Enquête de santé : 4 millions de diabétiques... et vous ?
Concerné(e) jusqu’à quel point ?
France 5
Info & société
Selon les projections de l’assurance maladie, 520 000 personnes supplémentaires pourraient être atteintes par le diabète en 2027, dont 500 000 pour le diabète de type 2. Comment expliquer un tel chiffre et peut-on parvenir à inverser la tendance ? Pour le savoir, Charles Behr a mené l’enquête. À découvrir mardi 19 novembre à 21.05 sur France 5. Ce documentaire sera suivi d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse.
C’est une maladie qui est silencieuse, insidieuse et qui, lorsqu’on ne s’en occupe pas, fait des dégâts à bas bruit. Donc je dirais qu’elle est dangereuse.
Professeur Lyse Bordier
C’est une maladie qui pourrait toucher 630 millions d’individus dans le monde en 2030. En France, 600 000 personnes ignoreraient vivre avec. Il suffit pourtant d’une simple prise de sang pour diagnostiquer un diabète de type 1 ou de type 2 et éviter ainsi de nombreux désagréments. Une fois la maladie déclarée, on est contraint d’adapter son hygiène de vie. Or nos modes de vie sont en grande partie responsables du diabète de type 2 : alimentation (produits ultra-transformés, trop sucrés, etc.), sédentarité, stress, tabagisme, sommeil. Autant de facteurs sur lesquels il est possible d’agir avant qu’il ne soit trop tard (lorsque aucun autre facteur n’entre en ligne de compte), en limitant les apports de sucre et de produits ultra-transformés, en ayant recours à une activité physique régulière (quelle qu’elle soit) et en s’octroyant un nombre suffisant d’heures de sommeil. Il va de soi qu’après avoir été diagnostiqué diabétique, ces prescriptions s’ajoutent à la prise de médicaments.
Une activité sportive pour stabiliser son diabète
En 2012, « on a déjà les preuves que l’activité physique agit comme un médicament. Dans le diabète, elle est plus efficace que le meilleur des médicaments, précise Alexandre Feltz, docteur et adjoint à la santé à la mairie de Strasbourg. Et donc je propose au maire de l’époque de créer le sport santé sur ordonnance, que les médecins prescrivent de l’activité physique à visée thérapeutique. Un diabétique – ou un cardiaque – qui fait de l’activité physique coûte 25 à 30 % moins cher à l’assurance maladie que s’il n’en fait pas. Ce sont des gains énormes. (…) Il est en meilleur santé, il a moins de complications, moins d’infarctus, moins d’accidents vasculaires cérébraux, moins d’hypertension. Il est en meilleure santé globale. Moins d’arrêts de travail, donc il coûte moins cher à la société. » On pourrait se dire que l’idée a tout pour plaire. Seulement, en matière de prévention et de santé publique, tout est une question de coût. « On sacrifie des années en bonne santé, déclare Claude Chaumeil, vice-président de la Fédération française des diabétiques. On avait l’appui de l’assurance maladie, qui je pense était prête à payer cette expérimentation (le remboursement de l’activité physique pour les diabétiques, ndlr), mais après, lorsque vous arrivez au vote de la loi, vous avez le couperet de Bercy qui arrive. Et la tête des diabétiques est tombée à Bercy. »
ll y a eu un discours ambiant pendant des années, véhiculé notamment par les industriels, selon lequel les Antillo-Guyanais, les Réunionnais et les Polynésiens étaient consubstantiellement, génétiquement attachés au sucre. À l’époque, on nous a expliqué qu’il était impossible de réduire les taux car en tant que pays producteurs de canne à sucre, nous avions l’habitude d’en consommer, nos goûts étaient déformés depuis toujours ; bref, nous étions « addicts » au sucre.
