« Cordes sensibles : Daniel Lozakovich et son stradivarius »

D’une âme à l’autre

France 3

Arts & spectacles

C’est un stradivarius d’exception : le Sancy, qui fut pendant plus de soixante ans le compagnon du légendaire Ivry Gitlis et a été transmis au jeune prodige suédois Daniel Lozakovich. Ce film met en lumière l’héritage musical et émotionnel que chaque virtuose reçoit de son instrument, tout en explorant la relation intime du musicien avec son violon. Un documentaire qui fait vibrer nos « Cordes sensibles », à voir mercredi 5 mars à 23.00 sur France 3 et sur france.tv.

« Daniel Lozakovich et son stradivarius ». © Electron Libre Productions

Comment un objet de trente-cinq centimètres, trois cent cinquante grammes et d’une valeur inestimable résonne-t-il avec l’âme de son interprète ?

Daniel Lozakovich

Lors de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, il a été choisi pour interpréter une aria de Bach. Le jeune violoniste Daniel Lozakovich, 23 ans, se produit sur les plus grandes scènes du monde. En 2022, deux ans après le décès du maître Ivry Gitlis, il reçoit en héritage son violon : le Sancy. Fabriqué en 1713, ce stradivarius légendaire était indissociable de la musique jouée par le grand violoniste franco-israélien. Que transmet un instrument d’un virtuose à l’autre ? Quelle part d’âme d’Ivry Gitlis vibre encore sous l’archet de Daniel Lozakovich ? Existe-t-il une formule secrète pour en reproduire la magie aujourd’hui ? Dans ce film à la première personne, le jeune virtuose analyse ce qui le lie intimement à son violon. « Ma quête spirituelle va me mener, au fil de mes concerts, jusqu’à la terre de mes origines : le Kirghizistan. »

Né en Suède d’une mère kirghize et d’un père biélorusse, Daniel Lozakovich a commencé très jeune la pratique du violon. « Daniel était différent très tôt », raconte Martin Engstroem, fondateur et codirecteur du Verbier Festival. À 10 ans, il devient l’élève d’Ivry Gitlis : « Cette rencontre a transformé ma vie… Il était la dernière légende vivante des grandes générations de violonistes et de musiciens ». La pianiste Hélène Mercier qui a joué avec le musicien se souvient : « Ivry aimait peu de violonistes, il était très exigeant et il était très impressionné par Daniel. » Celui-ci n’a pas oublié sa « liberté ». « Il m’a donné l’impulsion, l’envie de chercher… La manière dont il a vécu est une source d’inspiration. » Pour sa fille Nessie, son père « a imprégné le stradivarius de son âme… une âme de gypsy ».

Cordes sensibles : Daniel Lozakovich et son stradivarius
Ivry Gitlis et son jeune élève Daniel Lozakovich.
© Electron Libre Productions

Le violoniste français Renaud Capuçon, qui a plusieurs fois joué en duo avec Daniel, comprend ce qui l’unit désormais au Sancy : « C’est aussi ça l’intelligence d’un musicien : d’être capable de choisir son instrument… Je pense qu’il a vraiment choisi celui qui lui convient et qui lui permet de s’exprimer. »
De la même façon que, selon Martin Engstroem, « le violon d’Ivry Gitlis [était]une partie de lui-même », Daniel Lozakovich s’émerveille : « Plus je joue sur cet instrument, plus je découvre ses secrets et, à travers cette exploration, j’en découvre davantage sur moi-même. »

J’ai envie de pleurer quand je le regarde…. C’est comme si je retrouvais mon âme.

Ivry Gitlis contemplant le Sancy

Pourquoi un stradivarius peut-il atteindre plusieurs millions d’euros et fasciner à ce point musiciens et collectionneurs ? Pour Daniel Lozakovich, « la vraie magie réside dans une vision de la beauté qui commence dès la conception de l’instrument ». À Cremone, en Italie, la tradition initiée par Antonio Stradivari se perpétue depuis le XVIIe siècle. Et s’appuie notamment sur « une technique de vernissage, explique Jean-Philippe Échard, conservateur au musée de la Musique de Paris, que Stradivari a probablement optimisée en s’inspirant des peintres italiens de la Renaissance ». Daniel Lozakovich est subjugué : « Le stradivarius est l’instrument le plus vivant, il possède une harmonie, un nombre d’or dont personne n’a percé les secrets… une structure presque sacrée. » Avec le Sancy, « chaque quête musicale devient une exploration profonde ».

Quel pont se crée aujourd’hui entre celui qui a imprégné de son âme le Sancy et son nouveau compagnon ? Selon Hélène Mercier, « ils ont une similitude : savoir capter l’instant ».
À travers un voyage qui nous mène de la France au Kirghizistan, en passant par l’Allemagne, la Suisse et l’Italie, se dessine le portrait d’un artiste majeur de notre époque.

C’est quelqu’un qui joue moderne avec une vieille âme... il a un son à lui, capable de nuances extrêmes.

 

Alain Lanceron, président Warner Classics, à propos de Daniel Lozakovich

Cordes sensibles : Daniel Lozakovich et son stradivarius

« Cordes sensibles : Daniel Lozakovich et son stradivarius »
Le stradivarius Sancy.
© Electron Libre Productions

Avec les témoignages de Nessie Gitlis, fille de Ivry Gitlis ; Hélène Mercier, pianiste ; Khatia Buniatishvili, pianiste ; Renaud Capuçon, violoniste ; Jean-Philippe Échard, conservateur au musée de la Musique de Paris ; Jean-Paul Claverie, conseiller de mécénat - LVMH ; Alain Lanceron, président - Warner Classics ; Martin T: son Engstroem, fondateur et directeur du Verbier Festival ; Balthazar Soulier, luthier, restaurateur, expert ; Fernando Salvatore Lima, maître luthier ; Pascal Dusapin, compositeur

Documentaire (inédit – 55 min – 2025) – Réalisation Andy Sommer – Production Electron Libre Productions et Groupe Mediawan

Cordes sensibles : Daniel Lozakovich et son stradivarius est diffusé mercredi 5 mars à 23.00 sur France 3
À (re)voir sur france.tv

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