« Le Monde en face : Opération Trump – Les espions russes à la conquête de l’Amérique »

Les infiltrés : bons baisers des États-Unis !

France 5

Documentaire

À l’approche de l’élection de 2024, l’ingérence de la Russie dans la politique américaine – par le biais d’espions ou d’agents d’influence – est une réalité inquiétante. Ce documentaire d’investigation haletant, tourné comme un film d’espionnage, nous plonge au cœur des infiltrations soviétiques puis russes aux États-Unis, révélant les ambitions de Vladimir Poutine et sa soif de vengeance. À voir dans « Le Monde en face » dimanche 20 octobre à 21.05 sur France 5 et sur france.tv.

Je suis sûr que les Russes ont un dossier assez volumineux sur Donald Trump, avant, pendant et après sa présidence... Ont-ils quelque chose sur lui pour le faire chanter ou saper sa loyauté envers les États-Unis ?

John Brennan, directeur de la CIA (2013-2017)

C’est un véritable scénario de film d’espionnage qui commence à la fin de la guerre froide jusqu’à percuter la prochaine élection à la présidence des États-Unis. Des agents soviétiques infiltrés sur le sol américain qui tissent leur toile patiemment dans les milieux d’affaires et politiques, des agents d’influence qui agissent en sous-main dans les cercles conservateurs les plus proches du pouvoir… Et la cible ultime accédant enfin aux plus hautes fonctions du pays, prise au piège de ses compromissions du passé, et devenue proie et porte-parole idéal de l’ennemi russe. 

Autant d’ingrédients rassemblés pour construire ce récit mis en scène par le réalisateur Antoine Vitkine et en voix par Laurent Stocker de la Comédie-Française. L’histoire paraît folle mais toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement attendue et volontaire. À l’approche de l’élection de 2024, l’ingérence de la Russie dans la politique américaine – par le biais d’espions ou d’agents d’influence – est une réalité inquiétante. Vladimir Poutine compte sur la victoire de Donald Trump pour affaiblir le soutien à l’Ukraine.
Pourquoi Trump soutient-il quasi systématiquement le Russe ? Est-il tenu ? Pendant sa présidence, a-t-il trahi au profit du Kremlin ? Et pourquoi le Parti républicain a-t-il changé de position vis-à-vis de la Russie ?
Répondre à ces questions, c’est tenter de faire la lumière sur une labyrinthique opération d’espionnage et de manipulation. Toujours en cours, elle a débuté il y a quarante ans, dans les dernières années de la guerre froide. Trump n’était alors qu’un promoteur immobilier et Poutine un jeune agent du KGB. 

« Le Monde en face »
«  Opération Trump – Les espions russes à la conquête de l’Amérique ».
© Nilaya Productions

Cette opération comporte des zones d’ombre, mais certains détiennent des pièces du puzzle. Un ancien dirigeant du KGB, des « illégaux » infiltrés, un ancien conseiller de Trump, d’anciens hauts responsables de la CIA et du FBI, et un ancien procureur témoignent.

« Le KGB observait la société américaine depuis l’extérieur de l’aquarium et j’allais devenir un poisson. » « Jack Barsky » a 26 ans lorsqu’il est infiltré sous cette couverture aux États-Unis. Jeune recrue fraîchement émoulue de l’illustre Institut Andropov, « le joyau de la couronne du KGB », il se souvient : « Tout le monde voulait être un infiltré, c’était très romantique. Je peux comprendre pourquoi Poutine voulait devenir un infiltré comme moi…  Apparemment, il n’a pas été jugé assez qualifié. »
Le général Oleg Kalugin, légendaire dirigeant du renseignement extérieur du KGB (1974-1990), explique : « Les infiltrés étaient au cœur des opérations soviétiques… À l’époque, aux États-Unis, nous en avions une centaine. » Pour Jack Barsky, la mission est claire : « Ils m’ont demandé de devenir ami avec des personnes qui influencent la politique étrangère. »