Victorien Lurel, en 2016 (alors qu’il était député de Guadeloupe)
Une loi loin d’être respectée outre-mer
Selon l’article L. 3232-5., « aucune denrée alimentaire de consommation courante destinée au consommateur final distribuée dans les collectivités mentionnées à l’article 73 de la Constitution ainsi que dans les collectivités de Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon ne peut avoir une teneur en sucres ajoutés supérieure à celle d’une denrée similaire de la même marque distribuée en France hexagonale. » Dans les faits, onze ans après l’adoption de la loi Lurel, il s’avère que les teneurs en sucre diffèrent toujours, avec des conséquences sur la santé qu’il est aisé d’imaginer. Interrogé sur cette situation qui perdure, le sénateur Victorien Lurel regrette que « l’État n’[ait] pas mis les moyens pour vérifier son application, pour contrôler son effectivité. Et aujourd’hui c’est une tristesse de voir que l’État ne prend pas suffisamment en compte cette épidémie d’obésité. Je pense qu’il faut des dispositifs explicites pour sanctionner, si j’ose dire, les manquements aux dispositions de la loi. »
Le diabète de type 2 est souvent asymptomatique et c’est un souci. C’est-à-dire que je peux présenter un diabète sans même le savoir.
Professeur Emmanuel Cosson
Le diabète de type 2
« Le diabète de type 2 survient généralement après 40 ans, mais de plus en plus d’adolescents et de jeunes adultes sont concernés en France. Le surpoids, l’obésité et le manque d’activité physique sont les principaux déclencheurs du diabète de type 2 chez les personnes génétiquement prédisposées.
Sournois et indolore, le développement du diabète de type 2 peut passer longtemps inaperçu : on estime qu’il s’écoule en moyenne cinq à dix ans entre l’apparition des premières hyperglycémies et le diagnostic.
Deux anomalies sont responsables de l’hyperglycémie : soit l’insuline produite par le pancréas agit mal et on parle d’insulinorésistance ; soit le pancréas fabrique toujours de l’insuline mais insuffisamment par rapport à la glycémie et on parle d’insulinopénie. Ces deux mécanismes font que le glucose ne pénètre pas dans les cellules du corps et se concentre dans la circulation sanguine. »
Source : Fédération française des diabétiques
Si le diabète de type 1, le diabète de type 2 et le diabète gestationnel sont les formes les plus courantes de diagnostic du diabète, d’autres types de diabète sont tout aussi importants. Environ 1,5 à 2 % des personnes vivent avec des formes rares de diabète, qui peuvent être regroupées en neuf catégories : le syndrome d’Alström, le diabète insipide, le LADA (diabète auto-immun latent chez l’adulte), MODY (Maturity-Onset Diabetes of the Young – diabète de l’âge mûr chez les jeunes), le diabète néonatal, le diabète secondaire, le diabète induit par les stéroïdes, le diabète de type 3c et le syndrome de Wolfram.
Fédération internationale du diabète, à propos des autres formes de diabète
Enquête de santé : 4 millions de diabétiques... et vous ?
La France n’a jamais compté autant de diabétiques. Ils sont désormais plus de 4 millions, et, parmi eux, 600 000 personnes vivent avec la maladie sans le savoir. Comment expliquer cette explosion du nombre de cas et sommes-nous tous menacés par le diabète de type 2 ?
Invisible, indolore, le diabète avance masqué. Il faut souvent plus de dix ans pour que cet excès de sucre dans le sang soit diagnostiqué. À ce stade, les complications sont toujours graves. Le diabète est l’une des premières causes d’infarctus et d’AVC.
Malbouffe, sédentarité et surpoids… les risques sont connus. Mais les consommateurs sont victimes depuis des années d’une surdose de sucres cachés. C’est le cas aux Antilles où un scandale persiste. Des produits laitiers, d’apparence identiques à ceux de l’Hexagone, y sont vendus bien plus sucrés.
Alors comment désamorcer cette bombe à retardement ? La vie de nombreux malades a été transformée par l’arrivée de nouveaux médicaments miracles. Mais ces piqûres sont utilisées par des personnes en bonne santé pour mincir. Un détournement qui entraîne des ruptures de stock et prive certains diabétiques de leur traitement. Et si la solution était à chercher ailleurs ? Un remède 100 % naturel fait l’unanimité chez les scientifiques : l’activité physique ! Ses effets sont si spectaculaires que certains malades ont pu se passer de médicaments. Alors peut-on guérir du diabète de type 2 ?
Magazine (débat – direct – 48 min) – Présentation Marina Carrère d’Encausse
Documentaire (inédit – 52 min – 2024) – Auteur et réalisateur Charles Behr – Production 17 Juin Média, avec la participation de France Télévisions
Ce magazine est diffusé mardi 19 novembre à 21.05 sur France 5
Enquête de santé : 4 millions de diabétiques… et vous ? est à voir et revoir sur france.tv