Un éclairage indispensable sur la situation au Proche-Orient

8 décembre 2024. En à peine onze jours, une coalition de combattants rebelles syriens menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) s'empare des principales villes du pays et, prenant le contrôle de Damas, met fin à cinquante-quatre ans de dictature et près de quinze ans d'une guerre civile née de la répression sanglante du Printemps arabe de 2011. Fuyant clandestinement en Russie, l'ex-leader Bachar al-Assad scelle alors la chute définitive de son clan, dominé dans les années 1970 par son père Hafez al-Assad, auquel il a succédé en 2000, perpétuant avec les siens (sa femme, ses frères, ses proches) un mode de gouvernance régi par la terreur, la corruption, la répression et les exactions — tout en n’ayant de cesse de se chercher une respectabilité sur la scène internationale, notamment en invoquant la lutte contre l'État islamique, basé sur son territoire.
Sous son règne, l'inflation a atteint des taux records (laissant 14,5 millions de Syriens sous le seuil de pauvreté), plus de 500 000 personnes ont été tuées, 100 000 portées disparues et plus de 6 millions de Syriens ont été contraints à l'exil. Comment le clan al-Assad a-t-il transformé un pays épris de libertés en un narco-État autocratique et sanguinaire ? Comment un tel régime a-t-il pu accéder et se maintenir au pouvoir ? Quels rôles ont joué ses alliés russe et iranien ? Et comment a-t-il pu, si rapidement, s'écrouler ?

Nous avons beaucoup de rêves et d'aspirations, [...] mais, en réalité, la situation est très floue et nous fait très peur. [...] Nous sommes libérés de la barbarie politique et totalitaire. Nous n'avons pas envie de tomber dans un totalitarisme religieux.

Lujain, médecin et activiste

Tourné avant et après la fuite du tristement célèbre « boucher de Damas », ce documentaire choc aborde ces questions géopolitiques à hauteur d'homme. En Syrie, en Israël, en Jordanie, au Liban et en France, la journaliste et écrivain Édith Bouvier, qui couvre la guerre civile depuis plus de dix ans, a recueilli la parole des Syriennes et Syriens. Chacun raconte la peur, les menaces reçues, les deuils, les horreurs vécues ou vues. Elles et ils confient également les espoirs autant que les inquiétudes quant à l'avenir de leur pays — où certains retournent pour la première fois, devant la caméra pudique d'Edith Bouvier. 
Que va devenir par exemple Bassam qui, depuis le Liban, a consacré son exil à documenter les crimes du régime ? Et Lujain, la femme médecin qui rêvait de quitter le pays et panse désormais ses traumatismes en jouant dans une troupe de théâtre ? Et Faisal, le journaliste qui tournait clandestinement à Damas ? Quel pays veulent-ils bâtir ? Quel pays pourront-ils bâtir ?
À l'heure où le gouvernement de transition syrien multiplie les appels à l'unité après de nouvelles flambées de violence qui ravivent le spectre de la guerre civile (plus d'un millier de civils tués depuis le 6 mars, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme), ce documentaire, proposé par « Le Monde en face », apporte un éclairage indispensable sur la situation au Proche-Orient et s'impose comme un vibrant plaidoyer pour la concorde et la réconciliation. 

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