Hommage à Gisèle Halimi sur France tv
Féministe, militante anticolonialiste, avocate, auteure et ancienne députée, Gisèle Halimi a, entre autres, plaidé pour la criminalisation du viol. Pour rendre hommage à celle qui s'est éteinte le 28 juillet, France 3 rediffuse, ce lundi à partir de 21.00, la fiction « Le Viol », suivie du documentaire « Le Procès du viol ».
C'est l'histoire d'un procès pour viol dont la médiatisation et le jugement mirent fin à des siècles d'abus. Une affaire plaidée aux assises des Bouches-du-Rhône en 1978, dans laquelle l'avocate Gisèlle Halimi et ses consœurs Anne-Marie Krywin et Marie-Thérèse Cuvelier représentaient les victimes. Elle, qui se battait pour que le viol soit reconnu comme un crime et non plus comme un simple délit, obtint gain de cause. Par la suite, ses plaidoiries contre le viol furent utilisées par la sénatrice Brigitte Gros pour proposer une loi condamnant cet acte. Depuis son adoption le 23 décembre 1980, commettre un viol est passible de quinze ans de réclusion criminelle.
La fiction et le documentaire diffusés ce lundi 3 août reviennent sur ce fait divers tragique qui donna lieu au procès du siècle.
Je dis aux femmes trois choses : votre indépendance économique est la clé de votre libération. Ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations, qui attentent à votre dignité. Ne vous résignez jamais !
Gisèle Halimi, Le Monde (2019)
Le Viol
Elles sont jeunes, amoureuses et insouciantes. En cet été 1974, Nicole et Malia décident de quitter la Belgique où elles résident pour passer quelques jours de vacances dans le sud de la France. Décontractées, elles plantent leur tente sur une plage déserte sans faire attention à l’homme qui les observe du haut de la falaise. Accompagné de deux copains, ce dernier les réveille en pleine nuit, les tabasse et les viole durant plusieurs heures. Le lendemain, les deux filles, qui subissent encore l’humiliation d’un examen médical effectué devant un groupe d’étudiants, portent plainte. Rapidement identifiés, les agresseurs affirment que les deux jeunes femmes étaient consentantes et sont laissés en liberté. De retour en Belgique, Malia apprend, en même temps, qu’elle est enceinte – l’avortement est alors illégal – et que leurs trois violeurs ne sont inculpés que de coups et blessures. Le choc est rude. Malgré la pression de leur entourage, qui leur suggère d’« oublier », elles décident de se battre pour faire reconnaître le viol. Contactée par leur défense, Colette de Marguerye, l’avocate de la Ligue des droits des femmes, accepte de les aider et leur propose de faire de leur combat celui de toutes les femmes, en utilisant les médias. Un an plus tard, épuisées, Nicole et Malia demandent à une avocate féministe reconnue de leur prêter main forte. Maître Gisèle Halimi obtient que l’affaire soit jugée devant une cour d’assises et gagne, en 1978, quatre ans après les faits, « le procès du viol ».
Lundi 3 août à 21.00 sur France 3
Fiction (2017) – Réalisation Alain Tasma – Scénario Natalie Carter et Alain Tasma – D’après le livre Et le viol devint un crime, auteurs Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti (Vendémiaire Éditions) – Composition musicale Nicolas Errèra – Production EuropaCorp Television – Coproduction Fontana – Avec Clotilde Courau, Hippolyte Girardot, Bérangère McNeese, Camille Sansterre, Antoine Giet, Pierre Andrau, Stéphane Rideau, Baudoin Cristovéanu, Sam Karmann, Romane Bohringer, Yannick Choirat, Patrick Mille, Patrick Catalifo, Jean-Michel Balthazar, Valérie Lemaître.
Le Procès du viol
Avant les années 1970, le viol relève du tabou, et les rares auteurs conduits devant la justice sont peu ou pas condamnés. En 1974, l’agression sexuelle en réunion d’un couple de touristes belges dans une calanque de naturistes à Marseille va changer la donne. Violées et frappées pendant plusieurs heures, Anne Tonglet et Araceli Castellano, 24 et 19 ans, portent plainte. Trois hommes sont rapidement interpellés mais nient avoir eu recours à la contrainte. Ils sont accusés de simples coups et blessures et ne risquent qu’une faible peine. Outrées d’être suspectées de consentement, les deux jeunes femmes vont alors se lancer dans un long combat pour obtenir justice. Elles contactent maître Gisèle Halimi, devenue une star du barreau de Paris après la défense, en 1972, d’une adolescente poursuivie pour s’être fait avorter à la suite d’un viol. Soutenue par les mouvements féministes et de nombreuses personnalités, l’avocate réussit à ce que le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence se déclare incompétent pour juger les trois agresseurs. L’affaire est renvoyée devant la cour d’assises. Largement médiatisé, le procès qui s’ouvre le 2 mai 1978, quatre ans après les faits, se déroule sous haute tension. Défendus par un autre avocat devenu célèbre, maître Gilbert Collard, les prévenus Serge Petrilli, Guy Roger et Albert Mouglalis sont condamnés à des peines de prison de six ans pour le premier et de quatre pour les deux autres. Une première. « Le procès du viol », comme il a été appelé, a marqué un tournant dans la société française et conduit à la modification de la législation. Promulguée en décembre 1980, la loi spécifie désormais que « tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise constitue un viol (article 222.23 du Code pénal) ».
Lundi 3 août à 22.35 sur France 3
Documentaire (52 min - 2013) – Réalisation Cédric Condon – Scénario Jean-Yves Le Naour – Productions Kilaohm Productions – Avec la participation du CNC, de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, de la Procirep, Angoa-Agicoa.
Ce documentaire a reçu le prix du public au Festival international du film d’histoire de Pessac en 2013.
Gisèle Halimi a cosigné avec la journaliste Annick Cojean Une farouche liberté (Grasset). Initialement prévu pour septembre, ce recueil d'entretiens sera disponible dès le 19 août.