Onzième enquête du plus breton des commissaires parisiens

Depuis sa mutation à Concarneau, le commissaire Dupin, parisien pur beurre, n’en finit pas, de crime en crime, de mystères en mystères, d’arpenter le Finistère, de ses paysages grandioses à ses recoins les plus sombres, comme une exploration sans cesse renouvelée des hauts et des bas de l’âme humaine. À tel point que, en onze épisodes – diffusés avec un égal succès depuis 2018 sur France 3 –, le Parigot grognon aux méthodes peu conventionnelles a fini non seulement par adopter les lieux et ses habitants, mais à se faire lui-même adopter en retour.
Silhouette gracile, gestes précis et regard perçant : l’acteur allemand Pasquale Aleardi prête ses traits à cet enquêteur caméléon, aussi à l’aise dans les salines de Guérande, dans une école de voile des Glénan que, évidemment, devant l’entrecôte traditionnelle que lui sert le bar L’Amiral de Concarneau. Pour ce nouvel épisode, toutefois, l’enquête qui le mène sur la côte accidentée des Abers s’annonce des plus délicates et mouvementées. C’est qu’il doit faire sans son fidèle adjoint, Thierry Kadeg. Et pour cause : ce dernier est dans le coma, grièvement blessé par un inconnu alors qu’il rendait visite à sa tante Joëlle, retrouvée morte au pied de ses escaliers. Dupin, bouleversé, va tout faire pour comprendre ce qu’il s’est passé, quitte à devoir mettre en lumière les multiples tragédies qui frappent cette famille depuis des générations et que d’aucuns ne souhaitent pas du tout voir refaire surface. 

Joëlle n’est pas la première dans cette famille à connaître une mort violente.

Nowlenn, la secrétaire du commissaire Dupin

Produite par la chaîne allemande ARD, la série qui magnifie les terres bretonnes trouve son origine outre-Rhin. Au départ, en effet, il y a les best-sellers (4 millions d’exemplaires vendus, des traductions dans une quinzaine de langues) d’un certain Jean-Luc Bannalec, patronyme on-ne-peut-plus-bigouden derrière lequel se cache Jörg Bong, ancien professeur de littérature de Francfort-sur-le-Main. Tombé amoureux de la Côte de Granit, cet inconditionnel du commissaire Maigret a décidé coup sur coup de s’y installer en famille dans les années 1980 et d’y écrire des polars à la manière de Georges Simenon (le bar L’Amiral de Concarneau, dont il a fait le QG officieux du commissaire Dupin, est d’ailleurs le décor principal du Chien jaune, sixième enquête de Maigret). Mettant un point d’honneur à dépeindre avec soin les paysages où évolue son héros, sachant se jouer avec habileté des légendes et coutumes locales sans rien renier du quotidien et de l’esprit bretons, il connaît un succès immédiat. Dès la parution de L’École de Pont-Aven en 1993, le tourisme allemand a doublé dans la région au point que, en 2016, Jörg Bong reçoit le titre officiel de « Mécène de Bretagne » tout en étant sacré citoyen d’honneur de la ville de Concarneau. Ce onzième épisode de la série, tiré du roman Les Fantômes du Finistère, continue de parachever le mythe de son commissaire qui, à l’image de son fameux prédécesseur simenonien, cherche, derrière la vérité d’une affaire criminelle, à atteindre la vérité de la nature humaine.

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