« Science grand format : Le mystère des reines guerrières d’Assyrie »

Inhumées là où était ancré leur pouvoir

France 5

Documentaire

Après des années de conflit, les sites de Nimroud et Ninive sont de nouveaux accessibles. Indissociables de l'Empire assyrien, ils nous révèlent de précieuses informations sur l'histoire des reines qui y vécurent, et pour certaines assumèrent le pouvoir. Un passé à découvrir jeudi 14 novembre à 21.05 sur France 5.

« Science grand format : Le mystère des reines guerrières d’Assyrie ». © Windfall Films

Le palais nord-ouest était l'un des palais assyriens les plus complets dont on disposait. Il a été détruit par Daesh, et beaucoup de sculptures ont été très endommagées.

Mark Altaweel, archéologue

Il faut imaginer, étendue par-delà les remparts, une ville comptant plus de 100 000 habitants. Une capitale d'un empire depuis longtemps disparu : Nimroud. Aujourd'hui, elle porte les stigmates du temps et des guerres récentes qui ont ravagé la région. Comme d'autres sites symboliques, elle n'a pas échappé à la fureur destructrice des hommes de Daesh. Et au pillage qui s'est ensuivi.
En revenant sur le site, l'archéologue Mark Altaweel ne peut que constater les dégâts. « Le palais nord-ouest était l'un des palais assyriens les plus complets dont on disposait. Il a été détruit par Daesh, et beaucoup de sculptures ont été très endommagées. » En prolongeant son inspection, il tient à nous faire découvrir un lieu mis au jour en 1989 par des archéologues irakiens : l'entrée menant à un caveau royal. « C'était l'un des trésors les plus importants jamais retrouvés dans une tombe royale, y compris en Égypte. On a eu la chance de trouver des inscriptions, et on voit encore des briques gravées ici. Il y avait même une tablette funéraire menaçant les pilleurs de tombes des pires maux de la terre. Un peu comme la malédiction de la momie. » Une tablette sur laquelle il était précisé que les deux squelettes retrouvés, l'un au-dessus de l'autre dans une tombe inviolée, étaient ceux de souveraines ayant vécu au VIIIe siècle avant J.-C. Celui de la reine Yabâ, épouse du roi Tiglath-Phalazar III (qui étendit l'empire au-delà de la Mésopotamie) et celui de la reine Ataliya, épouse du roi Sargon II. « Chacune de ces reines avait une couronne différente, précise l'historienne de l'art Amy Gansell. Celle-ci est ornée d'une rangée de créatures ailées fantastiques. Des divinités féminines. Ces génies bénissent la tête de la reine. Ils protègent sa présence et lui transmettent peut-être une part de leur pouvoir divin. Ces pierres précieuses exotiques proviennent des confins de l'Empire. Le rôle de la reine est aussi d'incarner la richesse de l'Empire. »
Dans une autre tombe, située sous un palais de Nimroud, avait été mis au jour le squelette d'une reine portant un sceau en or autour du cou sur lequel figure un lion couché, un homme assis sur son trône (tout porte à croire qu'il s'agit du roi) et, derrière lui, un scorpion, symbole des reines assyriennes. « La reine disposait manifestement d'un pouvoir étendu dans certains domaines, explique l'assyriologue Lara Bampfield. Elle était en mesure de diriger un nombre significatif de personnes, mais il est clair qu'elle n'avait pas autant d'autorité que le roi. »
Des souveraines qui, à l'inverse des rois, n'étaient pas inhumées à Assour, capitale originelle de l'Empire, mais, comme l'ont découvert les archéologues, là où elles avaient vécu et travaillé. Là où était ancré leur pouvoir. 

L’Assyrie est originellement « le pays du dieu Assur » (Mat Assur) qui lui a donné son nom. Assur était aussi le nom de la première des capitales de l’Assyrie, aujourd’hui Qal’at Sharqat. Ainsi, Assur était à la fois une ville, un dieu, un royaume. Le roi d’Assyrie portait le titre précis de « roi du pays d’Assur ». Ministère de la Culture

Sémiramis, une reine légendaire

« Sémiramis est une reine légendaire que l'on pense inspirée de l'historique Sammu-Ramat (reine de 811 à 806 av. J.-C.), la reine régente de l'Empire assyrien qui garda le trône pour son jeune fils Adad Nerari III jusqu'à ce qu'il atteigne la maturité. Elle est également connue sous le nom de Sammuramat. Elle est citée par plusieurs historiens anciens, dont Hérodote, Diodore de Sicile et Plutarque. 
Elle était l'épouse de Shamshi-Adad V (qui régne de 823 à 811 av. J.-C.) et, à sa mort, elle assuma le pouvoir jusqu'à ce qu'Adad Nerari III atteigne l'âge adulte, date à laquelle elle lui transmet le trône. Selon l'universitaire Gwendolyn Leick, “ cette femme a acquis une renommée et un pouvoir remarquables de son vivant et au-delà. D'après les archives contemporaines, elle avait une influence considérable à la cour assyrienne  (155). Cela expliquerait comment elle put conserver le trône après la mort de son mari. Les femmes n'étaient pas admises aux postes d'autorité dans l'Empire assyrien, et il aurait été impensable d'avoir une femme à la tête de l'État, à moins que cette femme n'ait eu suffisamment de pouvoir pour le prendre et le conserver. »
Source : Encyclopedia

Ces tombes nous ont appris beaucoup de choses. On a découvert le rôle important de ces reines dans l'Empire néo-assyrien, notamment du point de vue diplomatique parce qu'elles étaient souvent originaires de régions conquises par les Assyriens.

Mark Altaweel, archéologue

Science grand format : Le mystère des reines guerrières d’Assyrie

Dans le nord de l’Irak, on trouve les vestiges d’une vaste cité vieille de 3 000 ans.
Elle couvre près de 360 hectares et porte un nom mythique : Nimroud. C’était autrefois la capitale de l’Empire assyrien, l’un des plus puissants de l’Antiquité. À son apogée, au VIIIe siècle avant notre ère, il s’étend de l’Égypte à l’Iran.
Nous suivons le travail des archéologues qui cherchent à éclaircir l’histoire et le rôle des reines d’Assyrie. Mais leur tâche est rendue plus ardue par les conflits qui ont marqué le pays. La découverte de ces sépultures royales est passée pratiquement inaperçue, à cause de l’instabilité politique de l’Iraq et des longues années de guerre de son histoire récente. Pendant des décennies, l’importance de cette trouvaille a été éclipsée. Puis, en 2015, l’État islamique, aussi appelé Daech, endommage gravement de nombreux vestiges. Maintenant, la communauté internationale se mobilise pour tenter de sauver ce précieux patrimoine, et pour découvrir la vérité sur les reines guerrières d’Assyrie.

Magazine – Présentation Mathieu Vidard
Série documentaire (85 min – 2022 – inédit) – Autrice et réalisation Louise Ord – Production Windfall Films Ltd, avec la participation de France Télévisions

Ce documentaire est diffusé jeudi 14 novembre à 21.05 sur France 5
Science grand format : Le mystère des reines guerrières d'Assyrie est à voir et revoir sur france.tv

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