Nicole Kidman sur france.tv
« The Hours » et « Le Pacificateur » : deux rôles opposés et pourtant sur mesure pour l’actrice caméléon
France.tv
Cinéma
Qu’est-ce qu’une actrice caméléon ? La réponse en deux rôles aussi diamétralement opposés qu’également savoureux : dans « The Hours » de Stephen Daldry, Nicole Kidman incarne une Virginia Woolf tourmentée ; dans « Le Pacificateur », thriller d’action de Mimi Leder, elle se mue en experte en désarmement nucléaire. Deux films, deux ambiances, une même incandescence. À (re)voir dès le 24 avril sur france.tv.
De son Australie natale (où elle fait des débuts remarqués à la fin des années 1980, notamment dans Calme blanc de Phillip Noyce) à Hollywood (où, depuis trente ans, elle alterne avec une aisance stupéfiante blockbusters et films indépendants), Nicole Kidman a su imposer à l’écran une présence à part, tout à la fois diaphane et magnétique, ingénue et malicieuse.
Dès son premier grand rôle américain (Prête à tout de Gus Van Sant, en 1995), elle avait donné le ton, déjouant tous les clichés hollywoodiens auxquels sa plastique aurait pu la cantonner (simple faire-valoir du héros masculin, blonde potiche, femme fatale sulfureuse) pour annoncer une carrière audacieuse, personnelle, farouchement éclectique.
On ne trouve pas la paix en fuyant la vie.
Nicole Kidman en Virginia Woolf dans « The Hours »
N’hésitant pas à casser son image de star sophistiquée, elle va même jusqu’à porter une prothèse nasale en 2002 pour approcher au plus près la vérité de son personnage. Le film ? The Hours de Stephen Daldry. Le rôle ? Virginia Woolf. Le résultat ? Une pluie de récompenses (Oscar de la meilleure actrice, Golden Globe, Prix d’interprétation au Festival de Berlin).
Dans un savant montage parallèle, tout en jeu d’échos et de transparences, le film entremêle, en trois lieux et époques différents, le quotidien de trois femmes. Nicole Kidman y est Virginia Woolf, saisie là en pleine écriture – tourmentée – de son chef-d’œuvre, Mrs Dalloway. Elle partage l’affiche avec Julianne Moore, en mère au foyer des années 1950, et avec Meryl Streep, en éditrice lesbienne du XXIe siècle au chevet de son ami malade du sida.
Toutes trois dessinent, à l’ombre de la figure mélancolique mais déterminée de Mrs Dalloway, le délicat portrait – composite, sans cesse réactualisé – d’une femme prisonnière de la société autant que d’elle-même. Ce qu’on appelle un film en état de grâce.
Il me faut un officier de liaison ayant des contacts avec les Russes. Assurez-vous qu’il accepte les ordres d’une femme.
Nicole Kidman en Julia Kelly dans « Le Pacificateur »
Nicole Kidman, côté pile et côté face : si The Hours marque un des sommets de sa carrière, tendance cinéma d’auteur sensible, féministe et engagé, Le Pacificateur en serait plutôt le revers testostéronné, explosif et manichéen. Réalisé quinze ans plus tôt par Mimi Leder (Deep Impact), le film coche toutes les cases du blockbuster 90’s ultra-efficace, avec terroristes russes bas du front et agents américains aux yeux doux. Alors que les accords Start de 1997 mettent fin à cinquante ans de guerre froide et que la Russie s’engage à désactiver ses stocks d’armes nucléaires, une dizaine de missiles russes est volée. En urgence, Washington dépêche sur le terrain sa meilleure experte en sécurité (Nicole Kidman, donc) et un agent des services spéciaux (George Clooney en pleine période Urgences). Nicole Kidman traverse l’ensemble du film sans jamais froisser son tailleur ni décoiffer sa frange : ça manque, certes, quelque peu de finesse, mais son regard de braise et son sourire en coin – sans parler de sa complicité, palpable, avec George Clooney – témoignent de toute sa détermination d’interprète et de toute l’étendue d’un talent décidément inclassable.
Rares sont les actrices aussi caméléon, impressionnante dans le film d’action autant que dans le drame intimiste, à même d’enchaîner – et d’y rester crédible ! – les succès populaires (ajoutons à la liste, en vrac, Jour de tonnerre, Australia, Batman Forever, À la croisée des mondes…), tout en inspirant en parallèle les plus grands auteurs (liste tout aussi non exhaustive : Stanley Kubrick pour Eyes Wide Shut en 1999, Alejandro Amenábar pour Les Autres en 2001, Lars Von Trier pour Dogville en 2003, Jonathan Glazer pour Birth en 2004, Park Chan-wook pour Stoker en 2013, Yórgos Lánthimos pour Mise à mort du cerf sacré en 2017, Sofia Coppola pour Les Proies en 2018).
Nicole Kidman sur france.tv
The Hours
Dans la banlieue de Londres, au début des années 1920, Virginia Woolf lutte contre la folie qui la guette. Elle entame l’écriture de son grand roman, Mrs Dalloway. Plus de vingt ans après, à Los Angeles, Laura Brown lit cet ouvrage : une expérience si forte qu’elle songe à changer radicalement de vie. À New York, aujourd’hui, Clarissa Vaughn, version moderne de Mrs Dalloway, soutient Richard, un ami poète atteint du sida. Comment ces histoires vont-elles se rejoindre, comment ces trois femmes vont-elles former une seule et même chaîne ? La littérature est si puissante qu’un chef-d’œuvre peut, par-delà les époques, modifier irrévocablement l’existence de celles qui le côtoient.
Drame, romance (2002) – Réalisation Stephen Daldry – Déconseillé aux - 10 ans
Avec Nicole Kidman, Julianne Moore, Meryl Streep
Le Pacificateur
Alors que les accords Start mettent fin à cinquante ans de guerre froide et que la Russie s’engage à désactiver ses stocks d’armes nucléaires, une dizaine de missiles russes sont volés. Le docteur Julia Kelly, responsable de la sécurité nucléaire à Washington, se voit confier la direction des recherches. On lui adjoint un coéquipier aux méthodes très personnelles mais efficaces, le lieutenant-colonel Tom Devoe. Ils réussissent à récupérer la quasi-totalité des missiles. Mais l’un des terroristes, Vlado, s’échappe, emportant une ogive dans son sac à dos…
Action, thriller (1997) – Réalisation Mimi Leder – Déconseillé aux - 10 ans
Avec Nicole Kidman, George Clooney, Marcel Iures
The Hours et Le Pacificateur sont disponibles dès le jeudi 24 avril sur france.tv