Ruée ferroviaire vers l’Ouest

En 1873, y a une homme qui a eu une idée… formidable. Une idée qu’on entend encore aujourd’hui, écoutez bien, dans les rues de San Francisco. C’est même un peu le son de la ville (...). On a mis dans la chaussée un câble. Un câble sur lequel vont s’accrocher les tramways pour gravir la côte (...). C’est comme ça que vont naître à San Francisco les engins mythiques, les « cable cars ». Les « voitures câble ».

Philippe Gougler

San Francisco est indissociable de ses rues vallonnées, de ses maisons en bois colorées, du Golden Gate Bridge et de ses tramways. Cette image de carte de postale savamment entretenue, au charme indéniable, n’a pas laissé indifférent Philippe Gougler. La ville a beau vivre en adéquation avec le XXI^e siècle, proposer des taxis sans chauffeur, elle n’aurait pas le même attrait sans ses cable cars qui franchissent les rues escarpées à l’aide d’un simple câble. « Cette manette, c’est le grip, explique l’un de ses conducteurs à Philippe Gougler. Quand tu la tires vers toi, ça l’accroche au câble. Et quand il est vers l’avant, la mâchoire s’ouvre et se décroche du câble. Donc, maintenant, on va utiliser le câble pour monter. » Un système révolutionnaire pour l’époque toujours d’actualité.
Au cours de ce périple, des trains, vous en découvrirez. Ils sont au nombre de trois : le BART, équivalant de nos RER, le Coast Starlight Train qui, en longeant la côte, vous offre une vue incomparable sur la campagne et le bord de mer et une locomotive à vapeur qui permet à ses voyageurs de s’enfoncer dans une forêt de Redwood (composée de séquoia à feuilles d’if) autrefois utilisée pour aller chercher du bois. « Regardez celle-là comme elle est belle, s’exclame Philippe Gougler en s’approchant de la locomotive à vapeur (…). Tout le mécanisme est apparent. On voit les gros pistons. Et puis surtout, si on regarde bien, souvent les locos vapeur on les imagine avec des grandes roues, là il n’y a pas de grandes roues, il n’y en a que des petites. C’est parce que la grande roue, c’est quand on a besoin de vitesse. Et là, pour aller chercher du bois en forêt, il n’y a pas besoin de vitesse, il y a besoin de puissance. Donc petites roues, puissance. Grandes roues, vitesse. »
À noter, enfin, la présence d’un véhicule qui ne ressemble ni à un tramway ni à un train et qui fera dire à notre célèbre globe-trotteur : « Ce n’est pas un train, je vous l’accorde, mais c’est tellement incroyable de voir ces voitures qui se débrouillent toutes seules, je ne peux pas m’empêcher d’essayer, donc ce sera une voiture pas comme les autres. »

Un voyageur : À chaque fois qu’on déjeune dans ce train, on est assis en face de quelqu’un, donc forcément on se parle.

Un deuxième voyageur, assis face au précédent : Et on ne peut pas ignorer la personne avec qui on déjeune et se mettre comme ça [en s’éloignant de son voisin d’en face]. C’est quand même plus sympa de savoir d’où ils sont originaires et où ils vont (...).
Le premier voyageur : Peu importe où tu vas, les gens se parlent. Et puis de toute façon, moi, j’adore parler.

Des voyageurs à Philippe Gougler (à bord du wagon-restaurant du Coast Starlight Train)

C’est vrai que San Francisco a une longue culture de ville alternative. Cela a toujours été un endroit où les nouveaux courants et les différentes identités ont été initiés et accueillis à bras ouverts. Par exemple, il y a eu la Beat Generation et les hippies, et puis, bien sûr, les premiers activistes pour les droits LGBT. Aujourd’hui, il y a toute la tech de la Silicon Valley qui réfléchit au monde de demain. San Francisco s’est créé grâce à la ruée vers l’or parce que les gens sont venus ici parce qu’ils pouvaient réaliser ce rêve. Et ce rêve, il est toujours vivant. 

Un Franciscanais à Philippe Gougler (croisé dans le BART, un train urbain)

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