« Sur le front – Gaspillage alimentaire : qui est vraiment responsable ? »

Nos poubelles regorgent d'aliments non consommés

France 5

Info & société

C'est une aberration mondiale aux conséquences multiples et désastreuses. Un gâchis, purement alimentaire, dont nous devrions avoir honte. En France, Hugo Clément a mené l'enquête pour mesurer les conséquences de ce gaspillage, et le résultat de ses investigations est à découvrir lundi 10 juin à 21.05 sur France 5.

« Sur le front – Gaspillage alimentaire : qui est vraiment responsable ? ». © Winter Productions

Les ménages de tous les continents ont gaspillé plus d'un milliard de repas par jour en 2022, alors que 783 millions de personnes étaient touchées par la faim et qu'un tiers de l'humanité était confrontée à l'insécurité alimentaire. Le gaspillage alimentaire continue à nuire à l'économie mondiale et à alimenter le changement climatique et la pollution, ainsi que la dégradation de la nature.

Extrait du communiqué de presse « Rapport de l'ONU sur l'indice de gaspillage alimentaire » (Nairobi, 27 mars 2024)

Entre désillusion et espoir, voilà à quoi ressemble ce nouvel inédit de Sur le front. Alors qu'une partie de la population mondiale souffre de malnutrition, de la famine ou n'est tout simplement pas en capacité financière de se nourrir régulièrement, nos poubelles débordent de nourriture non consommée. On pourrait se dire qu'en France nous avons su mettre en place des politiques pour inciter citoyens et entreprises à limiter drastiquement ce gâchis, mais à la lecture de l'enquête menée par Hugo Clément et son équipe, on réalise qu'on est encore loin du compte. Oui, des efforts ont été faits, mais s'en contenter serait plus que jamais malvenu. Parmi les exemples fournis par Sur le front, prenons celui de la salade. Saviez-vous que 57 % des salades cultivées ne seront jamais mangées ? En cause le calibrage, les feuilles abîmées et retirées (avant la mise en vente), les salades flétries en magasin, les feuilles servant à la présentation des plats chauds (devenues peu appétissantes après ce coup de chaud) et celles que nous oublions de cuisiner, une fois achetées. « Il ne s'agit là que de salade », penseront certains d'entre vous. Imaginez alors ce qu'il advient des autres légumes ou fruits impropres à la vente (car légèrement abîmés, tachés ou dont le calibrage ne correspond pas à ceux dictés par l'industrie agroalimentaire), pensez-vous qu'ils auront une chance de finir tous ou presque dans une assiette ? Il faudrait être sacrément naïf pour le croire. Et là ne s'arrêtent pas les aberrations auxquelles vous serez confronté. Il suffit d'une erreur de pesée ou d'étiquetage pour voir des lots entiers partir à la poubelle. Des lots de nourriture propre à la consommation mais qu'on préfère détruire plutôt que de les donner ou de les vendre à prix cassés. Imaginez des animaux venus au monde pour nourrir des humains finir en détritus. Sans oublier que, derrière chaque invendu jeté dans une poubelle, il y a un cultivateur, un agriculteur, un éleveur, un pêcheur qui donne sans compter (rappelez-vous les événements de ce début d'année) et dont le labeur n'a servi finalement qu'à nourrir une poubelle ou, au mieux, un méthaniseur. Sans parler de celles et ceux qui mettent la main à la pâte pour préparer, transformer ou cuisiner ces produits.
Depuis la sortie de la crise sanitaire, l'inflation a gangréné nos dépenses, à commencer par celles allouées à l'alimentaire. Si l'on se fie à l'Observatoire des inégalités, « la France compte 5,3 millions de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian et 9,1 millions si l’on utilise le seuil de 60 %, selon les données provisoires 2021 (dernière année disponible) de l’Insee ». Sans attendre cette hausse, inquiétante, de la pauvreté en France, certains ont choisi de récupérer une partie de ces produits inadaptés pour les proposer à prix réduits à des cantines, des associations ou dans des boutiques spécialisées. D'autres privilégient le circuit court, revoient leurs modes de consommation. À leur échelle, ils agissent. Sachons leur emboîter le pas.

