« Belmondo l’incorrigible »

Un documentaire hommage au monstre sacré disparu il y a trois ans

France 5

Documentaire

Sa carrière est aussi inclassable que sa personnalité était tonitruante. Charismatique et débrouillard, séducteur et casse-cou, Bébel a su réaliser le grand écart entre films d’auteur et comédies populaires, cinéma et théâtre. Trois ans après sa disparition, ce documentaire tout en archives et extraits rend hommage au monstre sacré. Vendredi 6 septembre à 22.55 sur France 5, après la diffusion de ses rocambolesques « Tribulations d’un Chinois en Chine », réalisé par Philippe de Broca.

« Belmondo l'incorrigible ». © Keyston-France/Gamma-Rapho

Tac tac badaboum ! Courant sur un câble tendu entre deux immeubles (L’Homme de Rio, 1964), survolant Venise suspendu à un hélicoptère (Le Guignolo, 1980), bondissant sur le toit d’un métro (Peur sur la ville, 1975) ou sautant d’une voiture en marche (Le Magnifique, 1972) : devant les caméras de Philippe de Broca, Henri Verneuil, Georges Lautner, Claude Zidi, Gérard Oury et autres, Jean-Paul Belmondo aura, sans jamais se départir de son sourire ravageur, osé les cascades les plus terrifiantes. Goût démesuré du risque ou sens inégalé du spectacle ? Le comédien a, en tout cas, joué ses rôles comme il a vécu sa vie : à mille à l’heure et semblant tout prendre à la rigolade – lui garantissant une place à part dans le cœur des Français.
La vie comme une aventure permanente, comme un « jeu » (d’acteur, d’enfant) qui ne prend jamais fin, personnalité indissociable de ses personnages : il est somme toute logique que ce soient ses films qui racontent le mieux Bébel. Pour Jean-Paul Belmondo l’incorrigible, François Lévy-Kuentz a ainsi fait le choix de les laisser parler, pour tenter d’approcher, de l’intérieur si l’on peut dire, l’homme derrière le comédien. En créant un stimulant jeu d’échos entre de nombreux extraits d’À bout de souffle, L’Homme de Rio, Borsalino, Stavisky, Unsinge en hiver, Le Guignolo, Le Magnifique, Le Solitaire, L’As des as (véritables madeleines pour des générations et des générations de cinéphiles), images d’archives inédites, interviews et citations de son autobiographie, le documentaire dévoile l’enfance, les pitreries, le désir de devenir acteur, l’ambition, l’ascension, mais aussi les malentendus, les frustrations et les drames de celui dont le rire tonitruant masquait une profonde pudeur. 

J’étais un enfant de la guerre, c’est pourquoi j’ai cultivé très tôt la liberté et l’allégresse, peut-être aussi parce que mes parents me les avaient montrées. Alors, j’ai décidé que c’est de cela que ma vie serait faite.

Jean-Paul Belmondo

Le grand écart, il ne le réussissait pas que dans les films : avec son visage cabossé, son charme enjôleur et son corps félin, Jean-Paul Belmondo a su, mieux que quiconque, faire le lien entre cinéma d’auteur (lançant la Nouvelle Vague avec À bout de souffle de Jean-Luc Godard en 1960) et comédies d’action ultra-musclées et populaires (régnant sur le box-office français au début des années 1980), entre ses premiers pas contrariés au Conservatoire dans les années 1950 (constituant sa « bande » autour de Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Guy Bedos…) et son retour triomphal sur les planches cinquante ans plus tard (avec la complicité de Robert Hossein qui le met successivement en scène dans Kean et Cyrano de Bergerac au Théâtre Marigny). En 90 films et une trentaine de pièces, il a conquis près de 160 millions de spectateurs, séduits tout autant par la modernité de ses rôles de jeune premier que par la truculence de ces personnages, plus tardifs, de justicier indestructible, solitaire et provocateur – rôles qui ont forgé sa légende et dont ont su s’emparer avec malice et tendresse, dans la dernière partie de sa filmographie, des réalisateurs comme Claude Lelouch (Itinéraire d’un enfant gâté, 1988) et Patrice Leconte (Une chance sur deux, 1998, qui scelle ses retrouvailles avec un autre monstre sacré de sa génération, Alain Delon, disparu récemment).
Mené tambour battant (comment pourrait-il en être autrement ?), Jean-Paul Belmondo l’incorrigible retrace ainsi sa carrière comme une épopée, dévidant, de films en films, la chronologie des succès, des échecs, des prises de risques insensés. Levant le voile sur une enfance heureuse (que la Seconde Guerre mondiale fait soudain basculer), marquée par la figure d’une mère courage et d’un père tout en rigueur (sculpteur réputé qui emmène ses enfants au Louvre chaque dimanche et voyait d’un mauvais œil les ambitions théâtrales de son fils), le documentaire témoigne de l’aura indémodable de celui qui, marqué par les épreuves, a tout de même fait, avec une générosité sans faille, le choix de la liberté et de l’allégresse, envers et contre tout. Grand écart, on vous dit…

Belmondo l’incorrigible 

« Belmondo l'incorrigible »
« Belmondo l'incorrigible ».
© DR

À l’heure où l’on s’apprête à commémorer Jean-Paul Belmondo disparu il y a trois ans, on croit tout connaître de l’acteur aux 90 films et aux 160 millions de spectateurs… Et pourtant, il restait à découvrir l’essentiel à travers ce documentaire tout en archives : l’histoire intime d’un homme qui fut toujours fidèle à lui-même, à la vie comme à l’écran. Ce film retrace la véritable histoire d’un jeune acteur devenu, un peu malgré lui, un monstre sacré du cinéma.

Documentaire (96 min – 2024) – Réalisation François Lévy-Kuentz – Scénario François Lévy-KuentzStéphan Lévy-Kuentz, Charlie Buffet – Production Les Bons Clients, avec la participation de France Télévisions et le soutien du CNC, de la Région Île-de-France et de la Procirep-Angoa

Belmondo l’incorrigible, diffusé vendredi 6 septembre à 22.55, après la diffusion des Tribulations d’un Chinois en Chine, la comédie d’aventures réalisée par Philippe de Broca en 1965, dans la foulée du succès de L’Homme de Rio, est à (re)voir sur france.tv 

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Publié le 06 septembre 2024