Que reste-t-il du rêve olympique quand la nation entière est en guerre ? De Kiev à Zaporijia en passant par Dnipro et Irpin, les personnages du documentaire de Benjamin Montel et Antonin Boutinard Rouelle vivent au rythme des sirènes, des missiles russes, des coupures de courant et des entraînements, avec pour objectif Paris 2024. Vendredi 12 juillet à 23.10 sur France 3.
C’est une séance d’entraînement de jeunes gymnastes et cela pourrait se passer n’importe où. Sauf qu’ici, lorsque retentissent les sirènes, il faut gagner les abris. « Avion de chasse et menace balistique », annonce l’entraîneuse, après avoir consulté son smartphone. Cela peut durer un bon moment, alors, une fois en lieu sûr, il faut poursuivre les étirements. « Qu’est-ce que vous faites assises ?! Au travail ! ». On est en janvier 2024, à Kyiv. Au centre d’entraînement olympique de Koncha-Zaspa, Alina, première fleurettiste d’Ukraine, avoue travailler très dur sur son état psychologique. Elle ne peut chasser de son esprit sa famille, restée à Mykolaïv, sa ville natale, frappée chaque jour par les bombes. À la cantine, son entraîneuse, censée lui remonter le moral, finit elle-même par fondre en larmes.
Irpin, à quelques kilomètres de la capitale, février 2024. Lumière bleutée de l’hiver glacial ukrainien. Pour se rendre à l’entraînement, la lutteuse Iryna traverse en voiture des quartiers aux immeubles ravagés où rouillent des blindés hors d’usage. Six mois plus tôt, la jeune femme a vécu ici un cauchemar qui l’a plongée dans la dépression. À la piscine Meteor de Dnipro, des nageurs discutent. Peut-on réellement imaginer, après s’être entraîné sous les bombes et avoir obtenu sa qualification pour les J.O., croiser à Paris des athlètes russes et biélorusses, même sous statut neutre ? Iryna, elle, évoque à nouveau les fusillés d’Irpin, les femmes violées, les enfants déportés vers les territoires sous contrôle russe... La question se pose sans doute de façon plus cruelle encore pour Volodymyr. Engagé volontaire, le kayakiste a perdu une jambe dans un affrontement avec l’armée ennemie, en février 2023. Il a pourtant repris l’entraînement et se bat pour obtenir sa qualification pour les Jeux paralympiques.
La guerre est à la fois invisible et omniprésente. Elle marque les corps et ronge les esprits. C’est tout le paradoxe mis en lumière par ce film. Quelle place pour les sportifs, censés incarner l’excellence physique et mentale ? Avec une douceur et une pudeur extrêmes, Benjamin Montel et Antonin Boutinard Rouelle tâtent le pouls d’une société dévastée et à bout de forces. Et qui se bat encore sur tous les fronts.
La flamme ukrainienne
Documentaire (2024 – inédit) – Durée 70 min – Un film de Benjamin Montel et Antonin Boutinard Rouelle – Production Mañana Films – Avec la participation de France Télévisions
Vendredi 12 juillet à 23.10 sur France 3
À voir et à revoir sur france.tv
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