Une enfance plombée
Pour sa troisième saison inédite, « Vert de rage » s’est intéressé aux pollutions liées au plomb, au pétrole et aux produits chimiques, dont les conséquences s’avèrent néfastes pour notre environnement et notre organisme. Le premier volet intitulé « Les Enfants du plomb »est à découvrir lundi à 21.00 sur France 5.
Ici, les enfants jouent avec la terre. Ils jouent avec la boue sur le sol, avec le ballon, avec tout. Ils se contaminent un peu plus à chaque fois [...]. Je vois ces enfants qui ne peuvent pas protester, qui ne peuvent pas dire haut et fort : « Je suis contaminé au plomb. » Je suis malade à cause de ça.
Dora, une mère de famille péruvienne
Ils sont supposés avoir la vie devant eux, représenter notre futur. Pour l’heure, ils apparaissent comme une jeunesse sacrifiée. Ces enfants ne subissent pourtant ni dictature ni guerre. Leur seul tort est d’habiter, avec leur famille, à proximité d’une mine de plomb, au Pérou, et d’un ancien site de raffinerie de métaux, en France. Jour après jour, ils font face à une intoxication sournoise qui s’immisce jusque dans les aires de jeu, leurs cours d’école, les stades et les potagers, pour ne citer que ces exemples.
N’espérez pas qu’en résidant loin de ces sites vous ne soyez pas concernés par les pollutions environnantes. Trop de polluants nous entourent pour se croire aujourd’hui à l’abri (et la suite de cette nouvelle saison de Vert de rage vous le prouvera). Mais revenons sur ce que l’étude menée à Cerro de Pasco et à Évin-Malmaison, par Martin Boudot et des experts internationaux, a révélé. Les taux de plomb dépassent les seuils autorisés et, comme il fallait le craindre, des enfants péruviens sont atteints de saturnisme, présentent des difficultés d’apprentissage ou des quotients intellectuels bas. En France, suite aux analyses réalisées et rendues publiques par l’équipe de Vert de rage, l’ARS a mené cet été un nouveau dépistage dont le bilan provisoire fait état de sept enfants atteints de saturnisme parmiles « 889 enfants d’Évin-Malmaison, Noyelles-Godault, Courcelles-les-Lens, Dourges et Leforest [a y avoir] participé, soit 11,7 % de la population ciblée » (source : La Voix du Nord). Tous les enfants contaminés des deux côtés de l’océan devront être suivis, si ce n’était pas déjà le cas, et soignés pour atténuer au maximum l’effet pervers du plomb sur leur corps et leur cerveau. Mais, pour quelques enfants, il est déjà trop tard. « Trop tard », deux mots difficilement entendables et recevables par leurs familles et les citoyens que nous sommes. Vient alors une question : pourquoi rien n’a-t-il été fait pour les protéger durablement ? Parce que depuis toujours la vie des hommes vaut moins que les richesses extraites des sous-sols terrestres. Seulement, à force de jouer aux alchimistes avec la nature, nous avons construit cet environnement toxique qui ne touche plus seulement une minorité d’individus mais toute la population. Espérons que, dans le cas présent, les entreprises mises en cause par cette enquête sauront être à la hauteur du défi qui les attend pour offrir aux plus jeunes la vie dont tout enfant est en droit de rêver.
Depuis 1968, autour de Metaleurop, dans une zone qui regroupe près de 20 000 habitants, 5 815 enfants auraient été atteints de saturnisme.
Martin Boudot
Saturnisme
« Intoxication par le plomb faisant toujours suite à une exposition prolongée, professionnelle (peintres, zingueurs, imprimeurs de l’ancien temps) ou non (adduction d’eau pauvre en carbonates par tuyaux de plomb, écaillage de vieilles peintures au plomb, habitat en zone industrielle polluée, alimentation).
Dans l’intoxication chronique, la seule rencontrée actuellement, on peut noter, isolés ou associés, des troubles digestifs douloureux (les “coliques de plomb”), des troubles neurologiques (encéphalopathie grave et quelquefois mortelle chez l’enfant, polynévrite chez l’adulte) et une anémie souvent modérée. L’examen peut déceler un liséré grisâtre situé à la jonction gingivo-dentaire, mais la confirmation de l’intoxication ne peut se faire que par des examens biologiques : excrétion urinaire anormalement élevée de coproporphyrine III ; dosage de la plombémie et de la plomburie. Les enfants constituent la population la plus vulnérable. »
Source : Encyclopédie Universalis
Vert de rage : Les Enfants du plomb
Depuis la mine de plomb de Cerro de Pasco au Pérou, Martin Boudot et son équipe remontent la trace du plomb qui pollue toujours en France, notamment dans le Nord. Dans le Pas-de-Calais, comme à Cerro de Pasco, ce métal contamine les sols, les rivières, l’alimentation et les riverains. Pourtant interdit dans de nombreuses substances comme les carburants, les peintures ou encore dans la fabrication de canalisations, le plomb est toujours utilisé dans le bâtiment, l’armement, la joaillerie ou encore dans les batteries.
Avec des scientifiques de plusieurs pays, Martin Boudot met en place une étude inédite pour mesurer la contamination du plomb dans l’environnement et ses conséquences sur le quotient intellectuel des enfants. Une centaine d’analyses dont les résultats ont été repris par trente-quatre médias avec un impact considérable en France et au Pérou.
Série documentaire (3 x 52 min - inédit) – Auteur et réalisateur Martin Boudot –Compositeur The French Kids – Musiques additionnelles Cézame – Production Premières Lignes, avec la participation de France Télévisions et du Centre national du cinéma et de l’image animée
Ce documentaire est diffusé lundi 3 octobre à 21.00 sur France 5
Vert de rage : Les Enfants du plomb est à voir et revoir sur france.tv
Bonus vidéo. Scandales environnementaux : journalistes et scientifiques, une collaboration possible ?