Marche ou grève

Solange (Eye Haïdara), d’origine malienne, mariée, trois enfants, est gouvernante à l’hôtel NowHere de Lille, c’est-à-dire cheffe d’une équipe de femmes de chambre qui s’activent en coulisses sous les ordres de M. Roullet (Virgile Bramly), manager paternaliste au langage abscons et ridicule : « Faut que je t’update sur les process. Ici, on crée de la valeur, on est là pour booster l’expérience client », etc. Évidemment, chez NowHere (propriété du groupe Sargas), comme à peu près partout, « booster l’expérience client », cela consiste d’abord à réduire les coûts. Pour cela, rien de mieux que d’externaliser les femmes de chambre, c’est-à-dire les abandonner à un prestataire qui saura les pressurer au maximum et au mépris de la loi : cadences infernales qui ne laissent pas même le temps de manger – 17 minutes chrono pour faire une chambre –, collègues malades non remplacées, heures sup non payées, vexations, flicage… Quand les filles râlent, il y a les mutations forcées vers d’autres hôtels en guise de punition, les menaces de licenciement, sinon pire (certaines d’entre elles n’ont pas de titre de séjour). Et ça, c’est le boulot de M. Mansour (Rabah Nait-Oufella), petit chef tyrannique, à la fois victime et maillon du système, puisqu’il subit lui-même la pression de NowHere.

Mais trop, c’est trop ! Solange, Michèle (Karole Rocher), Aminata (Bintou Ba), Berthe (Berthe Tshiala), Divuidi (Divuidi Nsimba) et quelques autres finissent par craquer. Il leur vient alors une idée folle : se mettre en grève pour défendre leurs droits face à Sargas et réclamer leur intégration afin de bénéficier du même statut que les autres salariés du groupe. Et vraiment, c’est une idée folle parce qu'elles n’y connaissent rien à la grève, ces femmes invisibles, elles n’ont jamais fait une chose pareille, et puis le groupe Sargas, c’est tout de même très, très gros. Mais les femmes de chambre vont croiser sur leur route un syndicaliste (Francis Leplay) un peu assoupi et en quête d’une cause, puis une bourgeoise en pleine crise existentielle (Émilie Caen) qui se souvient qu’elle a été avocate. Faire la grève, bon… mais il faut se préparer à tenir longtemps, réunir des dons, organiser des actions, réfléchir à une communication, etc., et il faut tout de même s’occuper des enfants et remplir le frigo. Autant dire que tout ça commence très mal...
Librement inspirée de la grève des femmes de ménage de l’hôtel Ibis des Batignolles (groupe Accor), à Paris, qui s’est déroulée de juillet 2019 à mai 2021 (la plus longue de l’histoire de l’hôtellerie en France), la série donne d’abord à voir ce que la révolte et l’engagement collectif, même quand ils semblent perdus d’avance, font aux individus, à leurs principes et à leurs existences, comment le combat, la camaraderie et l’entraide font sortir ces femmes de la torpeur, de la solitude et de l’invisibilité, en somme comment ils leur rendent leur place et leur dignité. Et ça, c’est déjà une première victoire.

Épisode 1 : On va gréver
Une grève de femmes de chambres à l’hôtel NowHere ? Un combat perdu d’avance… dans lequel se lancent pourtant Solange et ses collègues, accablées par leurs conditions de travail. Michèle renâcle : à quoi bon ? Les puissants finissent toujours par gagner. Pour impressionner son ado de fils, Fanny, avocate fauchée et fraîchement séparée, décide de devenir l’avocate du mouvement. 

Épisode 2 : Rien ne va plus
Alors que le mouvement s’enlise et que les familles, précarisées, épuisées, se disloquent, l’agenda des grévistes se remplit. Une fête dans un bar queer de Lille organisée par d’anciennes copines activistes de Michèle pour remplir les caisses, une nouvelle action en justice orchestrée par Fanny… Problème : elle voudrait être Gisèle Halimi, mais elle n’a pas plaidé depuis la fac. 

Épisode 3 : Le procès
Solange, séparée d’Andy, héberge désormais sa nièce pour l’aider avec les enfants. Tous les jours sur le piquet, le soir en réunion, les salaires qui s’amenuisent… Les grévistes ne peuvent plus tenir. À commencer par Fathia, prise en train de voler dans un supermarché et qui passe en comparution immédiate. Fanny la défend brillamment et relance la médiatisation de la grève. Enfin, une négociation se dessine. 

Épisode 4 : Le mariage
Le patron du groupe Sargas refuse de leur parler ? Pourquoi ne pas « crasher » le mariage de sa fille, qui se tiendra dans un hôtel voisin ? Dans une camionnette aux allures de char LGBT, Solange, Michèle et Fanny partent en mission… Et découvrent leur pouvoir de persuasion. La grève se propage lentement, jusqu’à ce qu’un clip la rende virale. 

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