Soumission chimique : pour que la honte change de camp

Soirée continue présentée par Carole Gaessler

France 2

Documentaire

Le retentissement du procès historique des viols de Mazan a ouvert le regard de la société sur l’ampleur du fléau de la soumission chimique et des violences sexuelles. Ce film-événement, porté par Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot et de son bourreau, donne la parole à d’autres victimes. Il sera accompagné d’un débat, présenté par Carole Gaessler, et suivi de la rediffusion du documentaire « Viol, défi de justice ». À voir mardi 21 janvier à 21.10 sur France 2 et sur france.tv.


On l’appelle déjà « le procès du siècle », et chacun.e comprend qu’il y aura un avant et un après. Le procès dit « des viols de Mazan » a rendu mondialement célèbre Gisèle Pelicot, épouse droguée pendant dix ans par son mari et livrée inconsciente à des dizaines de violeurs. Mais ces quatre mois d’audience hors norme ont aussi porté à la connaissance du grand public la notion de soumission chimique.

Avec Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot et de son bourreau, Soumission chimique, pour que la honte change de camp prend le procès Pelicot pour fil rouge, mais le film donne aussi la parole à d’autres victimes. Autant de cas de figure révélateurs de ce qui était jusqu’à aujourd’hui le point aveugle des violences sexuelles. Que la justice se donne les moyens, que les victimes relèvent la tête et qu’enfin la honte change de camp.

« Il y a deux ans, lors de ma première rencontre avec Caroline Darian, ma mémoire se met à exhumer les témoignages de Claudine, Anne, Laura, Stéphane… Des dizaines de victimes de viol qui, au cours de mes précédentes enquêtes, m’ont confié elles aussi avoir été droguées à leur insu. En tapant sur une barre de recherche droguées et violées, je prends conscience que ce mode de prédation est aussi ancien que fréquent. À chaque fois, des hommes au profil ordinaire, mais aussi des personnalités publiques, sont mis en cause. Pourtant, jusqu’alors, personne n’a fait le lien entre tous ces “faits divers” pour faire éclater au grand jour un système. Je convaincs Caroline Darian de participer à un documentaire choral d’utilité publique pour dénoncer cet angle mort des violences sexuelles. »
Andrea Rawlins-Gaston, productrice et coautrice 

« Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot et de son bourreau
© Capa

Mais heureusement pour nous qu’on a dans le dossier de ma mère ces vingt mille vidéos et photos ! Parce que, sans ça, il n’y avait aucune preuve tangible et matérielle.

« L’affaire de Mazan n’est pas qu’une affaire hors norme, un fait divers sordide extraordinaire. C’est un arbre qui cache une forêt. En découvrant les atrocités commises par son père, Dominique Pelicot, Caroline Darian l’a tout de suite deviné.

Zoé, Céline, Léa, Rénald, Lilwenn et Katia, six témoins, six voix qui ne font qu’une.
Tous sont des combattants qui témoignent avec force et courage. Un an avant Gisèle Pelicot, elles et lui ont accepté que je les filme à visage découvert pour retourner la honte contre leur violeur. Prendre la parole, c’est retrouver leur humanité après avoir été réduits à l’état d’objet, c’est revenir à la lumière après être passés dans les ténèbres du black-out, c’est aussi montrer qu’ils ont survécu pour délivrer un message d’espoir aux victimes présentes et futures. Notre film les montre donc déterminé.e.s, solaires, vivant.e.s. 

Caroline Darian est le trait d’union entre tout.e.s. D’abord victime, nous la suivons dans sa quête de vérité tout au long de ce procès historique. Mais aussi lanceuse d’alerte, elle prend le micro au sens propre face à notre caméra pour décortiquer ce fléau invisible. »

Linda Bendali, réalisatrice et coautrice 

Zoé, 33 ans, médecin généraliste, ne se souvient pas de cette nuit de la Fête de la musique où elle a été droguée et violée.

« Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Zoé, 33 ans, victime de soumission chimique
© Capa

J’ai un sentiment de dépossession énorme...
Combien ils étaient ? Qui c’était ? Qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? Tout ça, je ne le saurai jamais.

Céline, 46 ans, connaît son agresseur, son patron de l’époque, mais elle souffre elle aussi d’amnésie du fait des somnifères administrés. 

« Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Céline, 46 ans, victime de soumission chimique.
© Capa

L’amnésie est un vrai gouffre parce qu’on n’a rien pour raccrocher des images... Ne pas me rappeler était une angoisse, ne pas me rappeler m’empêchait de dormir. 

Léa, 22 ans, a bu le verre que deux jeunes militaires lui tendaient en boîte de nuit et, malgré l’aveu de l’un d’eux, elle attend toujours de trouver justice. 

« Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Léa, 22 ans, victime de soumission chimique.
© Capa

J’ai vraiment le sentiment que mon corps me lâche et que je suis la spectatrice de la scène.

Rénald, 48 ans, a su se reconstruire et surmonter la honte éprouvée à l’époque de n’avoir pas pu échapper à son violeur. 

« Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Rénald, 48 ans, victime de soumission chimique.
© Capa

J’étais prisonnier de mon corps… Tu cries à l’intérieur mais il n'y a rien qui sort... Il est le maître : je te possède !

Katia, 53 ans, a, comme toutes les autres victimes de soumission chimique, suivi de près le procès de Dominique Pelicot. Elle-même garde une colère contre la justice : contre toute attente, le jeune banquier accusé a été acquitté. 

« Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Katia, 53 ans, victime de soumission chimique.
© Capa

C’est le viol parfait, c’est le viol qui ne laisse pas de traces.
Je suis sidérée de tout ça… Qu’est-ce qui a fait qu’on ne m’a pas crue ?

Si Lilwenn, 16 ans, a pu obtenir réparation, c’est grâce à des prélèvements capillaires effectués à temps, preuve indispensable de la soumission chimique.

« Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Lilwenn, victime de soumission chimique par son père
© Capa

Je pense que c’était la facilité pour lui de lui donner un médicament pour qu’elle dorme.

Sandrine, la mère de Lilwenn, violée par son père

22.40 — Soumission chimique, que faire après le procès de Mazan ?
Le documentaire sera suivi d’un débat (60 min) présenté par Carole Gaessler.

23.40 — Infrarouge : Viol, défi de justice
Depuis 2017, le mouvement #MeToo a libéré la parole des victimes de violences sexuelles jusqu’ici vouées au silence. Il s’est accompagné d’un doublement du nombre de plaintes pour viol. Les victimes parlent, mais sont-elles entendues par la justice ? 70 % des dossiers sont toujours classés sans suite dès le stade de l’enquête préliminaire. Au total, moins de 10 % des plaintes pour viol aboutissent à une condamnation aux assises. Pourquoi si peu ?
Documentaire (70 min - rediffusion) – Auteure-réalisatrice Marie Bonhommet – Production Capa (Newen Studios)

Soumission chimique : pour que la honte change de camp
(déconseillé - 10 ans)

« Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Gisèle Pelicot lors du procès des viols de Mazan.
© Capa

Documentaire (90 min ] inédit) – Écrit par Linda Bendali et Andrea Rawlins-Gaston – Réalisation Linda Bendali – Production Capa (Newen Studios)

Soumission chimique : pour que la honte change de camp est diffusé mardi 21 janvier à 21.10 sur France 2
À (re)voir sur france.tv


Le mouvement Mendorpas, dont Caroline Darian est présidente, vise à alerter et à informer le plus grand nombre, ainsi que les professionnels de santé, pour tenter de mieux prévenir, de protéger et d’optimiser la prise en charge des victimes de soumission chimique dans la sphère privée.
mendorspas.org - Association loi 1901
Contact : arielle.schwab@havas.com

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