C'est la preuve qu'il y a encore un chemin à parcourir qui est énorme, parce que si, nous, on retrouve autant de choses dans les poubelles des supermarchés, ça veut dire que toutes ces choses auraient pu finir dans ces frigos (en faisant référence à une épicerie sociale découverte un peu plus tôt dans l'enquête) et finir dans les mains des personnes qui en ont le plus besoin.

Julien (des Gars'pilleurs)

Séquences exceptionnelles

Boulangeries : gabegie dans le fournil
Une boulangerie accepte de nous montrer une pratique très courante dans le milieu : du pain est cuit à 19 heures alors que la boulangerie ferme à 20 heures. Conséquence, tout le surplus est jeté. C’est plus rentable pour eux de présenter des rayons bien remplis (et de jeter) que de calculer au plus juste et de rater quelques ventes. Vous découvrirez ce qui se passe à partir de 20 heures.

Week-end pluvieux… poubelles des supermarchés qui débordent !
Un journaliste de l’équipe s’est infiltré dans un supermarché pour filmer une pratique très répandue : en prévision des week-ends de barbecue, les boucheries découpent énormément de viande à l’avance, mais quand la météo n’est pas au rendez-vous, tout part à la poubelle, le lundi matin… Devant nous : 1 300 euros de viande à griller qui sont détruites.

Les méthaniseurs géants de l’agro-industrie engloutissent des denrées comestibles
L’industrie des plats cuisinés jette 1 720 000 tonnes d’aliments chaque année. Ils ne sont plus brûlés mais envoyés dans des méthaniseurs pour fabriquer du gaz. Un lanceur d’alerte a réussi à filmer à l’intérieur et nous a montré cet immense gâchis. À la moindre difficulté sur une chaîne de fabrication, l’ensemble de la production part à la méthanisation, alors qu’elle pourrait être ré-emballée pour être consommée.

Le scandale du marketing saisonnier
Nous avons trouvé dans les poubelles d’un supermarché 50 boîtes de sushis en forme de cœur, le lendemain de la Saint-Valentin. C’est ce qu’on appelle « le marketing saisonnier », une technique de vente où l’on adapte le packaging en fonction d’un événement, comme la bière de Noël par exemple. Le lendemain de l’événement, tout part à la poubelle.

Anti-gaspi : l’association caritative qui vient se servir directement dans les champs
Des bénévoles viennent récupérer directement dans les champs les produits qui ne seront pas récoltés. Nous les avons suivis sur une exploitation de poireaux : bien qu'ils soient parfaitement comestibles (et même très bons), ils ne seront jamais vendus car ils ne correspondent pas aux standards. L'agriculteur offre sa récolte – qui de toute façon aurait été perdue –, et l’association Solaal leur offre une seconde chance en les distribuant. 

Partout en France, des associations se démènent pour récupérer ces rebuts et les transformer, pour leur donner une nouvelle vie. Nous avons suivi celles et ceux qui veulent changer le système pour faire évoluer la législation et modifier les cahiers des charges, pour que chaque aliment produit, qui a demandé des ressources et du temps de travail, soit mangé.

Hugo Clément, extrait de son édito

 

Sur le front – Gaspillage alimentaire : qui est vraiment responsable ?

Plongée dans les gigantesques méthaniseurs qui engloutissent des centaines de milliers de tonnes de plats industriels cuisinés… Et dans les coulisses peu reluisantes de la grande distribution, qui utilise encore beaucoup de pratiques qui poussent au gaspillage alimentaire. C’est choquant, c’est polluant, et à la fin, c’est le consommateur qui paye.

Magazine (55 min – Inédit) – Création Régis Lamanna-Rodat et Hugo Clément – Présentation Hugo Clément – Rédaction en chef Pierre Grange – Réalisation Allan Henry – Compositeur du générique Studio31DB – Compositeur du film Worakls – Production Winter Productions – Coproduction France Télévisions 

Ce magazine est diffusé lundi 10 juin à 21.05 sur France 5
Sur le front – Gaspillage alimentaire : qui est vraiment responsable ? est à voir et revoir sur france.tv