Affronter la maladie à 20 ans via les réseaux sociaux

Ils sont 1 800 chaque année, entre 15 et 30 ans, à développer un cancer précoce. Jeunesse coupée en plein vol. À l’âge des premières fois, de l’insouciance éternelle et de l’entrée dans la vie adulte, la maladie impose soudain un impossible compte à rebours. Quand leurs amis se rejoignent en terrasse, occupent les pistes de danse le samedi soir ou partagent leurs rêves d’avenir, ces jeunes-là affrontent, eux, des questions sans réponse – la vie et la mort, l’espérance, la douleur. Comment vit-on, à 20 ans, avec un cancer ? 
Les Vivants – mon cancer sans filtre suit le parcours, au quotidien, de Marriah, Lucie, Jolann et Victorine : face au choc du diagnostic, ce couperet qui tombe sans prévenir et scinde leur vie en deux, ils ont décidé, dans un réflexe commun, de se raconter sur les réseaux sociaux. Minoritaires parmi les victimes du cancer, les 15-30 ans n’ont quasiment aucun espace d’échange, de discussion ou de soutien qui leur soit dédié. Cet espace-là, ils le trouvent, le réinventent avec leurs propres codes, sur Instagram ou TikTok. Entre séances de chimio et trends, biopsies et reels, ils partageant en vidéo leur journal de bord avec des milliers d’inconnus et puisent dans leurs « commus » la force nécessaire au combat.

Je n’ai pas pleuré parce que j’avais un cancer, mais parce que je ne serai plus jamais la même personne.

Marriah, dans « Les Vivants »

La délicatesse du film réalisé par Hélène Lam Trong (prix Albert-Londres de l’audiovisuel pour Daech, les enfants fantômes) et Jérémy Bulté tient à l’intelligence avec laquelle se mêlent les images documentaires et les vidéos personnelles postées sur les réseaux sociaux. Marriah, Lucie, Jolann et Victorine se racontent en double, en quelque sorte : face A sur les réseaux et face B devant la caméra des réalisateurs. Ces deux récits face à face, parfois dissonants, se répondent en miroir. Ils oscillent entre douleur et humour, désespoir et ténacité, et révèlent la puissance d’une rage de vivre intacte. Entre 15 et 30 ans, le taux de survie à un cancer avoisine les 75 %. Le chiffre, certes, rassure, mais ne doit pas occulter la réalité de son revers : cela représente quand même plus d’un mort par jour. En nous donnant à connaître intimement Marriah, Lucie, Jolann et Victorine, en créant pas à pas les conditions d’une rencontre sincère et authentique, ce documentaire coup de poing dévoile la réalité mal connue du cancer chez les jeunes.
Proposé à l’occasion d’« Octobre rose 2024 », la campagne annuelle de sensibilisation au cancer du sein, Les Vivants – mon cancer sans filtre est suivi du documentaire Red Herring, journal intime du jeune cinéaste Kit Vincent, atteint d’une tumeur au cerveau. Ce documentaire s’inscrit dans le cadre de la programmation « 25 nuances de doc », qui, depuis 2017, met en avant des films singuliers, français, européens ou d’ailleurs, qu’ils soient inédits ou déjà de grands classiques. Un espace unique qui célèbre la diversité du documentaire, encourage de nouvelles écritures et donne à voir un monde tout en nuances.

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