Quand l’école est une souffrance

Retour au collège. En plaçant sa caméra, une année durant, dans les couloirs, cours de récréation et salles de classe de l’établissement Georges-Brassens (dans le XIX^e arrondissement de Paris), il est peu dire que le réalisateur Alexandre Bitoun se fait violence. « Si je devais retourner à l’école, je m’y opposerais de toutes mes forces », annonce-t-il d’emblée en commentaire. Diagnostiqué haut potentiel intellectuel (HPI) dans les années 1990, en classe de sixième, Alexandre Bitoun était en souffrance à l’école. Incompréhension, décrochage, solitude, dépréciation et isolement : une situation vécue d’autant plus douloureusement que les clichés sur les « surdoués » véhiculaient alors au contraire l’image de l’intello à qui tout réussit.
Trente après, l’expérience scolaire est toujours aussi difficile pour ces élèves : près d’un enfant précoce sur deux est en situation d’échec. Comment l’institution peut-elle mieux s’adapter ? Comment les élèves surdoués vivent-ils l’école aujourd’hui ? Et, au fond, qu’est-ce qu’on entend exactement par HPI ?
En donnant la parole aux enfants surdoués et à leurs accompagnants (parents, professeurs, tuteurs, médecins), ce documentaire offre une approche sensible, personnelle et nuancée à toutes ces questions, à même de bouleverser nombre d’idées reçues sur le sujet.

L’égalité des chances ne consiste pas à essayer de faire rentrer tout le monde dans le moule, mais plutôt à respecter le rythme de développement de chacun.

Anne-Marie Cauletin-Gillier, psychologue

« Si ces enfants ne rencontrent pas un environnement à l’écoute de leurs particularités, résume le neuropsychologue Jacques Grégoire, [l’école] peut effectivement être source de souffrance, de décrochage, de désintérêt, d’ennui… » Un environnement à leur écoute, c’est exactement ce que propose le collège Georges-Brassens, établissement pionnier où un dispositif spécifique d’intégration a été mis en place depuis une quinzaine d’années. Loin d’être stigmatisés ou ignorés, les élèves HPI y sont accueillis avec les autres collégiens et accompagnés quotidiennement par des tuteurs. Ils bénéficient en outre d’une salle de classe dédiée, accessible à tout moment, pour se retrouver au calme et faire redescendre la pression. Filmant une poignée d’élèves au quotidien, Alexandre Bitoun recueille leurs souffrances autant que leurs espoirs, leurs difficultés autant que leurs progressions. Créant des résonances entre sa propre expérience d’élève HPI et la leur, il livre un documentaire à la fois personnel, engagé, social, tour à tour émouvant, érudit, tendre, didactique et édifiant, qui s’impose comme une ode à la différence et à la tolérance. 

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