Mère et fille ne font pas toujours bon ménage

Que feriez-vous si l’un de vos parents, en vacances chez vous, s’imposait dans votre quotidien professionnel de peur de s’ennuyer sans vous ? Seriez-vous prêt à le/la laisser vous suivre heure après heure, jour après jour et l’entendre suggérer des idées à vos collègues ou questionner vos interlocuteurs ? Cette situation, la capitaine de gendarmerie Anna Lidman (alors en randonnée avec sa mère dans les monts du Myonnais) s’apprête à la vivre après qu’elle a été chargée d’enquêter sur l’homicide dont a été victime une célèbre pianiste.

Anna Lidman : C’est bon, maman, tu peux rentrer chez toi.
Catherine Lidman : D’abord, ce n’est pas chez moi, c’est chez toi. Et puis, je n’ai pas envie de rester toute seule pendant trois semaines.
Anna : C’est de ma faute si cette enquête me tombe dessus ?
Catherine : Non, mais je peux t’accompagner.
Anna : Non, pas du tout.
Catherine : Attends, je peux t’être très utile, mon chaton. Je connais Mylène Kalbat sur le bout des oreilles. Tiens, regarde (en montrant une photo d’elle en compagnie de la pianiste sur son téléphone portable). Je suis allée la voir il y a quatre jours à Paris en concert. Si ce n’est pas un signe, ça. Et en plus, j’avais pris des billets pour aller la voir cette semaine en concert à Lyon. Regarde (en lui donnant les billets), c’était une surprise. Et puis, ça fera un très joli article pour mon journal. Après, promis, demain je reste à la maison.
Anna : Maman, je ne peux pas t’emmener.
Catherine : C’est mon anniversaire quand même… T’as qu’à leur dire que tu m’offres un stage d’observation en cadeau.
Échanges entre la capitaine de gendarmerie Anna Lidman et sa mère, Catherine Lidman

Rester au centre de l’attention

En s’intéressant à l’entourage de la victime, Anna et sa mère (elle a réussi l’exploit d’être autorisée à suivre l’enquête en tant que journaliste) découvrent une femme manipulatrice, qui « voulait toujours être au centre de l’attention », comme l’explique Naomie Lejeune, son assistante. Tous s’accordent à dire qu’elle prenait un malin plaisir à vous humilier, à vous étouffer, à vous faire chanter. Personne pour émettre le moindre compliment. Un monstre, même avec sa fille unique, Claire Favin, à qui elle faisait vivre un enfer (au point qu’elle avait cessé d’être son assistante personnelle quelques années plus tôt). Était-ce pour lui faire payer d’avoir, enfant, choisi de vivre avec son père après le divorce de ses parents ou parce qu’elle n’avait pas souhaité marcher dans les pas de sa mère ? Pour Anna, dont les parents se sont aussi séparés lorsqu’elle était petite, difficile de ne pas voir certaines similitudes entre sa propre histoire et celle de Claire, même si, dans son cas, elle ne sait pas si son père lui a un jour reproché d’avoir choisi de rester vivre avec sa mère. Se pourrait-il que cette affaire réussisse à rebattre les cartes de sa relation avec sa mère, qu’elle juge parfois toxique. Se pourrait-il qu’enfin elles parviennent à se dire réellement les choses sans craindre la réaction de l’autre ?

Maman, qu’est-ce qui t’a pris ? Tu ne peux pas interférer dans ma vie comme ça.

Anna à sa mère

Alors, je suis la mère de la capitaine Lidman, mais « undercover » (elle fait le signe des guillemets en prononçant ce mot).

Catherine aux coéquipiers de sa fille