« Le Monde de Jamy – Plastique : comment lui dire adieu ? »

Et si l’une des solutions se trouvait dans les océans ?

France 5

Info & société

Depuis sa création au XXe siècle, il s’est imposé dans notre quotidien pour le meilleur et, hélas, pour le pire. Aujourd’hui, pour préserver notre environnement, il est devenu primordial de se passer du plastique. Encore faut-il trouver des solutions fiables et durables pour le remplacer sans craindre d’engendrer de nouveaux effets néfastes. Explications ce lundi 13 janvier à 21.05 sur France 5.

« Le Monde de Jamy – Plastique : comment lui dire adieu ? ». © Élephant

Depuis le début des années 1950, nous avons produit douze milliards de tonnes de plastique, dont la moitié ces vingt dernières années. Un tiers est toujours en circulation, provenant en partie du recyclage. Un autre tiers a été incinéré ou déposé en décharge. Le dernier tiers, lui, s’est perdu dans la nature.

Jamy Gourmaud

Il suffit de regarder autour de soi, de lire les étiquettes de nos vêtements, d’ouvrir nos sacs, placards ou réfrigérateurs pour convenir de l’omniprésence du plastique dans nos vies. Or, ce matériau, qui a révolutionné notre quotidien, avouons-le, a pour principal défaut de se disloquer lentement en de minuscules morceaux s’il se retrouve abandonné dans la nature. Ce qui, reconnaissons-le, arrive bien trop souvent. Si des mesures ont été prises pour mieux le recycler, il reste encore des efforts à faire pour en limiter l’utilisation et surtout éviter de le voir s’échouer sur nos trottoirs, dans nos océans, nos champs, nos montagnes, nos rivières et même dans l’air que nous respirons.
Pour mieux réaliser combien il est urgent de se défaire de nos habitudes et de nos usages en matière de plastique, Jamy Gourmaud a emboîté le pas de ceux qui le traquent, l’étudient et cherchent des solutions pour s’en passer durablement. Parce qu’il en va de notre futur, et aussi de notre santé, et qu’il existe des solutions simples et à notre portée pour éviter que ces déchets plastiques polluent notre environnement. Effectivement, en découvrant certaines images, on peut légitimement se demander comment, nous, simples citoyens, pouvons inverser la donne, et pourtant c’est bien en agissant individuellement que nous réussirons collectivement à limiter notre impact et à imposer aux industriels de nous proposer des produits de remplacement fiables, résistants, recyclables et/ou dégradables.

À la base, je travaillais dans le plastique (...). Une fois dans l’usine, face à ces lignes de conditionnement où on voit passer des centaines de produits par minute, ça fait peur de voir la quantité de plastique qu’on produit, et à un moment je me suis dit : « Je ne peux pas continuer à faire ça. » [J’ai repris] des études pour étudier l’innovation à Londres et c’est là que j’ai rencontré mon cofondateur. On a commencé ce petit projet (...) avec cette idée un peu folle [de vouloir] créer quelque chose qui soit vraiment inspiré de la nature pour trouver une alternative au plastique à usage unique. C’est pour cela qu’on aime les algues.

Pierre Paslier, cofondateur Notpla

Comment est fabriqué le plastique ?

« À la base, le plastique est fabriqué à partir d’unités fondamentales : les monomères. Ces derniers sont des molécules organiques, c’est-à-dire composées de carbone et d’hydrogène, et sont le plus souvent des dérivés des hydrocarbures. Pour faire du polyéthylène téréphtalate (PET) par exemple, on peut utiliser l’éthylène glycol et l’acide téréphtalique ; pour du polystyrène, du styrène. 
Pour parvenir au plastique, il faut “polymériser” ces molécules, c’est-à-dire faire tenir ensemble des milliers de répétitions pour former de longues macromolécules. Elles sont souvent décrites comme une succession de perles sur un collier. 
La matière plastique est formée de nombreux colliers qui s’agencent en trois dimensions et forment un réseau cristallin. C’est comme si les perles collaient toutes un peu les unes aux autres… tel un amas de spaghettis oublié dans la passoire. Le tout forme une masse compacte. “Et il faut beaucoup d’énergie pour casser les liaisons”, explique Audrey Moores, chimiste à l’Université McGill. D’où sa durabilité. 
De nombreux additifs peuvent être ajoutés aux polymères pour modifier les propriétés du plastique final, comme des agents moussants, des plastifiants (souples), des colorants, des agents stabilisants et des retardateurs de flammes. Il existe plus de 5 000 formulations de plastiques. »
Source : Québec science