Après l’infiltration des think tanks, vient celle des milieux d’affaires. En 1987, Donald Trump, en pleine effervescence immobilière, fait la cour aux investisseurs. « À cette époque, les oligarques russes ont commencé à chercher à diversifier leurs placements, compte tenu de l’instabilité de leur pays, raconte Kenneth McCallion, procureur adjoint de New York (1978-1992). Et Donald Trump avait besoin de cet argent. Ainsi dans la Trump Tower, environ un tiers des appartements a été vendu à des personnes liées au crime organisé russe. » À partir de ce moment, le futur président devient vulnérable. Pour Barsky, « Trump était une évidence, en plus c’était un coureur de jupons : une cible parfaite. »
Approché par la fille de l’ambassadeur soviétique aux États-Unis, il rêve de construire une Trump Tower à Moscou. Lors de son séjour en Russie, ses sorties nocturnes sont filmées et enregistrées par le KGB… Un mois après son retour, Trump achète des pages de publicité dans les principaux journaux. Serguei Jirnov, officier du KGB (1984-1990), raconte comment Trump, pour la première fois, s’en prend à l’Otan : « Selon lui, l’Amérique ne doit plus payer pour défendre les pays qui pourraient se défendre eux-mêmes… » 

Avec John Brennan, directeur de la CIA (2013-2017) ; Peter Strzok, directeur du contre-espionnage du FBI (2015-2018) ; général Oleg Kalugin, dirigeant du renseignement extérieur du KGB (1974-1990) ; « Jack Barsky », agent du KGB infiltré aux États-Unis ; Serguei Jirnov, officier du KGB (1984-1990) ; John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump (2018-2019) ; Edward Lozansky, ancien expert des affaires soviétiques ; John Lenczowski, conseiller de Ronald Reagan (1983-1987) ; Kenneth McCallion, procureur adjoint de New York (1978-1992) ; Michael Isikoff, journaliste d’investigation ; Robert Amsterdam, avocat

Yuri Bezmenov, ex-agent du KGB passé à l’Ouest, interviewé par G. Edward Griffin en 1984
« En réalité, le KGB opère par un processus lent que nous appelons subversion idéologique ou encore guerre psychologique. Il s’agit de changer la façon dont chaque Américain perçoit la réalité. L’exposition à des informations vérifiées n’importe plus. Une personne démoralisée est incapable d’évaluer les vraies informations. Les faits ne lui parlent plus… il s’agit d’un vaste processus de lavage de cerveau qui se produit lentement. »

Extraits

« Les ambitions et les idées de Poutine sont à bien des égards les mêmes que celles des Soviétiques, mais plus efficaces et plus modernes. Poutine est capable de tout, tout peut arriver. » Général Oleg Kalugin, dirigeant du renseignement extérieur du KGB (1974-1990)

« J’ai eu l’impression qu’il essayait de savoir comment nous savions, ça m’a vraiment inquiété car j’étais soucieux de protéger nos sources, techniques ou humaines… Je n’avais aucune confiance en Donald Trump. » John Brennan, directeur de la CIA (2013-2017)

« Personne au sein des services de renseignement n’était préparé à une telle opération russe… nous n’avions jamais vu ça de notre vie. » Peter Strzok, directeur du contre-espionnage du FBI (2015-2018)

« Si vous lui donnez une carte, il ne trouverait pas l’Ukraine, je vous le garantis ! Trump n’a pas inventé ça tout seul. » Peter Strzok

« Poutine a vu en Trump une proie facile et il a continué à monter Trump contre l’Ukraine. » John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump (2018-2019)

Le Monde en face
Opération Trump – Les espions russes à la conquête de l’Amérique

Le Monde en face
« Opération Trump – Les espions russes à la conquête de l’Amérique ».
© ZED

Ce documentaire d’investigation haletant, tourné comme un film d’espionnage, retrace comment des espions et agents d’influence au service de l’URSS puis de la Russie de Vladimir Poutine ont influencé Donald Trump et le Parti républicain, de la fin de la guerre froide à nos jours.

Présentation Mélanie Taravant
Documentaire (95 min – 2024 – inédit) – Écrit et réalisé par Antoine Vitkine – Raconté par Laurent Stocker, de la Comédie-Française – Production Nilaya Productions, avec la participation de France Télévisions et Histoire TV

Opération Trump – Les espions russes à la conquête de l’Amérique sera diffusé dans Le Monde en face dimanche 20 octobre à 21.05 sur France 5
À voir et à revoir sur france.tv 

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