Il était deux fois

« Yeki boud, yeki naboud. » Ainsi débutent les contes persans. « Il y avait quelqu’un, il n’y avait personne. » Une formule magique qui, encore mieux que notre « Il était une fois », prévient d’emblée : peu importe le réel, seul compte l’émotion. « Gheyre khoda hichkas naboud » : « À part Dieu, il n’y avait personne »...
On connaissait les poupées russes, en voici une variante iranienne. Des récits en miroir, enchâssés, dialoguant entre eux par un jeu d’allers et retours permanents, impeccablement réglés et poétiques. Il y a d’une part, dans l’Iran des années 70, le destin de quatre jeunes gens idéalistes qui vont être entraînés chacun à sa manière dans le chaos de la fin de la dictature du Shah et de l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeini : Bijam, le musicien, Manijeh, l’étudiante en mathématiques, Sepideh, la paysanne, Manoucher, le révolutionnaire finalement touché par la foi... Il y a d’autre part, à Avoriaz, en 1999, deux familles qui s’apprêtent à fêter ensemble le réveillon du Nouvel An (celui du fameux bug de l’an 2000), Farouk (dit Jean Farouk) et son fils, et puis « Françoise », une immigrée iranienne et ses deux filles.
Au fil des va-et-vient entre passé et (presque) présent et des métamorphoses des six comédiens, les échos peu à peu grandissent : Téhéran, les chansons de Googoosh, des temps nouveaux qui devaient être radieux, les geôles du Shah devenues celles des islamistes et, plus loin encore, les amours tragiques et contrariées de Bijam et Manijeh, héros immortels de l’un des épisodes de Shânâmeh (leLivre des Rois), la monumentale épopée en vers du grand poète persan Ferdowsi (X^e siècle), et sur tout cela l’amertume et le tragique des séparations, de l’exil et des trahisons... Des histoires qui, peut-être, n’en font qu’une. « Yeki boud, yeki naboud »...

Voir la grille des programmes TV disponibles cette semaine