« Une maison, une artiste : Devenir Simone de Beauvoir à Meyrignac »

Dans l’intimité du « Castor »

France 5

Documentaire

En poussant les portes de la propriété familiale où, enfant, Simone de Beauvoir passait ses étés, ce nouveau numéro de la collection documentaire « Une maison, une artiste » raconte l’enfance et l’apprentissage de la liberté du « Castor », loin des clichés germanopratins et du bouillonnement de la capitale. Une plongée intime et émouvante au cœur d’une pensée toujours aussi vive et vivifiante. Dimanche 1er septembre à 22.45 sur France 5.

« Une maison, une artiste : Devenir Simone de Beauvoir à Meyrignac ». © Nathalie Plicot

Le Café de Flore, boulevard Saint-Germain, qu’elle fréquente avec Jean-Paul Sartre et transforme en épicentre de la vie artistique et intellectuelle parisienne d’après-guerre ; le lycée Victor-Duruy dans le VIIe arrondissement où, plus jeune agrégée de France, elle enseigne la philosophie dans les années 1930 ; ou encore l’appartement de la rue Victor-Schœlcher dans le XIVe qu’elle acquiert en 1955 et où est notamment rédigé le fameux « Manifeste des 343 » en 1971 : dans l’imaginaire collectif, la figure de Simone de Beauvoir autant que ses engagements pour l’indépendance, l’émancipation et la liberté des femmes sont indissociables de la rive gauche. Pourtant, avant Paris, par-delà Paris, en deçà, il y eut Meyrignac, dans le Limousin, où la « jeune fille rangée » passa tous ses étés jusqu’à ses 21 ans. 
Dans le vaste parc paysager créé par son grand-père Ernest, elle crapahutait dans les bois, inventait des jeux d’une maturité et d’une clairvoyance exceptionnelles, dévorait les livres de la bibliothèque et, surtout, découvrait le bonheur d’avoir une chambre à soi. Été après été, Simone y a affirmé sa soif d’indépendance et son envie d’écrire – soif incongrue pour une jeune fille des années 1920 –, noirci les pages de son premier roman et retrouvé, en cachette, son camarade de l’agrégation, un certain Jean-Paul Sartre…

J’habitais à Paris dans un décor planté par la main de l’homme et parfaitement domestiqué : rues, maisons, tramway, réverbères, ustensiles. Les choses plates comme des concepts se réduisent à leur fonction. Tout changeait lorsque je quittais la ville et que j’étais transportée parmi les bêtes et les plantes, dans la nature aux innombrables replis.

Simone de Beauvoir, « Mémoires d’une jeune fille rangée »

Depuis douze saisons, la collection Une maison, un(e) artiste dévoile ces lieux emblématiques, souvent mal connus, qui ont forgé l’identité, nourri l’imaginaire, déterminé le parcours des grands noms du monde des arts et de la culture. En poussant les portes de la vaste propriété familiale des Beauvoir, ce nouveau numéro permet de découvrir la philosophe en devenir, loin des clichés germanopratins et du bouillonnement de la capitale. Où comment la Parisienne, née en 1908 dans un milieu bourgeois et catholique conservateur, va devenir, au fil de ses étés limousins, une figure incontournable de la littérature, de l’anticonformisme et du féminisme. 
Mêlant habilement photos d’archives et images contemporaines, porté par la voix rocailleuse de la comédienne Anna Mouglalis (qui a incarné Simone de Beauvoir dans Les Amants du Flore, diffusé en 2006 sur France 2), le documentaire signé Nathalie Plicot nous fait pénétrer ainsi dans l’intimité de cette chambre couverte de papiers peints en toile de Jouy, meublée d’un lit et d’un simple bureau : la présence de la future prix Goncourt (pour l’indépassable Les Madarins en 1954),  goûtant à une solitude créatrice, y est encore palpable. « Dès que j’arrivais à Meyrignac les murailles s’écroulaient, l’horizon reculait. Je me perdais dans l’infini tout en restant moi-même », écrit-elle dans Mémoires d’une jeune fille rangée. Tout, dans la tendresse sauvage de cette maison et de ses jardins, raconte l’exigence de liberté, dont, adulte, la philosophe fera son combat.
En donnant la parole à quelques témoins de choix (dont Sylvie Lebon-de Beauvoir, sa fille adoptive ; Martial Dauriac, son petit-neveu, actuel propriétaire de Meyrignac, et Marine Rouche, docteure en histoire contemporaine, spécialiste des correspondances de Simone de Beauvoir), Devenir Simone de Beauvoir à Meyrignac offre ainsi une plongée émouvante et stimulante dans la vie et l’œuvre du « Castor ». Surtout, à travers les réactions et les commentaires de jeunes lycéens, le documentaire rend hommage à sa pensée d’une vivifiante actualité et témoigne de la force de son héritage.

Une maison, une artiste : Devenir Simone de Beauvoir à Meyrignac 

Simone de Beauvoir
Simone de Beauvoir.
© Collection particulière Martial Dauriac / DR

C’est à deux pas d’Uzerche en Corrèze, dans la maison familiale de Meyrignac, que Simone de Beauvoir a passé ses vacances jusqu’à l’âge de 21 ans. Tous les étés, elle échappe au petit monde contraint de sa vie d’écolière parisienne pour s’ébattre dans le vaste parc paysager créé par son grand-père Ernest. Elle crapahute dans les bois, invente des jeux avec sa sœur et sa cousine, dévore les livres de la bibliothèque et, surtout, découvre le bonheur d’avoir une chambre à elle. Tout à Meyrignac lui offre un avant-goût de liberté. Été après été, Simone y affirme sa soif d’indépendance et son envie d’écrire, incongrue pour une jeune fille des années 1920. C’est là qu’elle noircit les pages d’un premier roman. Là aussi qu’elle retrouve Jean-Paul Sartre en cachette pour de premiers ébats amoureux. Meyrignac, un « paradis », écrira Simone dans ses Mémoires.

Documentaire (26 min – 2024) – Réalisation Nathalie Plicot – Production A Prime Group – Avec la voix d’Anna Mouglalis et les témoignages de Sylvie Lebon-de Beauvoir, Martial Dauriac, Marine Rouche, Chloé Bivès, Lou de Birague, Myrtille Bricout et Agenor Akmese-Euillet

Une maison, une artiste : Devenir Simone de Beauvoir à Meyrignac, diffusé dimanche 1er septembre à 22.45 sur France 5 est à (re)voir sur france.tv    

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