Chaque heure, en France, une vingtaine de personnes tentent de mettre fin à leurs jours. L’une d’entre elles y perd la vie. Pourtant, le sujet reste encore tabou. Olivier Delacroix est allé à la rencontre de témoins confrontés à la disparition violente d’un proche, à la culpabilité, au deuil difficile ou impossible, à la tentation du rejet et du silence. Des histoires qui font écho à la sienne et au suicide de son père. Mercredi 29 janvier à 22.50 sur France 2.
Depuis deux ans, au téléphone du 3114 – le numéro national d’écoute et de prévention du suicide – ou dans des groupes de parole, Audrey tente de venir en aide aux autres, aussi bien ceux que la détresse et l’angoisse poussent vers un passage à l’acte que ceux qui doivent affronter la souffrance et les questionnements liés à une disparition volontaire. Cette infirmière connaît les ravages que provoque le suicide. Il y a douze ans, le père de ses enfants s’est donné la mort un an après leur séparation. L’incompréhension, la culpabilité, les rancunes ont fait exploser la famille.
Cécilia, elle, passait le bac en 2015 le jour où son père, un homme d’affaires en difficultés, a décidé d’en finir, à 52 ans, très loin de la maison, sur l’île Maurice… Un drame que la jeune femme a enfoui longtemps sous une chape de silence pour ne pas affronter les questions – les siennes et celles des autres – mais aussi le sentiment d’abandon et même de colère face à un acte décidé le jour de ses 17 ans.
La colère, c’est ce qu’éprouve aussi Nathalie envers l’armée, où son fils Arthur semblait enfin avoir trouvé sa place et qui l’a pourtant rejeté à la suite d’une blessure lors d’un entraînement. Envers elle-même, aussi, qui ne cesse de se reprocher de ne pas avoir su déceler la profonde dépression dont Arthur souffrait depuis des mois.
Il fut un temps où Hugo allait jusqu’à dire que le suicide était toute sa vie. Traumatisé à 7 ans par le suicide de sa mère à l’âge de 34 ans, puis, dix-sept ans plus tard, par la mort de son frère aîné, qui a également mis fin à ses jours, ce professeur de collège s’est senti poursuivi pendant des années par la mort, jusqu’à l’empêcher de se projeter dans l’avenir et à refuser l’idée de devenir père. Le suicide d’une élève en 2012 a rouvert la plaie et l’a forcé à affronter ce qu’il avait fini par voir comme une malédiction familiale.
Du temps, il en aura fallu aussi à la comédienne Michèle Bernier pour raconter ce jour de 1985 où elle a appris sidérée la mort de sa mère, Odile. Pour la fille du Professeur Choron – fondateur des journaux satiriques Hara-Kiri et Charlie Hebdo –, qui faisait elle-même ses premiers pas au café-théâtre, ce fut l’effondrement d’un monde et d’une époque, et longtemps une blessure secrète.
Chaque suicide est singulier et emporte avec lui un mystère à jamais insondable. Mais le désastre qu’il projette sur les proches (parfois des dizaines de personnes) et sur leurs existences a des points communs : la sidération, le deuil indicible, l’absurdité, le vide, la peur des questions, la peur des réponses, la crainte du regard et du jugement des autres. Et trop souvent le tabou et le silence.
Dans les yeux d’Olivier : Suicide, ils brisent le silence
Documentaire (Inédit – 90 min – 2025) – Écriture Olivier Delacroix – Réalisation Olivier Delacroix et Julie Ledru – Production france.tv studio et C’est comme ça production – Avec la participation de France Télévisions
Diffusion mercredi 29 janvier à 22.50 sur France 2
À voir et à revoir sur france.tv