« Ça, c’est Paris ! »

Rencontre avec Marc Fitoussi, réalisateur de la série

France 2

Séries & fictions

La nouvelle série-événement « Ça, c’est Paris ! » nous invite dans l’univers mythique des cabarets parisiens. De l’autre côté du rideau rouge, le futur de la troupe du « Tout-Paris » se joue. Son patron, Alex Lutz, et les grands noms qui l’accompagnent dans cette aventure, Monica Bellucci, Nicolas Maury, Anne Marivin, ainsi que les danseuses du Paradis Latin crèvent l’écran de leurs plumes et leurs paillettes. Dès mercredi 20 novembre sur france.tv et le 27 novembre à 21.05 sur France 2.

« Ça, c’est Paris ! » avec Alex Lutz, Monica Bellucci, Nicolas Maury... © Guillaume Girardot - Jérôme Prébois - Mon Voisin Productions – FTV

Réalisateur, créateur et scénariste de Ça, c’est Paris !, Marc Fitoussi nous raconte la folle histoire de la série, des coulisses à la scène

Parlez-nous de l’origine de ce projet…
Marc Fitoussi : Dominique Besnehard et Michel Feller, à l’issue de la saison quatre de Dix pour cent, m’ont proposé d’écrire une série sur le monde du cabaret. « Cabaret et carte blanche », ces deux mots constituaient ma feuille de route. À l’origine, ce projet a été soufflé à l’oreille de Dominique par une de ses grandes amies, danseuse au Crazy Horse, Marina Defosse. Elle figure d’ailleurs au générique de Ça, c’est Paris !. Un hommage auquel Dominique tenait, car malheureusement Marina nous a quittés depuis. Rapidement, j’ai imaginé le personnage de Gaspard Berthille, joué par Alex Lutz, héritier d’un cabaret un peu désuet. À partir de là, avec Edgard Grima et Jérôme Bruno, nous avons développé toute l’arène qui gravite autour de lui en nous documentant minutieusement sur cet univers assez confidentiel.  

Où êtes-vous allé chercher votre inspiration, votre modèle, pour créer votre cabaret Le Tout-Paris ?
M. F. : Forcément au Moulin-Rouge, qui est une sorte d’icône des cabarets parisiens, mais gigantesque aussi. Pas du tout le cabaret familial que nous voulions représenter. LeParadis Latin correspondait plus à l’idée que nous nous faisions de notre Tout-Paris. Et la chance nous a souri puisque la direction du Paradis nous a permis de filmer sur place. Une opportunité idéale de nous imprégner de ces murs chargés de souvenirs et où l’on voit s’étaler les photos des célébrités qui y sont passées. Mais si ce décor naturel nous a offert un supplément d’âme et d’authenticité, il a aussi eu ses contraintes liées à l’exploitation commerciale du lieu. Les journées de travail commençaient très tôt car elles devaient finir avant l’arrivée des clients. Cela supposait parfois des convocations au maquillage à quatre heures du matin. Pas du tout idéal pour les équipes. 

Êtes-vous particulièrement attiré par ce milieu ?
M. F. : Il m’a toujours fasciné. Je me souviens, petit, être resté scotché devant les retransmissions de fin d’année des spectacles de L’Alcazar ou du Paradis Latin. Cette période était l’âge d’or de la revue. Une machine à fantasmes et à rêver. Aujourd’hui, certains de ces lieux mythique sont en difficulté. Cette adversité constitue un axe d’écriture intéressant. Aussi j’ai choisi de pénétrer cet univers par la petite porte, celle d’un cabaret qui doit se réinventer s’il ne veut pas disparaître. Les portraits des personnages n’en sont que plus émouvants et les ressorts dramatiques plus rebondissants. 

Gaspard Berthille va petit à petit revêtir l’étoffe d’un vrai patron de cabaret et peut-être aussi celle d’un artiste. Son parcours a quelque chose d’initiatique (…). Il va laisser éclore l’enfant de la balle qui a grandi entre les plumes et le velours rouge. Ce rôle requiert une ample palette de jeu et je savais qu’Alex Lutz pouvait réussir ce grand écart.

Marc Fitoussi

À l’instar du Paradis Latin, Le Tout-Paris fait appel à une personnalité pour se réinventer…
M. F. : Tout à fait, au Paradis Latin, Kamel Ouali a créé la nouvelle revue qui s’appelle L’Oiseau Paradis, avec Iris Mittenaere, ex-Miss France et Miss Univers, comme meneuse de revue. Dans notre série, Monica Bellucci joue ce rôle et, en revanche, le chorégraphe (Nicolas Maury) est un personnage fictif. En réalité, logiquement, Kamel Ouali a imaginé nos séquences dansées, puisque j’avais décidé d’engager la troupe du Paradis Latin. Pour la musique, Bertrand Burgalat s’est imposé naturellement. D’une part parce que je connaissais son talent pour avoir déjà travaillé avec lui sur mon film Les Apparences. D’autre part parce que je le savais capable non seulement de créer la musique originale de la série, mais également celle plus spécifique des revues. Sa grande connaissance musicale lui a permis de s’inspirer d’anciennes revues pour créer des morceaux intemporels. 

Quels sont les personnages principaux de Ça, c’est Paris ! ?
M. F. : La série suit les destins de trois danseuses en particulier : Justine, Coralie et Teresa. La chance m’a tout de suite souri pour Justine, puisque Nastasia Caruge fait déjà partie de la troupe du Paradis et qu’elle correspondait parfaitement au personnage que j’avais écrit. En revanche, j’ai longtemps cherché « ma » Coralie et finalement j’ai opté pour une vraie comédienne, Salomé Dewaels, qui n’est pas du tout danseuse mais qu’on a doublée dans les scènes chorégraphiées. Teresa devait être une danseuse polonaise sachant jouer en français. Un genre de couteau suisse que j’ai trouvé en Pologne en la personne de la délicieuse Rosina. Mais elle a tout de même dû prendre quelques cours de français. En revanche, celle qui joue la camarade qui débarque de Pologne, Agnieszka, est un joli coup du destin, puisque Anna Nowak n’est autre que notre traductrice. 

