« Miel : un “buzziness” florissant »

Miel à tout prix

France 5

Documentaire

Il fait partie, avec l’huile d’olive et le parmesan, des trois aliments les plus contrefaits au monde. Sachant que nous en consommons 45 000 tonnes par an, dont environ 30 000 tonnes importées, et que celles sans qui cet or liquide n’existerait pas sont de plus en plus malmenées, à quel miel se vouer pour consommer un produit authentique et de qualité ? Réponses mardi 15 avril à 21.05 sur France 5.

« Miel : un “buzziness” florissant ». © Margaux Bachelier

Le gros intérêt de l’abeille noire, c’est qu’elle est résiliente, n’a pas besoin d’être nourrie, et puis elle a l’habitude d’avoir des conditions d’existence difficiles, parce qu’elle a survécu à deux glaciations, donc elle est adaptée à son milieu.

Norbert Bourgeois, vice-président du conservatoire d’Ouessant

Prenez le miel, à moins d’en détester le goût ou la texture, il est probable qu’il figure en bonne place dans votre cuisine. Si vous êtes un fin connaisseur, vous possédez sans doute plusieurs pots contenant du miel monofloral, polyfloral, de printemps ou d’été. Peut-être même ne jurez-vous que par celui de châtaignier, de sarrasin, de romarin ou de lavande. Bref, entre le miel et vous, c’est un amour sans faille. Une relation qu’on ne voudrait pour rien au monde ternir. Seulement ce monde idéal sans faux-semblants auquel nous aspirons tous n’existe pas. Il arrive donc qu’il y ait tromperie sur la marchandise et que ce précieux nectar, consommé avec plus ou moins d’avidité, ne soit pas tout à fait ce qu’il prétend être. Puisque le miel est l’un des trois produits les plus contrefaits au monde et que la demande ne cesse d’augmenter, autant savoir à quoi s’attendre lorsqu’on ne s’adresse pas à ses apiculteurs préférés ou ses magasins attitrés. 
Chez les Michaud, on vend du miel depuis cent ans et on n’hésite pas à se fournir à l’étranger pour réaliser certains assemblages. « L’origine géographique ne fait pas la qualité d’un miel, précise Marie Lecal-Michaud. Chaque territoire a ses spécificités. Le meilleur miel de lavande, vous allez l’avoir en Provence. Le meilleur miel d’oranger, vous l’aurez en Espagne. » Si l’explication est parfaitement entendable, se fournir à l’étranger a un autre avantage, comme le précise l’apiculteur Christophe Vossier, qui a collaboré pendant des années avec des négociants français : « Quand on importe des miels a moins de 2 euros le kilo, nous, on ne peut pas lutter, même à 4,50, on est deux fois et demie plus cher, donc cela ne les intéresse pas. » Conséquence, la majorité du miel consommé en France n’est pas produit chez nous (s’il n’y avait que cela). De quoi être tenté de regarder l’étiquetage des pots d’un plus près avant de passer en caisse. Cela tombe bien car une révision des règles existantes sur la composition, l’étiquetage et la production du miel a été décidée conjointement par le Parlement européen et le Conseil en 2024. Au plus tard en 2026, « il sera obligatoire de lister les pays d’origine, par ordre décroissant, ainsi que le pourcentage du produit qui en provient. L’UE souhaite améliorer les contrôles et mettre au point des méthodes de détection pour éviter que certains producteurs ajoutent du sucre aux produits à base de miel. Un système de traçabilité sera aussi introduit afin de permettre de remonter jusqu’à un apiculteur ou un importateur donné. » De quoi permettre à chacun de s’y retrouver et d’acheter ses pots en toute connaissance de cause.

On essaie d’avoir un temps d’avance sur les fraudeurs, mais c’est loin d’être simple, parce qu’ils ne cessent de faire évoluer leurs techniques. C’est une course de fond qui ne s’arrêtera jamais mais on ne peut qu’essayer de garder le rythme face à la fraude. 

Jannick Grooten, enquêteur à l’Office européen de lutte antifraude (OLAF)

L’homme et l’abeille : une « lune de miel » qui date du néolithique !

« L’attrait de l’homme pour le miel est extrêmement ancien. Dès le mésolithique, les gourmands endurent les piqûres pour dérober aux abeilles leur miel : c’est ce que révèlent les peintures rupestres, datées de 8 000 ans environ, des cuevas de la Araña (grottes de l’Araignée), à Bicorp, en Espagne. La domestication des abeilles a probablement débuté peu après, au néolithique, quand l’homme s’est sédentarisé et a commencé à cultiver la terre. »
Source : L’abeille, sentinelle de l’environnement

Je n’ai pas pu faire de récolte de printemps (...). Pour le peu que j’avais, j’ai préféré le laisser aux abeilles et c’est vrai que l’été a été tellement pluvieux que la ronce n’a pas donné. On est plutôt sur du châtaignier qui a marché pendant dix jours.

Gwendal Danse, apiculteur, président de l’association Les miels de Bretagne
Carte présentant les principales zones de récolte de miel dans l'hexagone
© ADA France

Pour aller plus loin. Podcast. Franceinfo junior : Comment les abeilles font-elles du miel ?

Illustration du podcast

Au Ve siècle avant J.-C., Hippocrate, célèbre médecin grec, prescrivait du miel pour lutter contre la fièvre et les infections respiratoires, soigner les blessures cutanées, les brûlures d’estomac et ralentir les effets du vieillissement.

L’abeille, sentinelle de l’environnement 

Miel : un « buzziness » florissant

Avec 45 000 tonnes de miel consommées chaque année, nous figurons parmi les plus grands amateurs de miel en Europe. Alors que les apiculteurs français peinent à écouler leur production, un rapport de l’Union européenne publié en 2023 a fait l’effet d’une bombe : sur 320 échantillons de miels étrangers suspects, près de la moitié contenaient des sirops de sucre. Une fraude massive, orchestrée à l’échelle mondiale ! Pour y faire face et restaurer la confiance des consommateurs, l’Union européenne prévoit d’améliorer la transparence de l’étiquetage d’ici à 2026.
Mais le véritable changement viendra sans doute des consommateurs eux-mêmes. De plus en plus méfiants face aux produits importés, ils cherchent des garanties et se tournent vers des circuits courts. Ainsi des labels et des initiatives locales émergentes pour garantir un miel authentique et traçable. Alors, comment être sûr de la qualité du miel que l’on achète et éviter les arnaques ? Depuis le conservatoire de l’abeille noire d’Ouessant, au large de la mer d’Iroise, jusqu’aux docks du port de Barcelone, en passant par les ruchers des grands industriels, plongée au cœur du business du miel. 

Documentaire (52 min – 2025 – inédit) – Autrices et réalisatrices Valentine Amado et Daphné Mistral Bernard – Production Taleseed, avec la participation de France Télévisions

Ce documentaire est diffusé mardi 15 avril à 21.05 sur France 5
Miel : un « buzziness » florissant est à voir et revoir sur france.tv 

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Publié le 05 avril 2025