À travers son regard et son expérience personnels, le réalisateur Samuel Ruffier s’interroge sur l’évolution de la sexualité. L’occasion de se questionner sur l’exposition des jeunes générations à la pornographie et les nouveaux défis de l’éducation à la sexualité. « Du porno dans la tête » : un documentaire intime et universel à découvrir le jeudi 5 décembre à 22.50 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes et sur france.tv.
Le fameux catalogue de La Redoute. Le pavé de papier glacé qui trônait sur la table basse du salon. La référence de la vente par correspondance… Mais aussi « le best-seller de la littérature érotique des années 1990 » pour Samuel Ruffier qui, comme beaucoup d’ados de sa génération, en parcourait avec émoi les pages lingerie. En replongeant aujourd’hui dans cet « Everest de l’érotisme », Samuel est déçu. Plus le moindre soubresaut de fantasme. « Je repose l’annuaire avec la déception de l’adulte qui s’aperçoit qu’il n’aime plus les bonbons de son enfance. »
Dès le début du documentaire, le ton est donné. Le réalisateur partage, non sans humour, son regard personnel et intime. À 40 ans, et désormais père de trois enfants, il s’interroge sur l’évolution de ses propres fantasmes… Mais aussi sur cette nouvelle génération qui, nourrie aux écrans et aux réseaux sociaux, « passe de [ses] doudous à des vidéos porno ». En posant sa caméra dans un MJC, au cœur d’un atelier dédié à la sexualité, Samuel Ruffier tente de comprendre quelle perception en ont ces jeunes. Au fil des échanges, le constat est sans appel : tous ont déjà vu des images porno (et parfois dès l’âge de 10 ans), partagés entre dégoût et fascination. Des images X découvertes par curiosité, par accident ou simplement pour faire comme les autres. Une tendance confirmée par les chiffres de l’Arcom annonçant que plus de 2, 3 millions de mineurs consultent chaque mois des vidéos sur les sites pornographiques. C’est comme si le porno, accessible en un clic, s’imposait à eux… On peut alors se demander quelles sont les conséquences de cette exposition précoce sur leurs fantasmes et leur perception de la sexualité.
Alors que le réalisateur continue de regarder son enfance avec ses yeux d’adulte (les images de femmes dénudées à la télévision, la sexualisation des filles dans Dragon Ball Z), il s’interroge sur les valeurs véhiculées par notre société depuis des années (la puissance de la virilité, l’hypersexualisation de la femme dans les publicités, etc.), avec aujourd’hui un relais dangereux sur les réseaux sociaux. Pour le réalisateur, ce n’est pas le porno qui influence la société, mais la société qui influence tout, porno compris.
Au fil de son enquête, et de ses rencontres (éducatrice, sociologue, philosophe, réalisatrices et actrices de films porno), le réalisateur offre différents points de vue afin d’analyser, sans jamais juger, l’impact de la pornographie en ligne et les nouveaux défis de l’éducation à la sexualité. Confronté à sa propre responsabilité parentale, et dépassant sa pudeur de père, Samuel Ruffier va jusqu’au bout de sa démarche en ouvrant lui-même, devant la caméra, le dialogue avec ses enfants… Une enquête riche aux allures de film intime et universel.
La France en vrai : Du porno dans la tête
Du porno dans la tête est un documentaire percutant qui plonge au cœur de l’évolution de la sexualité à travers le regard personnel de son auteur. Ce film retrace ses premiers émois érotiques, éveillés par les pages lingerie de La Redoute, jusqu’aux réalités contemporaines auxquelles les jeunes sont exposés aujourd’hui. Il aborde le passage fulgurant des doudous aux vidéos pornographiques en ligne, et les conséquences de cette transition sur la perception de la sexualité et les rapports humains.
À travers une analyse rigoureuse, le documentaire questionne l’influence de la pornographie en ligne, désormais accessible dès l’enfance. L’exposition précoce au contenu pornographique, souvent dès l’âge de 11 ans, bouleverse les repères traditionnels d’exploration érotique et introduit les jeunes à une vision parfois biaisée de la sexualité. Du porno dans la tête enquête sur les effets de cette consommation massive, sans tomber dans la condescendance ni le moralisme, et en examine l’impact profond sur la vie sociale et affective. En filigrane, le film illustre aussi la quête de l’auteur, également père, face aux défis d’une éducation à la sexualité dans un monde saturé d’images explicites. Comment préparer ses enfants à se construire dans une société où l’intimité est bousculée par l’accès facile au X ? Ce documentaire devient alors une réflexion personnelle et universelle sur la responsabilité des parents et le rôle de la société dans l’éducation des plus jeunes.
Documentaire (52 min – 2024) — Réalisation Samuel Ruffier — Production Mona Lisa Production et France 3 Auvergne-Rhône-Alpes
— Avec le soutien du CNC et de la Procirep-Angoa
Diffusion le jeudi 5 décembre à 22.50 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes
À voir et à revoir sur france.tv