Et le taulier (comme on dit dans le jargon) ?
M. F. : Au début pas très sympathique, un peu démissionnaire, Gaspard Berthille va, petit à petit, revêtir l’étoffe d’un vrai patron de cabaret et peut-être aussi celle d’un artiste. Son parcours a quelque chose d’initiatique puisqu’il va se révéler à lui-même. Il va laisser éclore l’enfant de la balle qui a grandi entre les plumes et le velours rouge. Ce rôle requiert une ample palette de jeu et je savais qu’Alex Lutz pouvait réussir ce grand écart. Face à lui, j’ai souhaité une forte en gueule, Charlotte de Turckheim, avec un look à la Andrée Putman, pour jouer sa mère adoptive. Leurs affrontements, leurs désaccords amènent du peps et de la comédie. Nicolas Maury, lui, a été notre chorégraphe dès l’écriture, je l’avais déjà dirigé sur Dix pour cent. Edgard Grima, Jérôme Bruno, les coauteurs, et moi-même connaissions son talent et son audace. Et Monica Bellucci s’est imposée comme une évidence dans le rôle de meneuse de revue pouvant attirer les foules. Même si elle joue son propre rôle, nous lui avons offert une partition de femme plus calculatrice et manipulatrice qu’elle ne l’est en réalité. Ça l’a beaucoup amusée !

Qu’est-ce qui vous a frappé dans cet univers ?
M. F. : J’ai découvert des gens très attachés à leur métier et aux lieux où ils travaillent. Ils forment vraiment une troupe. De l’hôtesse au guichet à celle du vestiaire, qui sont des ex-danseuses dans la série et la réalité ; du régisseur au chef de salle, tous souhaitent rester dans leur famille de cœur.

Quelle est la place du cabaret dans un monde post-MeToo ?
M. F. : Le cabaret a été précisément un refuge pour tous les gens issus de la diversité et qui ne pouvaient s’épanouir ailleurs, comme Régis (Dominique Besnehard). Le chef de rang, homosexuel, aurait dû réprimer sa personnalité dans un autre milieu. Armande (Galia Salimo) parle de sa transidentité et du fait que le cabaret lui a sauvé la vie. Une série chorale telle que Ça, c’est Paris ! permet de confronter les points de vue. Par exemple, les danseuses ne se sentent pas du tout femmes-objet versus la fille de Gaspard, Lolita (Violette Guillon), qui trouve que c’est un lieu d’exhibition rétrograde où l’on chosifie la femme. Le cabaret accueille tout le monde !

Making-of 

 


Ça, c’est Paris !

« ça, c'est Paris ! »
«  Ça, c’est Paris ! ».
© FTV

Au cœur d’un Paris post-confinement, Gaspard Berthille gère Le Tout-Paris, un cabaret emblématique qui perpétue la légende des « folles nuits parisiennes », aux côtés d’institutions telles que Le Paradis Latin. Contrairement à son père, Dary, ancien directeur et mythique meneur de revue, Gaspard a échoué à maintenir le succès de l’établissement. Est-ce à cause d’un spectacle dépassé, d’une gestion défaillante ou d’une concurrence plus innovante ?
C’est en tout cas pour Gaspard le moment fatidique de vendre. À moins qu’il fasse le pari fou de créer une nouvelle revue et de redonner au cabaret son lustre d’antan… 

Avec Alex Lutz (Gaspard Berthille), Charlotte de Turckheim (Babeth), Nicolas Maury (Adrien Baudry), Anne Marivin (Prune Berthille), Aurore Clément (Crystal), Florence Thomassin (Cookie), Delphine Baril (Olympe), Xin Wang (May-Ling), Dominique Besnehard (Régis), Salomé Dewaels (Coralie), Katarzyna Sawczuk (Teresa), Darren Muselet (Jordan), Audjyan Alcide (Lynette), Nastasia Caruge (Justine), Galia Salimo (Armande), Anna Nowak (Agnieszka)…

Avec la participation exceptionnelle de Monica Bellucci, Bernard Le Coq, Christian Louboutin et Line Renaud

Série (6 x 52 min – 2024) – Réalisation Marc Fitoussi — Créée par Marc Fitoussi,
Edgard F. Grima et Jérôme Bruno — Scénario Marc Fitoussi, Edgard F. Grima et Jérôme Bruno — Direction artistique Marc Fitoussi — Musique originale Bertrand Burgalat — Chorégraphies Kamel Ouali — Production de Mon Voisin Productions (Mediawan) et
Federation Studio France — En coproduction avec Butler Industries et Be-Films RTBF (Télévision belge) — Avec le soutien de la RégionÎle-de-France, avec la participation du CNC et de l’image animée — En association avec SG Image 2022, A Plus Image Developpement, 8 Images, Cinemage 12 Developpement, Cineventure 3 Developpement et Le Paradis Latin — Avec le soutien du Programme Europe créative média — Une série produite par Dominique Besnehard, Michel Feller, Stéphane Sperry et Thierry Sorel — Producteur associé Walter Butler — Avec la participation de France Télévisions

Ça, c’est Paris ! est diffusé dès mercredi 20 novembre sur france.tv et le mercredi 27 novembre à 21.05 sur France 2 
À (re)voir sur france.tv 

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Publié par Diane Ermel le 11 novembre 2024