« Science grand format : Sahara vert, l’énigme du paradis perdu »
Un désert immense au passé luxuriant
France 5
Documentaire
Il est, dit-on, plus grand que l’Australie, de quoi lui octroyer la première place au monde sur le podium des déserts chauds. Pourtant, à une époque lointaine, le Sahara n’avait rien de désertique, bien au contraire. Pour vous en convaincre, observez ce monde disparu à travers le prisme des différentes découvertes archéologiques mises à l’honneur dans cet inédit de « Science grand format » diffusé jeudi 10 avril à 21.05 sur France 5.
En tant qu’archéozoologues, nous, on étudie toujours les vieilles poubelles, si je puis dire (...). Et donc là, par exemple (en prenant dans sa main un os), je mesure les vertèbres d’un poisson-chat (...). On peut reconstituer avec une mesure de vertèbre à peu près la taille de l’animal. Là, on a des individus qui étaient quand même très grands, peut-être autour d’un mètre cinquante de long. Donc il faut beaucoup d’eau pour que ces poissons puissent se développer jusqu’à cette taille-là.
Joséphine Lesur, archéozoologue, Muséum d'histoire naturelle, à propos des ossements rapportés du Sahara par Henri Lhote
En lieu et place d’étendues arides, caillouteuses et sablonneuses, où quelques rares oasis laissent entrevoir un soupçon de vie (quand ailleurs, elle semble inexistante, en apparence), il faut imaginer une zone verdoyante, colorée et vivante où l’eau coulait en abondance. Un Sahara, depuis longtemps disparu, objet d’études et de recherche. Un monde insoupçonné et ô combien exceptionnel. Il faut, pour s’en convaincre, avoir un jour aperçu in situ des peintures rupestres et des gravures ou, à défaut, avoir pu en découvrir les retranscriptions lors d’expositions au musée de l’Homme, à Paris. Alors se conçoit l’image de cet autre Sahara peuplé d’hommes et d’animaux. Ce monde dont les scientifiques cherchent à percer le mystère en étudiant les peintures rupestres, les gravures, les débris de poteries, les pointes en silex, les anneaux en pierre et tous les autres objets découverts sur place, en s’intéressant aux anciens cours d’eau rendus visibles grâce à l’utilisation des radars ou encore en analysant les sédiments renfermés dans les carottes prélevées lors de précédentes expéditions. Une mine de trésors, riche d’enseignements sur ce qu’il pourrait advenir de nous si nous venions à subir les changements climatiques successifs auxquels les habitants du Sahara furent confrontés. Et il va sans dire que cela n’a rien de réjouissant.
On voit apparaître des chèvres et des moutons qui sont une adaptation supplémentaire à une dégradation qui continue, en réalité, jusqu’à nos jours. Et les chèvres et les moutons, c’est une excellente idée pour s’adapter à un climat qui devient, disons, semi-aride.
Jean-Loïc Le Quellec, commentant des peintures rupestres
Vidéo. Musée de l’Homme – Les Mystères de l’Oued : l’énigme des fresques du Tassili
L’histoire du Tassili en quatre dates
1850 : Heinrich Barth découvre l’« Apollon garamante » dans l’oued Tilizzaghen, en Libye.
1932 : dans une falaise du Tassili, le lieutenant Brenans tombe sur des gravures d’animaux et d’êtres humains.
1956 : Henri Lhote dirige une expédition. Il découvre de nombreuses gravures et peintures, dont il fait les copies.
1982 : l’Unesco inscrit les peintures du Tassili sur la liste du patrimoine de l’humanité.
Source : herodote.net
Ce que l’on recherche à l’intérieur de ces sédiments, ce sont des poussières minérales, donc finalement les particules du désert saharien qui arrivent par le vent et qui se déposent au fond de l’océan. Et par exemple, ici, ce qui est marroné (en désignant la trace) pourrait correspondre à une période où les poussières sahariennes étaient plus intenses. Ici, plus grisé, ça peut signifier que le désert était peut-être moins désertique qu’aujourd’hui, donc peut-être plus végétalisé, plus humidifié.
Charlotte Skonieczny, paléoclimatologue, à propos d’une carotte prélevée au large de la Mauritanie
Science grand format : Sahara vert, l’énigme du paradis perdu
Longtemps, le Sahara a été considéré comme une étendue immuable de sable et de roche. Mais les scientifiques en ont désormais la preuve : cette terre aride de 9 millions de kilomètres carrés n’a pas toujours été hostile et dépourvue de vie. Tout commence dans les années 1950, lorsqu’un archéologue du musée de l’Homme découvre des milliers de peintures rupestres disséminées sur les parois des abris rocheux des hauts plateaux du Sud algérien. Ces chefs-d’œuvre, datant de la préhistoire, révèlent au monde occidental un passé insoupçonné.
Avant d’être un désert, le Sahara était un eldorado verdoyant où l’on chassait le lion et l’autruche, où des sociétés culturelles complexes se sont développées. Que savons-nous de ces peuples du Sahara vert ? À quoi ressemblait leur environnement ? Par quels mécanismes leur paradis est-il devenu le désert que nous connaissons aujourd’hui ?
À l’occasion de la grande exposition « Déserts » présentée au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, cette vaste enquête met en lumière un chapitre méconnu de l’histoire de l’humanité : la métamorphose du Sahara. En suivant une expédition scientifique, elle nous emmène de manière exceptionnelle au cœur du Sahara central, dans la Tassili n’Ajjer, le fief des Touaregs algériens.
Magazine – Présentation Mathieu Vidard
Documentaire (inédit – 90 min – 2025) – Autrice et réalisation Saléha Gherdane – Idée originale de Richard Poisson – Conseiller scientifique Jean-Loïc Le Quellec – Commentaires Caroline Ferrus – Compositeur David Carroll – Production J2F Production, avec la participation de France Télévisions et du Centre National du Cinéma et de l’Imagine Animée – Avec le soutien de la Région Île-de-France – En partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle – France
Ce documentaire est diffusé jeudi 10 avril à partir de 21.05 sur France 5
Science grand format : Sahara vert, l’énigme du paradis perdu est à voir et revoir sur france.tv