Un temps d’échange et de partage

Je crois que c’est bien d’avoir peur de mourir parce que, du coup, on essaie de donner toute sa valeur à chaque instant qui passe. Par exemple, aujourd’hui, on est tous ensemble, entre amis. C’est quelque chose qui vous nourrit, qui vous inspire, qui vaut la peine d’être vécu. Donc si on donne sa valeur à tout instant, eh bien, la mort sera le point culminant d’une belle vie.

Matthieu Ricard

Fils de la peintre française Yahne Le Toumelin et du philosophe, essayiste, journaliste et académicien Jean-François Revel, Matthieu Ricard a obtenu un doctorat en génétique cellulaire à l’Institut Pasteur avant de partir s’installer dans l’Himalaya et d’y devenir moine bouddhiste en 1979 (il est l’interprète en français du dalaï-lama depuis 1989). Photographe, conférencier, il a aussi rédigé différents ouvrages, dont Le Moine et le Philosophe (cosigné par son père). Il a choisi de reverser l’intégralité de ses droits d’auteur et des bénéfices de ses activités à des projets humanitaires puis à sa fondation, Karuna-Shechen, qu’il a créée en 2000. Une ONG laïque et apolitique qui lutte contre la pauvreté. À l’occasion d’un passage en France, il a pris le temps de venir rencontrer les journalistes de la rédaction du Papotin. Lors de cet échange unique, il partage sa vision du monde, ses secrets pour une vie équilibrée, mais il a également pu répondre aux questions directes des journalistes sur son rapport à la modernité ou aux femmes.

Claire : Honorable moine, par rapport au dalaï-lama, est-ce que la femme est l’égale de l’homme ?
Matthieu Ricard : Tous les êtres humains ont comme une pépite d’or au fond d’eux-mêmes. Tous les êtres sensibles, même les animaux. Donc cette pépite d’or, elle est immuable. C’est notre bonté originelle. Donc c’est évidemment la même chez les hommes, chez les femmes. Ce serait inconcevable que ce soit différent.
Claire : D’accord, et quoi d’autres ?
Matthieu Ricard : On dit que la femme symbolise la sagesse dans le bouddhisme. Même un moine quand il rencontre une femme, mentalement, il doit s’incliner, lui rendre hommage, parce qu’elle symbolise la sagesse.

De l’écrit à l’écran

Le Papotin est un journal créé en 1990 par Driss El Kesri, éducateur à l’hôpital de jour d’Antony. Il compte aujourd’hui 53 journalistes atteints de troubles du spectre autistique. Tous les mercredis matin, ces journalistes atypiques se retrouvent pour une conférence de rédaction animée par Julien Bancilhon, rédacteur en chef de la publication et psychologue. Ils discutent des articles et interviews de personnalités qui composeront la prochaine édition du journal.
C’est en 2022 que Kiosco.TV et Quad+TEN, sur une idée originale d’Éric Toledano et Olivier Nakache, lancent sur France 2 le format télévisé inspiré du journal. Réalisé par Henri Poulain, ce magazine reprend l’ADN du journal Le Papotin, dont la rédaction (de 40 à 50 personnes) est composée de journalistes, non professionnels, porteurs de troubles du spectre autistique. Chaque mois, une personnalité singulière est interviewée sans filtre et sans animateur vedette. Les règles du jeu sont simples : on peut tout dire, et tout peut arriver au Papotin ! 

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