« La Case du siècle : Les Filles de Birkenau »

L’enfer d’Auschwitz raconté par les dernières survivantes

France 5

Documentaire

Que reste-t-il quatre-vingts ans après avoir survécu à l’enfer des camps de la mort ? Quatre femmes, parmi les toutes dernières survivantes françaises, ont accepté l’invitation à se raconter ensemble, de façon inédite. Un film de David Teboul à voir dans « La Case du siècle », dimanche 2 juin à 22.40 sur France 5 et sur france.tv.

Judith Elkan, une des « filles de Birkenau ». © 10.7 Productions

C’est instinctif, vous essayez de survivre… et pour survivre, il ne faut pas penser aux autres.

Ginette Kolinka

L’eau murmure sous le soleil, les oiseaux chantent. À l’ombre des grands arbres, trois tables ont été dressées : deux fleuries avec des victuailles, l’autre avec de la vaisselle et trois chaises. Une à une s’y installent trois vieilles dames, de plus de 90 ans : Judith Elkan, Ginette Kolinka, Esther Senot. Toutes les trois ont été déportées, jeunes filles, dans le camp d’Auschwitz-Birkenau et en sont revenues. Aujourd’hui, elles font partie des dernières survivantes.
Afin que ne meurent jamais leurs souvenirs, le réalisateur David Teboul leur a proposé – ainsi qu’à Isabelle Choko, quatrième convive – de partager deux déjeuners pour exprimer tout ce qui ne l’a pas été encore, et faire entendre une parole inédite. Celle des dernières mémoires de l’indicible. 

La Case du siècle
Ginette Kolinka dans « Les Filles de Birkenau ».
© 10.7 Productions

Dans ce décor bucolique, les mots se fraient un chemin, se bousculent parfois… et le ton monte d’un coup : « Vous prenez la parole et vous ne vous arrêtez jamais ! » ; « Je vous en prie, ne m’adressez pas la parole ! » ; « Moi, je m’en vais, je ne peux pas supporter qu’on m’insulte… »
Il faut toute la diplomatie de David Teboul – « Je veux que chacune se respecte, vous avez chacune votre personnalité » – et l’amitié qu’elles lui portent pour accepter de laisser les querelles de côté. « On a toutes été déportées, on a souffert les mêmes choses… » Les histoires personnelles – très différentes – peuvent alors se partager.

Cette parole qui a mis tant d’années à émerger se délie-t-elle plus facilement auprès de celles qui en partagent le vécu ? Au fil de leurs échanges, Judith, Ginette, Esther et Isabelle trouvent un chemin commun et se racontent l’une à l’autre comme jamais elles ne l’ont fait.
Souvenirs confrontés de l'arrivée au camp, de la nourriture, des toilettes... de la découverte de la sexualité, de celle quotidienne des atrocités commises sur les déportés... « Vous n'êtes plus dans un monde normal. »
Entre leurs échanges, s'insèrent des extraits de leurs témoignages individuels, recueillis longuement par le réalisateur. Celui aussi de Marie Chafir, amie d'Esther rencontrée à Drancy, puis déportée avec elle.
Cette parole partagée, qui n'exclut pas la légèreté, ni la violence, nous embarque dans leur histoire, et c'est aussi la nôtre, celle des filles, des dernières « filles de Birkenau ».

Il a fallu des miracles pour que je reste vivante, comme nous toutes d’ailleurs... On est des femmes fortes.

Isabelle Choko

Le réalisateur

David Teboul, cinéaste, vidéaste et documentariste, est l'auteur notamment des documentaires Simone Veil, une histoire française (2003) ; Simone Veil, l'aube à Birkenau (2019) et Simone et ses sœurs, nées Jacob (2019).

La Case du siècle
Esther Senot dans « Les Filles de Birkenau »
© 10.7 Productions ​

Extraits

« Très rapidement, j’ai été transformée de quelqu’un d’humain en quelqu’un d’inhumain. » Ginette Kolinka, déportée à Birkenau en avril 1944, dans le même convoi que Simone Veil 

« Je n’ai pas de souvenir de discussion avec ma mère : on n’était pas en état de parler, ni l’une ni l’autre. » Isabelle Choko, déportée en 1944 à Auschwitz-Birkenau, après quatre ans dans le ghetto de Lodz en Pologne 

La Case du siècle
Isabelle Choko dans « Les Filles de Birkenau »
© 10.7 Productions

« En déportation, on ne parlait jamais de la mort : on avait vidé nos têtes, nos cœurs… C’est ça qui est incroyable, encore aujourd’hui : je n’ai pas versé une larme… On était devenus insensibles. » Judith Elkan, hongroise, déportée avec sa mère à Auschwitz en 1944

« Elle m’a dit « toi, tu es jeune : essaie de tenir le coup le plus longtemps possible... au moins que tu me promettes que tu raconteras ce qui nous est arrivé, et qu’on ne soit pas les oubliés de l’Histoire ! » Esther Senot, internée à Drancy en 1943, puis convoyée à Birkenau, avec sa sœur, morte en déportation

Écouter l’édito culture de France Inter du 30 mai sur « Les Filles de Birkenau » par Christine Angot

La Case du siècle : « Les filles de Birkenau »

La Case du siècle
« Les Filles de Birkenau »
© 10.7 Productions

Documentaire (70 min – 2024) – Réalisateur David Teboul – Montage Caroline Detournay – Documentaliste Sharon Hammou – Production 10.7 Productions, avec la participation de France Télévisions, et avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, du Ministère des Armées, de la Ville de Paris et de la Fondation Rothschild-Institut Alain de Rothschild

La Case du siècle : Les Filles de Birkenau est diffusé dimanche 2 juin à 22.40 sur France 5
À voir et revoir sur france.tv

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