« Pas de clim pour le climat – Comment avoir moins chaud en ville »

On ne cesse de nous le répéter, le changement climatique impose de revoir durablement nos modes de vie. En particulier face aux canicules. Celle de 2003 a marqué nos esprits. À l'époque, deux semaines suffocantes avaient engendré une surmortalité dépassant les 14 000 morts en France. Un événement dramatique, jugé alors exceptionnel. Hélas ! de tels épisodes sont voués à se répéter plus régulièrement et plus intensément. Selon un rapport du Centre climatique de la Croix-Rouge internationale, publié fin mai, le changement climatique a causé en moyenne 26 jours de chaleur extrême supplémentaires à travers le monde au cours des douze derniers mois (entre le 15 mai 2023 et le 15 mai 2024). En ce premier semestre 2024, à l'image de l'Inde qui connaît actuellement sa plus longue vague de chaleur jamais enregistrée, plusieurs régions du monde ont été impactées par ces chaleurs extrêmes aux conséquences dramatiques (pour les humains, les cultures et plus généralement, la faune et la flore). 

Avoir moins chaud chez soi

Pour supporter ces fortes températures, il existe le traditionnel ventilateur. Jugé insuffisant par certains, qui lui préfèrent la clim, il est pourtant moins impactant sur notre environnement. Comme le rappelle Brice Tréméac, « faire de la climatisation, ce n'est que faire du déplacement de chaleur. Donc, si vous prélevez de la chaleur d'un bâtiment, vous allez la rejeter ailleurs. » À savoir, dans votre rue ou votre quartier. Bref, cette chaleur incommodante le reste une fois propulsée hors de vos murs.
Alors, que faire pour se prémunir de la chaleur sans aggraver la situation lorsqu'on n'a pas les moyens d'entreprendre des travaux conséquents dans son logement ? Parmi les solutions évoquées dans le documentaire de Maud Richard, l'installation de stores vénitiens (en l'absence de volets), l'isolation des combles, le revêtement des toitures en acier (à l'aide de mousse ou de peinture anti-chaleur colorée, cette option étant la moins naturelle), sans oublier ces fameuses astuces de grand-mère qu'on a tous un jour ou l'autre utilisées. À savoir, calfeutrer son intérieur lorsque le soleil domine et ouvrir les fenêtres pour laisser entrer l'air dès qu'il s'en est allé, s'habiller légèrement, disposer des linges humides (type draps) devant ses fenêtres ouvertes pour importer de l'air frais. Bien évidemment, ces solutions ne sauraient compenser sur le long terme un aménagement approprié pour surmonter ces périodes caniculaires.
L'autre point noir, et pas des moindres, se situe à l'extérieur de nos habitations. Pour peu que vous viviez en ville, vous avez tous été confronté à cette chaleur suffocante lorsqu'aucun puit de fraîcheur ne s'offrait à vous. « Ici, à Nantes, explique Benjamin Morille, quand on a plusieurs jours ensoleillés consécutifs, on atteint six, sept degrés d'écart entre la ville et la campagne. C'est une différence de température qu'on constate essentiellement la nuit. » Pourtant, il suffit de réimplanter des sas verdoyants, composés d'arbres, d'arbustes et de plantes pour voir la température baisser de quelques degrés. Une végétalisation qui s'exporte jusque sur les toits plats, les terrasses (des substrats plus légers que le terreau ou la terre végétale sont alors privilégiés) et même les balcons. L'ère du tout béton ou du tout bitume est révolu, vive ces espaces verts et ces halos de fraîcheur dont nous avons tant besoin ! 

Il y avait plus d'une quinzaine de voitures qui étaient garées là [en désignant un espace revégétalisé], et surtout, c'était un parking sauvage. On a travaillé avec les architectes des bâtiments de France pour débitumer et remettre, par contre, des pavés historiques, qui permettent l'infiltration des eaux de pluies, qui après vont ruisseler sur les massifs. Là, on n'arrose pas, c'est un parti pris. Moins on va les arroser, plus on va leur faire comprendre qu'il y a de moins en moins d'eau et plus on va avoir des plantes qui sont robustes, qui vont tenir. Et qui vont être résilientes, finalement.

Gautier Chapuis, adjoint au maire de Lyon, en charge de la végétalisation, de la biodiversité, de la condition animale et de l’alimentation, à propos d'un espace végétalisé dans le premier arrondissement

Crises climatiques en série : la population française sous pression (extrait)

« Alors que l’année 2023 a été la plus chaude dans le monde, en France, nous avons vécu quatre périodes de canicule se succédant de début juillet à mi-septembre, 42 jours qui ont affecté les trois quarts de la population hexagonale. Avant 1989, la France connaissait moins de 2 jours de canicule par an en moyenne. Après l’an 2000, la moyenne est passée à 8 jours, et sur la dernière décennie à une dizaine de jours. L’été dernier, Santé publique France a recensé une surmortalité de 5 000 personnes, et 20 000 recours aux soins d’urgence, soit deux fois plus que d’habitude. » 
Source : Croix-Rouge

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