Intervenants

Romain Tramoy, enseignant-chercheur (laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains) ; Jeroen Sonke, directeur de recherche CNRS (laboratoire Géosciences Environnement, Toulouse) ; Bogdan Muresan, chargé de recherche (laboratoire EASE, université Gustave Eiffel) ; Johnny Gasperi, directeur de recherche (laboratoire LEE, université Gustave Eiffel) ; Pierre Paslier, cofondateur Notpla ; Anne Broguet, responsable collecte individuelle (golfe du Morbihan, Vannes agglomération) ; Stéphanie Creton, responsable prévention sensibilisation (golfe du Morbihan, Vannes agglomération) ; Sylvain Colleaux, directeur cellule tri (groupe Paprec) ; Marie-Laure Bazerolle, centre Infineo (usine de recyclage Plastipak) ; Géraldine Gauvin, spécialiste réduction des emballages (éco-organisme Citeo) ; Nicolas Bériot, chercheur (université de Wageningen) ; Laura Zantis, doctorante (université de Leiden) ; Jeannette Le Paboul, maraîchère (Morbihan) ; Maët Le Lan, responsable station d’Auray (chambres d’agriculture de Bretagne) ; Maarten Van Der Zee, chercheur (université de Wageningen) ; Bertrand Swiderski, directeur RSE (Carrefour) ; Romain Zanna-Bellegarde, directeur de Loop France

Maarten Van Der Zee (montrant un échantillon) : C’est fabriqué avec du pétrole.
Jamy Gourmaud : C’est très résistant. On peut voir ce que cela donne au bout de six mois ?
Maarten Van Der Zee (soulevant le couvercle d’une boîte remplie de terre) : Je pense que l’échantillon a probablement disparu.
Jamy Gourmaud (regardant Maarten Van Der Zee fouiller la terre): Vous pensez qu’on ne trouvera rien ? Alors, on va chercher un petit peu. (Constatant qu’il ne trouve rien) L’échantillon a été totalement dégradé par les micro-organismes.
Maarten Van Der Zee : Complètement dégradé, en six mois.
Jamy Gourmaud : Alors c’est complètement contre-intuitif.
Maarten Van Der Zee : Les micro-organismes se fichent de la provenance. Si une molécule peut leur servir de nourriture, c’est la seule chose qui compte. Seule la chimie compte.
Jamy Gourmaud : Tout dépend de la manière dont chimiquement les polymères ont été assemblés les uns aux autres.

Échange entre Maarten Van Der Zee, chercheur à l’université de Wageningen, et Jamy Gourmaud

Le Monde de Jamy – Plastique : comment lui dire adieu ?

Dire adieu au plastique, mission impossible ? Il nous rend de grands services, mais il y a urgence à s’en débarrasser : chaque Français consomme, chaque année, 70 kg de plastique. À l’échelle nationale, cela représente plus de 5 millions de tonnes, le poids d’une centaine d’arcs de triomphe. 

Magazine (100 min - inédit) – Présentation Jamy Gourmaud – AuteursGabriel MartiarenaFrançois Ducroux et Jamy Gourmaud – Réalisation Gabriel Martiarena et Mathieu Duboscq – Compositeur Jérémy Raux – Production Elephant et France TV Studio, avec la participation de France Télévisions – Avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée

Ce magazine est diffusé lundi 13 janvier à 21.05 sur France 5
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Publié le 04 janvier 2025