« Sale Temps pour la planète : Aude, l'eau dans tous ses états »

Alerte sur l'or bleu

France 5

Documentaire

Pendant des siècles, l'eau a été une bénédiction pour le développement économique de l'Aude. Elle est aujourd'hui sa malédiction. Souvent, il n'y en a pas assez ; parfois, il y en a beaucoup trop. Sécheresses et crues menacent tout l'écosystème du département. Morad Aït-Habbouche propose une nouvelle illustration des enjeux du dérèglement climatique. Lundi 3 juin à 21.05 sur France 5.


« La Petite France », c’est ainsi qu’on surnomme parfois le département de l’Aude, territoire d’environ 370 000 habitants au sud de la région Occitanie, un concentré de merveilles entre mer et montagnes : cité médiévale de Carcassonne (classée au Patrimoine mondial de l’Unesco), salin de Gruissan (14 bassins, 40 km de canaux), châteaux cathares... La prouesse d’ingénierie qu’est le canal du Midi (également classé), conçu il y a trois siècles et demi par Pierre-Paul Riquet à la demande de Louis XIV, a été l’un des principaux vecteurs de développement économique en désenclavant ce territoire, en permettant le transport des marchandises entre la Méditerranée et l’Atlantique et en faisant de l’Aude une terre viticole (deux tiers des surfaces agricoles). Aujourd’hui, avec une moyenne de 8 000 bateaux par jour en été, il est une artère exceptionnelle pour faire découvrir les villages typiques aux centaines de milliers de touristes qui visitent chaque année le département.
C’est dire si l’Aude vit de l’eau. C’est sa richesse mais aussi malheureusement son talon d’Achille. Car aujourd’hui, comme on dit ici, « il pleut mal ». Sur le pourtour méditerranéen, c’est à peine 150 millimètres d’eau qui tombent désormais chaque année. Quatre fois moins qu’en région parisienne et autant qu’au Sahel ! Un drame quand on sait qu’il faut le double de pluviométrie pour irriguer les parcelles de vignes de la région et que la navigation sur le canal du Midi, elle aussi, nécessite un volume d’eau important… Pour les équipes des Voies navigables de France (VNF), le défi est de plus en plus délicat à relever. Chaque année, elles redoublent d’efforts pour assurer les différents usages de l'eau potable pour les populations locales, la navigation et la viticulture et prévenir les tensions entre jardiniers amateurs et agriculteurs. L’obsession des gestionnaires du canal est de minimiser les pertes et les fuites d’eau car, faute d’eau de pluie, le canal ne peut plus alimenter les écosystèmes alentour.

Tout ou rien

La pénurie d’eau pourrait avoir des conséquences dramatiques et parfois surprenantes. D’une part, l’avenir de la vigne est incertain, et nombre de viticulteurs sont à bout de souffle, comme en témoignent les manifestations de novembre 2023. Les perspectives esquissées par la Chambre d’agriculture sont encore insuffisantes. Ses équipes travaillent sans relâche pour dénicher et tester des cépages anciens ou étrangers plus résistants aux sécheresses extrêmes, mais il s’agit souvent de variétés tardives que le niveau d’ensoleillement dans la région risque de faire mûrir trop tôt.
D’autre part, s’il faut se résoudre à l’avenir à abandonner des terres agricoles, comme certains le suggèrent, cela pourrait avoir des conséquences graves pour l’environnement. Car moins de vignobles, c’est davantage de friches et de broussailles, colonisées par le pin d’Alep ou le romarin, très inflammables, et donc davantage de risques d’incendies.
Enfin, et c’est sans doute le paradoxe le plus dramatique de la région : en matière d’eau, c’est tout ou rien. L’Aude est tout autant soumise à des sécheresses terribles qu’assaillie par des crues démentielles. À Trèbes, près de Carcassonne, le 15 octobre 2018 est encore dans toutes les mémoires. Le niveau du fleuve y est passé de 35 centimètres à 7 mètres en une nuit, faisant 14 victimes. Le maire de la ville, comme son homologue de la commune voisine de Villegailhenc (dont la moitié des foyers a été touchée par la crue), est face à un nouveau défi : modifier l’urbanisme pour privilégier la sécurité des populations. Il s’agit rien moins que d’un changement de paradigme : faire passer la prise en compte du dérèglement climatique avant la question du développement économique et démographique.

Sale temps pour la planète : Aude, l'eau dans tous ses états

Documentaire (2024 – inédit) – Un film de Morad Ait-Habbouche – Production Elle Est Pas Belle La Vie ! / MAH Production – Avec la participation de France Télévisions

Diffusion lundi 3 juin à 21.05 sur France 5
À voir et à revoir sur france.tv

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Publié par Christophe Kechroud-Gibassier le 03 juin 2024