Azzedine Alaïa, couturier collectionneur
Le Palais Galliera célèbre Azzedine Alaïa en lui consacrant son exposition d’ouverture. Une sélection de modèles iconiques retrace le parcours créatif unique du grand couturier franco-tunisien, également collectionneur passionné par l’histoire de sa propre discipline.
Quand je travaille le vêtement, il faut que ça tourne autour du corps, de profil et de dos
Azzedine Alaïa
Il a habillé Louise de Vilmorin, Arletty ou encore Greta Garbo. Azzedine Alaïa (1935-2017) a commencé à faire parler de lui en 1979, avec une première collection griffée mettant l’accent sur un cuir à la fois fragile et sensuel. Il utilise également le jersey et le stretch, matières qui rappellent l’école des beaux-arts de Tunis où il a étudié la sculpture. Peu à peu, il impose un style où les zips tracent leur chemin autour des robes, les œillets percent les manteaux, les piqûres soulignent le galbe des tailleurs… Utilisant des coutures complexes, Alaïa invente de nouvelles morphologies. Il est l’un des rares à maîtriser toutes les étapes de la réalisation d’un vêtement : tracer un patron, dessiner à même la toile les formes et les volumes qu’il a en tête, couper, coudre et dompter les tissus.
Cette première rétrospective parisienne est présentée dans les galeries rénovées du Palais Galliera, ainsi qu’au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Le premier lieu présente les robes d’exception d’Alaïa, exposées dans une scénographie confiée au designer Martin Szekely. Le second accueille lui aussi un choix de modèles d’exception conçus par le couturier, présentées dans une salle emblématique du musée, au cœur des collections permanentes : la salle Henri-Matisse. Les robes d’Alaïa prennent ainsi place aux côtés de deux compositions du peintre (La Danse ou Lutte des Nymphes, 1931, et La Danse inachevée, 1931-1933) et des Murs de peintures, 1995, de Daniel Buren. La juxtaposition de leurs pratiques artistiques met en avant leurs affinités créatives.
Alaïa collectionneur
Réunissant près de 140 pièces parmi les plus exceptionnelles, le parcours de l’exposition retrace également l’histoire de l’inestimable collection qu’Alaïa avait constituée dans le plus grand secret et qui n’a jamais été dévoilée de son vivant, en France comme à l’international. Car Alaïa était aussi un remarquable collectionneur, qui avait débuté sa collection en 1968. Il a ainsi réuni plus de 20 000 pièces témoins de l’art de ses prédécesseurs, depuis la naissance de la haute couture à la fin du XIXe siècle jusqu’à certains de ses contemporains. Sa collection compte des pièces issues de couturiers parmi les plus prestigieux : Worth, Jeanne Lanvin, Jean Patou, Balenciaga, Paul Poiret, Chanel, Madeleine Vionnet, Dior, mais aussi Jean Paul Gaultier, Comme des Garçons, Alexander McQueen, Thierry Mugler ou encore Yohji Yamamoto…
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