« Une chambre à elle » et « La Pouponnière »

Enfances en danger

France 3

Documentaire

Racha est une adolescente qui ne bénéficie pas encore d’un logement décent. Les enfants du foyer pouponnière de Caen ont été retirés, parfois bébés, à leurs parents par la justice. Un même thème dans ce numéro de « L'Heure D », deux regards et deux chroniques douces-amères concernant le sujet de l'enfance. Mercredi 24 juillet à 23.50 sur France 3.

« Une chambre à elle » © Babel

« Vous êtes au 115 du Val-de-Marne, numéro d’appel gratuit pour les personnes sans abri. Merci de patienter, nous allons prendre votre appel. Le temps d’attente estimé est de... une heure. » Pour Racha, son jeune frère Farès et leur mère, cela fait bien longtemps que l’attente a dépassé une heure. Racha a 15 ans, elle rêve de réussir sa scolarité – c’est bien parti : elle entre en seconde après avoir obtenu la mention « très bien » au brevet –, elle rêve d’être arbitre de handball et surtout elle rêve d’avoir une chambre à elle. Cela voudrait dire ne plus vivre à trois dans 9 m2 et quitter l’hébergement d’urgence où elle vit depuis trois ans, une chambre d’« hôtel » insalubre sans cuisine, mais avec cafards et voisins alcoolisés. La mère de Racha, pourtant, travaille comme esthéticienne dans un salon et a un CDI. Mais quand on gagne le smic, aucune chance d’obtenir un logement.
Au parc, pendant un moment de détente avec deux de ses copines d’école, l’adolescente a décidé de révéler son secret. Silence interloqué. Les deux copines sont sous le choc, elles ne se doutaient de rien. C’est que le mal-logement est un fléau largement invisible. Un rapport récent de l’Unicef avance pourtant que 42 000 enfants en France sont hébergés en situation d’urgence, dont 30 000 en hôtels. Au mépris des droits que la loi leur reconnaît.
Au club de handball, son coach conseille à Racha de se reposer un peu. Elle avoue qu’elle est fatiguée et qu’elle a du mal à se concentrer. « Je sais que je suis forte mais j’ai des limites. » Il faut dire qu’elle se démène sur tous les fronts. Du lycée – où elle crée avec l’appui de la conseillère principale d’éducation une association d’aide aux mal-logés – à la Maison des femmes d’Ivry-sur-Seine, qu’elle fréquente depuis plusieurs années avec sa mère ; du rectorat de Créteil, où elle manifeste à l’appel d’un collectif d’aide aux familles à la rue, jusqu’à l’Assemblé nationale, où Racha, avec quelques autres, est auditionnée par une députée, la caméra de Lisa Monin suit avec empathie les pas de cette militante déjà aguerrie. On en oublie parfois qu’elle n’a que 15 ans, un âge où on ne devrait pas être obligé de grandir si vite.

« La Pouponnière »
« La Pouponnière »
© Paper Moon

Le foyer pouponnière de Fleury-sur-Orne, près de Caen, est une structure d’accueil d’urgence relevant de l’Aide sociale à l’enfance qui héberge une quarantaine d’enfants de 0 à 6 ans. Dans 95 % des cas, ils ont été confiés au foyer par le procureur ou le juge pour enfants qui ont estimé qu’il y avait un danger pour eux à demeurer avec leurs parents. Pour les 5 % restant, il s’agit d’une aide de courte durée offerte à des parents qui ont des difficultés temporaires pour accompagner leurs enfants au quotidien – le foyer, justement, s’apprête à accueillir deux gamins dont la mère, seule, va accoucher.
Autant dire que, pour beaucoup d’entre eux, les jeunes résidents de la pouponnière ont connu des moments difficiles. Certains ont été témoins, ou même victimes, de violences, y compris sexuelles. Jour et nuit se relaie à leurs côtés une équipe pluridisciplinaire d’une soixantaine de personnes – éducateurs, auxiliaires de puériculture, infirmières, moniteurs, psychologues, agents techniques, etc. Ici, on offre non seulement un abri et la sécurité, mais aussi un cadre, de la douceur, une parole. On donne le bain, on câline, on rassure, on chante des chansons, on explique, on soigne, on accueille les parents en visite, on aide un père maladroit dans ses gestes à l’égard d’un nourrisson, et surtout « on n’est pas juge ». Avec une grande délicatesse, ce qu’il faut de distance et une grande finesse pour contourner les contraintes techniques – pas question, évidemment, de filmer les visages des enfants et de leurs parents –, Julie Lerat-Gersan donne à voir le quotidien de professionnels qui tentent d’accompagner et d’adoucir des existences sur le fil.

> Voir : « L’Heure D, neuvième saison »
 

Une chambre à elle

Racha ne rentre pas chez elle après la fin des cours. Elle n’a pas de chez soi. À 15 ans, elle est hébergée dans une chambre de 9 m2 avec sa mère et son frère, dans un hôtel Formule 1 en région parisienne. Dans ces conditions, impossible pour elle d’avoir son intimité, alors même qu’elle traverse une période charnière, celle de l’adolescence. Comme 42 000 enfants en France, Racha est victime du mal-logement. Toutes les nuits elle en rêve, d’une chambre à elle.

Documentaire (2024 – inédit) • 52 min • Réalisation Lisa Monin • Production Babel, avec France 3 Paris Île-de-France

La Pouponnière

À la pouponnière de Caen, des professionnels se relaient auprès d’enfants de 0 à 6 ans placés sous ordonnance judiciaire. Ce lieu de vie accueille temporairement ces enfants dont la situation familiale préoccupante a conduit à une séparation. Nous suivons au quotidien les équipes dédiées à cette institution et confrontées au paradoxe d’incarner une stabilité matérielle et émotionnelle mais provisoire.

Documentaire (2024 – inédit) • 52 min • Réalisation Julie Lerat-Gersan • Production Paper Moon, avec France 3 Normandie

Diffusion mercredi 24 juillet dans L’Heure D, à 23.50 sur France 3
À voir et à revoir sur france.tv

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Publié le 07 juillet 2024