« Opéra de Paris : Roméo, Juliette, Thomas et les autres »

Thomas Jolly revisite « Roméo et Juliette » de Charles Gounod

France 5

Arts & spectacles

Après les marathons shakespeariens de « Henry VI » et « Richard III » et la reprise de « Starmania », avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympique de Paris, le metteur en scène Thomas Jolly s’attaquait pour la saison 2022-2023 de l’Opéra Bastille à Paris à l’un des chefs-d’œuvre lyriques du XIXe siècle. La réalisatrice Priscilla Pizzato nous dévoile les coulisses de cette création. Vendredi 5 juillet à 21.10 sur France 5.


S’il y a une intrigue avec laquelle on ne peut plus guère ménager le moindre suspense, c’est bien la navrante histoire des deux amants de Vérone. Aussi, au premier jour des répétitions, exposant à son équipe artistique l’un des grands principes du théâtre anglais du XVIIe siècle – notamment celui de Shakespeare –, le metteur en scène Thomas Jolly résume bien l’enjeu du travail à venir. La question n’est pas (puisqu’on le sait déjà) : qu’est-ce qu’il va se passer ? Mais : comment cela va-t-il se passer ? Il fallut un an de labeur – dont la documentariste Priscilla Pizzato fait en une heure vingt la chronique – pour définir patiemment ce « comment » : depuis la présentation des maquettes du décor pivotant jusqu’à la première représentation publique, en passant par la sélection des danseurs, le travail sur la chorégraphie, sur les costumes, sur les lumières, le dialogue avec les musiciens – notamment le chef Carlo Rizzi –, les indications de jeu données aux chanteurs, en particulier la soprano Elsa Dreisig et le ténor Benjamin Bernheim dans les rôles-titres.
C’est ce qui rend passionnante cette chronique de création, cette plongée à la fois dans le cerveau d’un metteur en scène bouillonnant et dans le ventre d’une grande machine compliquée et merveilleuse. « L’Opéra, c’est comme un immense paquebot, à la fois majestueux et puissant. Mais le faire virer, ce n’est pas simple. […] Il y a tellement de monde à coordonner, avec des fonctionnements différents, avec des histoires différentes. » Un navire au sein duquel on doit souvent faire preuve de diplomatie, savoir négocier. Qu’importe, Thomas Jolly a la mine d’un gamin à qui l’on aurait offert un train électrique géant. Il arrive qu’il s’impatiente ou s’agace : trop lent — « Moi, ce qui m’intéresse, c’est de faire tzz, tzz, tzz, partout, partout, partout ! » —, trop de contraintes techniques, une lumière gêne les musiciens pour la lecture de leur partition, Roméo et Juliette perdent de vue le chef d’orchestre, une idée ne fonctionne pas — « Ça me soûle ! Ça me soûle ! »… Mais le voilà bientôt ému aux larmes : « On n’est pas loin de faire un truc très très beau, là ! Ça va marcher de ouf ! »
« L’opéra est un art impossible, répète le metteur en scène, c’est pour ça qu’il est magnifique. » Impossible, et pourtant… Son Roméo et Juliette est à la croisée de l’opéra du Second Empire, du théâtre élisabéthain – « un théâtre de foire », dit-il, vrai, direct, qui avoue sa théâtralité – et du cinéma de Tim Burton : un objet étrange et inquiétant, à la fois gothique, savant et ludique. Ses masques et ses gazes qui volent, légères comme des méduses, sont de l’étoffe dont sont faits les rêves…

Fans de culture
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DR

 

Roméo et Juliette : teaser

 

Opéra de Paris : Roméo, Juliette, Thomas et les autres

Opéra (inédit – 2023 – 77 min) – Réalisation Priscilla Pizzato – Montage Yohann Le Rallier – Musique originale Matteo Locasciulli, Thomas Nicholas et Mattia Feliciani – Production Ex Nihilo – En coproduction avec l’Opéra National de Paris – En association avec Cinémage 18 – Avec la participation du CNC et de France Télévisions

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Publié le 05 juillet 2024