Hommage au maître de l’absurde par Claire Chazal, Michel Boujenah et leurs invités

Arpentant la scène de son dernier Olympia en 1999, avec son célèbre costume bleu et son inséparable nœud papillon, il présente au public une sorte d’accordéon : « Ça, c’est un concertina, l’instrument de l’alternance par excellence. » Avec sa gourmandise habituelle, l’œil pétillant, il enchaîne : « Quand on appuie à droite ça souffle à gauche. Et lorsqu’on appuie à gauche ça souffle à droite. Et à l’intérieur c’est du vent ! » Plus que jamais, en ces périodes politiques troublées et incertaines, l’humour de Raymond Devos apparaît salutaire. Vital, même. Non seulement ses sketchs n’ont pas pris une ride, mais ils gagnent, à chaque redécouverte, une densité nouvelle. Derrière l’image du trublion rondouillard, adorateur passionné des mots, se cachait un fin observateur de la société française, de ses travers et de ses névroses, maniant la dérision pour mieux chasser le dérisoire, usant du non-sens pour redonner sens à l’époque, jouant de l’absurde pour mieux dénoncer l’absurdité. « Parlons de la situation, tenez ! Sans précisez laquelle, s’amusait-il par exemple dans Parler pour ne rien dire. […] Il y a quelques mois, souvenez-vous, la situation, pour n’être pas pire que celle d’aujourd’hui, n’en était pas meilleure non plus. Déjà, nous allions vers la catastrophe et nous le savions. Nous en étions conscients. […] Oui, la catastrophe, nous le pensions, était pour demain. C’est-à-dire qu’en fait elle devait être pour aujourd’hui, si mes calculs sont justes… […] D’ailleurs, je vous signale entre parenthèses que si le gouvernement actuel n’est pas capable d’assurer la catastrophe, il est possible que l’opposition s’en empare. » Nous voilà prévenus…

J’ai un ami qui est xénophobe. C’est-à-dire qu’il ne peut pas supporter les étrangers. [...] Il les déteste à tel point que lorsqu’il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter !

Raymond Devos, Xénophobie

En cinquante ans de carrière, l’artiste franco-belge (« Un pied en Belgique et un pied en France : c’est pour cela que je marche les pieds écartés », confiait-il dans Il n’y a pas de quoi, son autobiographie) n’a cessé de régaler – et d’élever – son public avec ses jeux de mots, mimes, paradoxes et cocasseries poétiques. De ses premiers succès dans les cabarets parisiens de l’après-guerre (avec le soutien de Maurice Chevalier) aux triomphes des derniers Olympia, le comédien, disparu en 2006 à l’âge de 83 ans, a été une figure incontournable de la scène francophone. Régulièrement invité à la télévision, il a notamment fait les belles heures du Grand Échiquier de Jacques Chancel (comment oublier – se remettre de – sa reprise improvisée des Copains d’abord avec Georges Brassens, Lino Ventura et Les Compagnons de la chanson ?). Il est tout naturel que, ce soir, la nouvelle mouture de l’émission culte, présentée par Claire Chazal épaulée par Michel Boujenah et Dany Boon, lui rende l’hommage qui lui revient. Depuis le chapiteau de la famille Gruss, qui furent ses amis, cette émission entend célébrer l’héritage et le génie intemporel de Raymond Devos.

Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter.

Raymond Devos, Le Rire primitif

Sous le signe du rire, de l’humour et de la poésie, l’émission réunit François Morel (le conteur et comédien aux multiples facettes), Anne Roumanoff (la reine du stand-up à la française), Stéphane De Groodt (le prince belge de l’absurde), Yves Duteil (le poète de la chanson française), Érik Orsenna (l’écrivain et l’académicien passionné), Yseult (la nouvelle étoile de la pop française), Kimberose (la nouvelle diva de la soul), Les Frères Taloche (le duo comique inséparable), Alexis Gruss (le légendaire maître équestre), Léa Desandre & Thomas Dunford (le duo enchanteur de la musique baroque), Sofiane Chalal (le danseur), Pierre Génisson (le clarinettiste virtuose), Félix Radu et Thibaut Garcia (les jeunes talents de la scène littéraire et musicale), Jacques Pessis (le journaliste et biographe) et tous les artistes et chevaux des Folies Gruss, sans oublier les musiciens de l’Ensemble Appassionato dirigé par Mathieu Herzog ainsi que le pianiste Vincent Bidal.
Chacun de ces artistes rendra hommage à Raymond Devos à sa manière, à travers des sketches, des chansons et des souvenirs partagés.
Grâce à eux, nous allons revivre tout l’esprit et la verve de celui qui continue d’inspirer et de divertir des générations de Français et francophones. Anecdotes, archives rares et témoignages inédits viendront ponctuer ce programme, offrant aux téléspectateurs une immersion vivifiante dans l’univers unique de cet homme de scène hors pair. 

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