interview exclusive de Nicky Doll !

À l’occasion de la série documentaire « Les voyages de Nicky » sur France 5, nous avons interviewé son héros : Nicky Doll. Dans cette série captivante, la célèbre drag queen nous fait voyager à travers le monde à la rencontre de personnes de la communauté LGBTQIA+ afin d’explorer les différentes approches et perceptions de la question du genre selon les pays, les cultures et les traditions. Une interview pimentée, tolérante et 100 % intime !

Rencontre : Nicky Doll

 

Les Fans de Culture : De quel désir est née cette série documentaire ?
Nicky Doll :
Je voulais montrer — sans pour autant, moi, prendre la parole, mais plutôt pour une fois passer le micro à autrui — que les Français pouvaient se nourrir de la réalité des autres dans leur propre pays. Le statut d’une femme trans en Inde n’est pas du tout le même qu’en Syrie. Il y a des concepts culturels, religieux qui sont très différents en fonction des pays. Et j’avais aussi envie d’apprendre. Honnêtement, j’adorerais pouvoir dire que j’ai fait ce projet uniquement pour les Français et pour le... Non, je l’ai fait aussi pour moi. J’ai adoré le faire. J’ai adoré voyager, j’ai adoré découvrir des membres de ma communauté dans un autre pays, dans une autre langue.

Quels sont les défis dans la réalisation dune telle série ?
N. D. : 
On n’avait pas de support sur lequel on pouvait se baser. On a dû vraiment tenter plein de choses, afin de pouvoir créer notre propre concept, afin d’avoir une dynamique qui fonctionne. Et ça a été très stressant parce qu’on y a tous mis du nôtre. On a parfois atteint nos limites pour pouvoir comprendre comment le projet pouvait exister. Parfois, on avait besoin d’un traducteur pour chaque petit mot. Mais, malgré la barrière de la langue, je me voyais tellement en la personne et vice versa, et c’est ça qui prouve qu’on est vraiment une communauté, on est vraiment une famille, et on est liés autant par le rire que par le drag, mais aussi par les traumatismes de vie qui sont de faire un coming out, de se sentir marginalisé·e·s, et caetera. Et c’était très enrichissant.

Quel impact aurait eu sur toi une telle série documentaire étant jeune ?
N. D. :
 Ça aurait tout changé. Je fais partie des gens qui ne regrettent pas du tout leur passé. Je pense que je ne serais pas qui je suis si je n’avais pas appris des choses que j’ai dû vivre dans ma vie. Je n’ai que 32 ans, mais j’ai quand même pas mal de kilométrage, et le fait d’avoir un projet comme ça, qui va exister dans le temps et qui va toucher tous les foyers de France, c’est un savoir qui va se transmettre de bouche à oreille, dans les repas de famille, et qui va peut-être provoquer des débats et qui vont peut-être faire changer des mentalités, comme Drag Race France a pu le faire. Et si c’est ma contribution à un monde meilleur, je suis ravi de pouvoir voyager à l’international pour le faire. Il y a pire quand même.

Quespérez-vous communiquer aux téléspectateurs ?
N. D. :
 J’espère déjà que les gens ne vont pas se dire que c’est un programme communautaire, parce que ça n’en est pas un. C'est un programme qui va certes partager le vécu de personnes queer et l'art du drag. Je regarde des émissions de pâtisserie, je regarde des émissions sur la coiffure. Je ne me dis pas que c’est communautaire. S’ils le regardent, si vous regardez cet épisode, vous, là, qui me regardez. Si vous regardez la série, regardez-la avec un esprit ouvert, et essayez de vous imprégner du vécu de toutes les personnes à qui j’ai pu parler et de kiffer, en fait, parce que c’est divertissant. Ce n’est pas si sérieux que ça non plus. C’est émouvant, c’est poétique, c’est drôle, c’est à regarder, c’est sur le service public.

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