« Timothée Adolphe, la légende du guépard blanc »
Portrait intime du sprinter paralympique
France 2
Documentaire
En suivant pas à pas l’athlète non voyant dans ses préparatifs pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024, ce documentaire témoigne des hauts et des bas d’une vie de compétition. Mardi 20 août à 22.50 sur France 2.
Malvoyant de naissance, Timothée Adolphe, 34 ans, vit dans l’obscurité totale depuis ses 19 ans. Son salut, il l’a trouvé dans le sprint de très haut niveau, voilà plus de dix ans. Il court, sur les pistes des plus prestigieux stades, relié par une cordelette à un guide, dans un mouvement parfaitement synchronisé. « On court en miroir, explique-t-il, avec la même foulée, les mêmes mouvements de bras, les mêmes appuis. C’est une chorégraphie qu’on travaille tous les jours. »
Son surnom de « guépard blanc », il le doit à son premier coach, Arthémon Hatungimana, impressionné par sa prodigieuse rapidité tout autant que par sa maigreur féline. En 2011, l’athlète burundais, vice-champion du monde sur 800 mètres (Göteborg, 1995), est le premier à croire en lui. Il le prend sous son aile et, à force d’entraînements, lui ouvre les portes des plus grandes compétitions paralympiques. Vice-champion du 100 mètres (Tokyo 2020), champion du monde du 400 mètres et vice-champion du monde du 100 mètres, Timothée Adolphe est aussi détenteur du record du monde du 60 mètres, du record d’Europe du 200 mètres ainsi que de l’ancien record d’Europe du 100 mètres. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs sprinters au monde et représente le plus grand espoir de médailles françaises aux Jeux Paralympiques de Paris 2024.
À 15 ans, un entraîneur d’un club soi-disant handisport me dit, mot pour mot : « Je n’ai pas de temps à perdre avec un aveugle. »
Timothée Adolphe
« Pour lui, la vie est une compétition, résume le père de Timothée Adolphe. Est-ce à cause de son handicap ? » Une vie de compétitions, en l’occurrence, que relate ce fulgurant documentaire qui, ces dernières années, en prévision des Jeux de Paris, a suivi l’athlète jour après jour, au plus près de ses entraînements et atermoiements. Car, en guise de « guépard », Timothée Adolphe est parfois plutôt « chat noir », abonné aux désillusions et aux mauvais coups du sort. Blessé à l’épaule dès sa sortie de starting-block en demi-finale du 100 mètres aux Jeux de Rio, obligé de déclarer forfait au Handisport Open de Paris de 2022 à cause d’une blessure au tendon d’Achille et surtout disqualifié aux Jeux de Tokyo sur l’épreuve du 400 mètres pour avoir perdu le lien avec son guide au moment où il franchissait, le premier, la ligne d’arrivée… Des mésaventures qui ont forgé un mental d’acier et malgré lesquelles il a « encore faim », dit-il dans le documentaire. Comprendre : il entend bien faire parler de lui aux Jeux Paralympiques qui débutent ce 28 août.
Tout le film de Charlotte Altschul et Florent Bodin apparaît ainsi tendu vers les Jeux, vers cette « faim » de revanche, dont ils font l’enjeu forcément irrésolu de leur film, le climax qui ne pourra se réaliser que hors-champ, sur les pistes du Stade de France. Épreuve après épreuve, course après course – littéralement pas à pas –, leurs caméras s’immiscent dans le quotidien du guépard blanc, filmant l’athlète côté pistes et côté vestiaires, dévoilant l’intimité de sa vie d’équipe (n’éludant rien de ses relations complexes avec ses coachs et ses guides) comme de sa vie de famille (son fils de 3 ans s’inquiétant, incrédule, de savoir s’il avait gagné ou perdu après sa médaille de bronze aux Championnats du monde de para-athlétisme de 2023).
Avec un sens millimétré du montage, Timothée Adolphe, la légende du guépard blanc transmet alors l’incertitude sans cesse renouvelée de chaque compétition, la remise en question/remise en jeu permanente, l’indispensable travail d’équipe et tous ces « à-côtés » (conférences en entreprise ou auprès de jeunes collégiens, promenades avec son fidèle chien, et même enregistrement d’un disque de rap où il exprime, intacte, toute sa combativité) qui font le cœur d’une vie – exaltante, harassante, tout autant que banale et simple – de champion de haut niveau.
Timothée Adolphe, la légende du guépard blanc
Timothée Adolphe, 34 ans, est aveugle. Né malvoyant, il vit désormais dans l’obscurité totale, et ce depuis ses 19 ans. Son salut, il l’a trouvé dans le sprint de très haut niveau, voilà plus de dix ans maintenant. Il court, accompagné d’un guide, dans les plus grandes compétitions. Si bien qu’aujourd’hui il est considéré comme l’un des meilleurs au monde.
L’ancien athlète Arthémon Hatungimana, son coach, est le seul à avoir cru en lui dès le départ. Il l’affuble du surnom de « guépard blanc », pour sa maigreur d’alors, et pour son impressionnante vitesse. Cet été, Timothée Adolphe disputera ses troisièmes Jeux Paralympiques. Cet objectif ultime est tissé comme une toile de fond à travers tout le documentaire, comme si chaque entraînement, chaque effort, chaque douleur prenait tout son sens en s’inscrivant dans cette optique. Des enjeux sportifs qui renforcent ce portrait intime avec des hauts, des bas, des rebondissements, faisant ainsi de ce film un document unique.
Documentaire (60 min – 2024) – Réalisation Charlotte Altschul et Florent Bodin – Production Black Dynamite Production (Groupe Mediawan) et INSEP – Avec la participation de France Télévisions
Timothée Adolphe, la légende du guépard blanc, diffusé mardi 20 août à 22.50 sur France 2, est à (re)voir sur france.tv
Ce documentaire est précédé de la diffusion, à 21.10, d’À corps perdus