« Soleil, un business doré »

Sous le soleil exactement, pas à côté, juste en dessous

France 5

Art de vivre

Il y a les adeptes du bronzage intégral, du teint hâlé à l’année, ceux qui veulent bronzer sans cramer et les autres, qui cherchent en premier lieu à préserver leur capital santé. Alors que l’on vient de fêter le solstice d’été et que vous êtes plus que prêt(e) à ressortir robe, short, tee-shirt, débardeur, tongs, sandales et lunettes de soleil, découvrez l’enquête menée par Rebecca Boulanger sur les protections solaires avant d’aller quérir la vôtre. Mardi 25 juin à 21.05 sur France 5.

« Soleil, un business doré ». © Galaxie Presse

Il est l’atout estival, celui sur qui l’on compte pour se prélasser dans un parc, sur un transat, au bord de l’eau, pour profiter d’un apéro entre amis, d’un déjeuner en famille ou pour s’adonner à des activités sportives et culturelles. Celui sur qui on mise aussi pour avoir bonne mine, voire se sentir mieux dans sa peau, à condition de respecter certaines règles pour ne pas finir avec des coups de soleil. Si l’on se fie à la réalisatrice du documentaire, plus de vingt-cinq mille tonnes de crème solaire sont utilisées dans le monde chaque année, preuve qu’une majorité d’entre nous préfère éviter de finir rouge écrevisse lorsqu’il se trouve face au soleil. 

C’est vraiment une mode venue des favelas de Rio de Janeiro. Ici, tout le monde met des scotchs ou des sparadraps. Bronzer avec des scotchs vient du fait que les gens n’avaient pas les moyens de s’acheter un bikini. À cette époque, c’était trop cher, comme aller à la plage.

Erika Romero Martin

Au Brésil, puisque c’est là que débute l’enquête menée par Rebecca Boulanger, le culte du corps est une institution. Et le bronzage est indissociable de cette envie de plaire et de se sentir bien. « Au Brésil, il n’y a aucun intérêt à bronzer sans marques, explique Erika Romero Martin, qui a été la première à ouvrir sa terrasse de bronzage dans une favela. C’est la fièvre de la marquinha ! Nous aimons ces marques. On se sent plus sexy. Cela donne un côté plus sensuel. » Ici, on ne lésine pas avec ce teint hâlé, travaillé à la perfection. « Moi, j’aime ma couleur. Nous, les femmes noires, plus on est foncées, plus on se trouve belles, explique une cliente du salon de bronzage en cabine tenu par Gabriela Lopes. Moi, je ne pourrais pas vivre à Paris. Il n’y a pas assez de soleil ! Je ne peux pas vivre sans me sentir très bronzée. » Un rapport au soleil qui n’est pas tout à fait le même selon qu’on vive dans une favela ou dans un quartier plus aisé. 

Le laboratoire Pierre Fabre a vu au Brésil une opportunité unique de lancer, déployer un centre d’innovation pour développer des formules plus spécifiques aux peaux brésiliennes, parce qu’ici on a radiation UV très haute mais aussi des consommatrices qui en même temps veulent être très bronzées et aussi se protéger contre les radiations très élevées.

Clara Alves, responsable recherche et développement, Brazil Innovation Center

Sous nos latitudes, aussi, il y a les adeptes du bronzage. Et ceux qui s’exposent au moindre rayon, en ayant pris soin de protéger leur peau, savent-ils que la première huile solaire a été inventée en France en 1935 ? À force de prendre des coups de soleil en mer bretonne, Eugène Schueller (fondateur du groupe L’Oréal) avait demandé à ses chimistes de mettre au point un produit qui protégerait la peau, tout en lui permettant de bronzer. Cette huile baptisée « ambre solaire » débarqua en avril 1935. Aujourd’hui, l’offre est exponentielle. Il y en a pour tous les âges et pour tous types de peau. Difficile, face à une telle profusion, de s’y retrouver. Non seulement il est primordial d’être protégé contre les UV-A et UV-B, mais il devient important de s’assurer que le produit qu’on a finalement choisi n’occasionnera pas d’effets négatifs sur notre environnement (et sur notre métabolisme, il va de soi). 

Le fait que la roche soit lisse, gélatineuse dénote qu’il y a une perturbation sur le site qui ne permet pas à d’autres organismes de pouvoir s’implanter et se développer. Donc on se rend compte que quand il y a une très grande population sur les plages avec une diversité de crèmes qui sont utilisées, l’environnement en face est directement impacté, depuis la surface jusqu’au fond marin. À long terme, les filtres solaires sont une préoccupation majeure parce qu’ils viennent s’ajouter à d’autres perturbations qui existent déjà dans le milieu. Que ce soit le réchauffement climatique, la surpêche, la dégradation des habitats.

Alexis Pey, biologiste marin, Thalassa Marine Research

Le capital soleil, un concept essentiel (extrait)

« Selon la définition du CNRS, le capital soleil correspond au temps d’exposition aux rayons UV que notre peau peut supporter tout au long de notre vie. Il correspond à “l’ensemble des moyens de défense de la peau contre les effets néfastes du soleil”. 
Le capital soleil est acquis à la naissance. Non renouvelable, il dépend du phototype de chaque individu. Au nombre de six, les phototypes correspondent aux différents types de peau, classées en fonction de leur réaction aux expositions solaires, sensibilité et pouvoir de protection. 
Plus la peau subit des dommages liés au soleil et plus le capital soleil diminue – tel un réservoir dans lequel chaque exposition puise un peu. À mesure que l’on s’expose, on augmente donc les risques de lésions. Or, lorsque ces dernières ont été trop nombreuses, elles finissent par ne plus pouvoir être toutes réparées. »
Source : The Conversation

Soleil, un business doré

Si le soleil est aussi essentiel à la planète qu’à ses habitants, c’est aussi devenu un énorme business pour les industriels de la protection solaire. Car depuis la fin des années 1970 on sait à quel point le soleil peut être dangereux pour notre santé. Résultat, on estime que le chiffre d’affaires mondial du secteur dépasserait les 9 milliards d’euros. Nouvelles formules, nouveaux packagings, nouvelles promesses… l’offre se veut de plus en plus attractive, et les rayons des vendeurs sont de plus en plus garnis. Alors, comment s’y retrouver dans cette jungle cosmétique et être sûr d’être bien protégé ? D’autant que, comme nous l’avons découvert, l’indice de protection réel de ces produits n’est pas toujours le même que celui annoncé sur l’emballage. Et que dire de ces labels qui prétendent que notre protection solaire est également respectueuse de l’environnement… Des engagements qui sont d’autant importants à tenir face aux enjeux du dérèglement climatique et aux pics de chaleur annoncés. Alors quel est le prix à payer sur le plan médical, économique et environnemental pour satisfaire notre quête insatiable de soleil ? Ce qui est sûr, c’est que la responsabilité est grande pour tous les industriels de la protection solaire, qui doivent désormais prendre soin de notre peau et de notre santé, mais aussi de la planète. Enquête au cœur d’un business bien doré.

Documentaire (inédit – 52 min – 2024) – Autrice et réalisatrice Rebecca Boulanger – Production Éric Quintin - Galaxie, avec la participation de France Télévisions 

Ce documentaire est diffusé mardi 25 juin à 21.05 sur France 5
Soleil, un business doré est à voir et revoir sur france.tv

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Publié le 21 juin 2024