Durant l’occupation allemande, en Dordogne, un couple aide des réfugiés à passer la ligne de démarcation, puis accepte de cacher des enfants juifs. Jérôme Tonnerre et Valérie Zenatti (au scénario), Fabien Onteniente (à la caméra) adaptent un bouleversant roman de Christian Signol. Avec Mathilde Seigner et Gérard Lanvin, jeudi 1er août à 20.45 sur France 5.
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Blanche et Virgile Laborie (Mathilde Seigner et Gérard Lanvin) sont des taiseux, pas vraiment portés aux épanchements. Un couple vieillissant, uni dans le manque : pas d’enfants, peu de mots et pas beaucoup de considération pour les temps qu’ils sont en train de vivre. On est en 1942, sur les bords de la Dordogne. La France est coupée en deux pour quelques mois encore. Au nord, la zone occupée par les soldats allemands ; au sud, la zone dite « libre » et les flics de Vichy. Les Laborie habitent du « bon » côté mais se méfient de tous les uniformes, des profiteurs, des trouillards, des indiscrets, des bavards. Quand le docteur Dujarric (Philippe Torreton) demande à Virgile son aide (et sa barque) pour faire passer des gens d’une zone à l’autre, celui-ci ne fait pas de difficultés. Quand Dujarric leur demandera d’héberger quelque temps une gamine juive, ils n’en feront pas davantage. Une enfant, pensez donc. Dans cette histoire d’héroïsme sans bruit, on pense à ce que George Orwell appelait la « décence ordinaire », un sens immédiat, têtu et sans discours de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas.
Christian Signol est loin d’être inconnu des téléspectateurs de fictions. On se souvient de La Rivière Espérance (1995), La Clé des champs (1998), L’Enfant des terres blondes (1999). On ne se hasardera pas davantage à présenter Fabien Onteniente (Jet Set, Camping, etc.), qui signe l’adaptation du roman du précédent (réalisation et scénario, avec Jérôme Tonnerre et Valérie Zenatti), mais, pour être franc, on ne s’attendait guère à associer un jour leurs deux noms. Et pourtant... « 1940-1945 : j’ai toujours été passionné par cette période de l’histoire, confie le réalisateur, d’abord à l’école puis au cinéma : L’Armée des ombres, Lacombe Lucien, La Traversée de Paris, Monsieur Klein, Monsieur Batignole… Ce moment sombre a révélé les caractères. Je me suis toujours posé cette question : qu’aurions-nous fait ? J’avais depuis bien longtemps l’idée de faire mon film de guerre, de raconter la petite histoire dans la grande histoire. J’ai acheté de nombreux livres sur le sujet, été visité les sites du Débarquement, et puis je suis tombé sur le roman de Christian Signol. Le confinement est passé par là, la réflexion, le temps suspendu... Vivons nos rêves… Thierry Langlois, qui a toujours été persuadé que je pouvais franchir le gué de la comédie et faire un film d’émotion, m’a dit : "Fonce !". Il ne restait plus qu’à trouver mon couple de Justes. J’ai appelé deux acteurs que j’adore : Mathilde Seigner – qui pour moi est dans la lignée des Signoret et Girardot – et Gérard Lanvin, dont le caractère bien trempé à la Ventura pouvait camper un grand Virgile. »
Les Enfants des Justes
En 1942, dans le département de la Dordogne, la ligne de démarcation croise le cours de la rivière. La ferme des Laborie se situe à deux pas, et Virgile, n’écoutant que son cœur, ne refuse jamais sa barque à ceux qui tentent de passer en zone libre. Et lorsqu’on propose à Virgile et Blanche, qui n’ont jamais pu avoir d’enfant, de cacher Sarah et Simon, deux enfants juifs perdus dans la tourmente, ils accueillent les petits réfugiés comme un don du ciel. Au fil des jours se nouent entre eux des liens indéfectibles, malgré les contrôles incessants, les trahisons et les dénonciations.
Fiction (2022) – Durée 90 min – Réalisation Fabien Onteniente – Scénario Jérôme Tonnerre, Valérie Zenatti et Fabien Onteniente – D’après le roman de Christian Signol Les Enfants des Justes (Éditions Albin Michel) – Production 3e Œil Story, avec la participation de France Télévisions
Distribution : Mathilde Seigner (Blanche), Gérard Lanvin (Virgile), Philippe Torreton (le docteur Dujarric), Danièle Lebrun (Mme Weisemann), François Bureloup (Le Trochu), Cyril Lecomte (M. Lespinasse), Sophie Guillemin (Mme Lespinasse), Wolfgang Pissors (l’officier), Héléna Soubeyrand (Dora), Anton von Lucke (Werner)