C’est un cri d’alarme qui a secoué la France entière : près de quarante ans après leur création par Coluche, les Restos du Cœur ont bien failli mettre la clef sous la porte l’an dernier, étranglés par l’inflation et l’afflux de bénéficiaires. Ce film coup de poing, porté par des bénévoles engagés et les Enfoirés de la première heure, donne la parole aux plus précaires. Cette France qui souffre mais tient bon. À voir mardi 19 novembre à 21.05 sur France 2 et sur france.tv.
On est le thermomètre de la France : on sait tout de suite si ça va mieux ou si ça va moins bien.
Pascal, bénévole, Restos du Cœur de Dordogne
À l’heure où neuf millions de personnes vivent toujours sous le seuil de pauvreté, les Restos du Cœur sont un pilier de la solidarité nationale, amortisseur de crises et baromètre de la santé économique du pays. Mais, en 2023, le signal d’alarme retentit : « 150 000 personnes pourraient être éconduites cet hiver et l’association pourrait même fermer d’ici trois ans. »
Coluche aurait-il pu imaginer une telle situation lorsque l’idée lui vient de lancer cette cantine pour les plus démunis en 1985 ? Le 26 septembre, il lance son appel : « Si des fois y a des marques qui m’entendent, si y a des gens qui sont intéressés par sponsorer une cantine gratuite… » Le public le soutient massivement, puis il réussit à convaincre le ministre de l’Agriculture, Henri Nallet. Le 21 décembre, les 600 premiers repas sont servis gratuitement sous un chapiteau à Gennevilliers.
Quatre décennies plus tard, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5 000 bénévoles en 1986 pour 20 000 repas distribués. En 2024, ils sont 100 000 pour 170 millions de repas… Quarante ans de misère « au pays de la bouffe », comme disait Coluche, tandis qu’un Français sur six déclare aujourd’hui ne pas manger à sa faim. « La manivelle des pauvres », selon son expression, n’a jamais autant tourné… au risque de se briser.
La solitude, c’est difficile à gérer. La faim, vous pouvez pas. Vous avez faim toute la journée.
David, bénéficiaire, qui a passé 7 mois au bord d’une rivière
Cette année, l’association préférée des Français lance sa 40e campagne avec une priorité : les enfants. Accompagner les mères célibataires, en première ligne dans le combat contre la pauvreté, pour en finir avec cette succession terrifiante des « générations Restos ». Depuis les années 1980, la proportion des familles monoparentales, souvent portées par les « mamans solos », a fortement augmenté. « Les protections sociales et les aides publiques n’ont pas suivi cette évolution. » Aujourd’hui, un enfant sur cinq en France vit dans la pauvreté. Pour les Restos, il y a urgence : faire en sorte que les bébés d’aujourd’hui ne soient pas les bénéficiaires de demain.
On tombe vite au fond du trou. Quand il vous reste 40 € pour nourrir une enfant de 3 ans, c’est pas top…
Shaïna, mère trentenaire
Alors que la pauvreté s’aggrave dans notre pays, et que les privations dans des domaines essentiels touchent toutes les générations, ce film éclairant raconte l’épopée des Restos du Cœur, cette « petite idée comme ça » devenue une machine de guerre. Il offre des témoignages forts sur l’histoire de cette aventure humaine lancée par Coluche et le rôle vital joué, encore aujourd’hui, par cette association d’utilité publique pour les plus précaires. Avec la participation exceptionnelle des Enfoirés des débuts et actuels : Michel Platini, Nathalie Baye, Jean-Louis Aubert, Patrick Bruel, Jean-Jacques Goldman, Romain Colucci, Soprano ou encore Thierry Marx.
Je suis pas un nouveau riche, je suis un ancien pauvre.
Coluche
Extraits
« Quand Coluche parle des Restos pour la première fois à la télé, je vois les yeux de ma mère… Pour elle, quelqu’un comme Coluche, c’est un ange tombé du ciel ! » Soprano, ancien bénéficiaire avec sa famille
« J’ai connu la faim… Ma fille m’a dit : “Va aux Restos du Cœur” et j’ai ressorti la tête de l’eau… J’ai deux familles : les Restos et ma famille. » Christian, ancien bénéficiaire des Restos, devenu bénévole
« Qu’est-ce qui va faire qu’une personne va se trouver à la rue et que l’autre va éviter la rue ? C’est sa fragilité mentale. » Martin Hirsch, ancien haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté
« Les Restos du cœur ont une valeur essentielle : c’est l’inconditionnalité de l’accueil et l’absence de jugement. » Patrice Douret, président bénévole des Restos du Cœur
« Les injonctions au travail, c’est de l’eau sur une toile cirée. Et quand vous êtes un travailleur professionnel, vous avez la double peine si vous ne pouvez pas faire vivre votre famille de votre travail. Ce sentiment est terrifiant. » Thierry Marx, chef cuisinier étoilé
« La vraie raison d’être des Restos du Cœur est d’accompagner… L’idée c’est quand même de faire en sorte que les gens sortent le plus rapidement possible de l’association. » Pascal, bénévole
« On ne peut mettre à l’abri que les familles avec des enfants de moins de3 ans. On en est là ! » Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre
« Même au bout de trente ans, je ne suis pas blindée. Il y a toujours des situations qui nous mettent dans la tristesse. Le jour où on est blindé, je pense qu’il faut arrêter d’aller vers les autres. » Elisabeth, bénévole
Restos du Cœur, 40 ans de solidarité en France
Documentaire (90 min – 2024 – inédit) – Un film de Marie Lorand et Yannick Saillet – Production Maximal Productions (Groupe Mediawan) en coproduction avec France Télévisions
Restos du Cœur, 40 ans de solidarité en France est diffusé mardi 19 novembre à 21.05 sur France 2
À voir et revoir sur france.tv
Suivi d’Infrarouge à 22.40 : Le Début de la faim
puis de 25 nuances de doc à 23.40 : The Neon People