« Aux arts et caetera : La Fabuleuse Histoire de la collection Ambroise Vollard »
Des œuvres convoitées
France 5
Documentaire
C’est une histoire aussi rocambolesque que romanesque débutée à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Une succession d’une valeur inestimable. Celle du Réunionnais Ambroise Vollard, un marchand de tableaux, galeriste, éditeur et écrivain, indissociable des plus grands peintres de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Pour comprendre ce qu’il advint de sa collection d’œuvres d’art après sa mort, il faut se replonger dans sa vie. À découvrir vendredi 18 octobre à 23.00 sur France 5.
Il est des concours de circonstances plus heureux que d'autres. Collectionneur dans l'âme, le Réunionnais Ambroise Vollard s'est passionné pour la peinture et le dessin alors qu'il poursuivait ses études à Paris. Une passion qui le guidera jusqu'à son décès en juillet 1939. Considéré comme l'un des plus importants collectionneurs et marchands d'art du début du XXe siècle, il possédait une collection jugée inestimable. Convoitée, elle le fut — au point d'être pour une bonne part frauduleusement acquise, après sa mort.
Mon expérience me rappelle tout ce que je dois à mon invincible propension au sommeil. Maintes fois, l'amateur rentrant dans ma boutique m'y trouvait assoupi. Je l'écoutais, encore à moitié endormi, dodelinant de la tête, en essayant péniblement de répondre. Le client prenant pour un refus mon inintelligible ronronnement augmentait progressivement son offre. De telle sorte que, quand j'étais à peu près réveillé, mon tableau avait obtenu une appréciable hausse. C'est le cas de dire que la fortune vient en dormant.
Ambroise Vollard
Pour comprendre l'engouement autour de la collection Ambroise Vollard, il faut se replonger dans sa vie. Celle qu'il s'est construite à Paris, une fois qu'il eut décidé de renoncer à ses études de droit (son père était notaire). Marchand d'art disposant de sa propre galerie, il soutient, lance ou fait découvrir de nombreux peintres, dont Cézanne (à presque 60 ans, c'était alors un quasi-inconnu), Van Gogh, Gauguin, Picasso, Maillol, Matisse, Derain, etc. Doué en affaires, il acquiert pour presque rien des tableaux, dessins ou estampes qu'il conserve ou revend à un prix élevé. Devenu incontournable, il crée sa propre maison d'édition (avant de devenir aussi écrivain). « Pour illustrer le premier [livre] qu'il édite en 1900, un Verlaine relativement érotique, il va s'adresser à un artiste, Pierre Bonnard, qui va choisir la lithographie en couleurs et, alors là, précise la conservatrice Clara Rocca en parcourant l'ouvrage, c'est vraiment le comble de ce qu'il ne faut pas faire pour les bibliophiles. À une époque où la lithographie en couleurs est encore associée à quelque chose de vulgaire. Et puis, il n'y a pas de séparation bien nette de l'image et du texte. » Ambroise Vollard a toujours assumé ses choix, quitte à titiller, au passage, la vieille garde. Il cesse son activité de marchand d'art au sortir de la Première Guerre mondiale. Dans son hôtel particulier, situé dans le VIIe arrondissement de Paris, sont alors rassemblées plus de 6 000 œuvres d'art moderne (comprenant sa collection personnelle et son stock). L'inventaire qu'il en dresse reste sommaire et dénué de photos. Une erreur de débutant qui vaudra à cette mythique collection de connaître une fin digne d'un roman, aussi rocambolesque qu'inimaginable. Il faut dire que le décès d'Ambroise Vollard survient quelques semaines avant l'entrée en guerre de la France. N'importe qui à sa place aurait mis cette collection à l'abri. Ceux qui le feront parmi ses ayants droit agiront pour de mauvaises raisons. Par cupidité et appât du gain, ils iront même jusqu'à duper Lucien, le frère cadet d'Ambroise. L'histoire de cette succession, loin de s'arrêter là, prend un tournant inattendu à la fin des années 1970, lorsque, dans un coffre de la Société Générale, une infime partie de la collection sera fortuitement (re)découverte.
Šlomović a dit que Vollard les lui avait données. Vollard donnant quelque chose. J'en ris encore.
Souvenirs de Daniel Wildenstein, marchand d'art, à propos des œuvres de la collection Vollard possédées par Erich Šlomović
La donation Vollard au musée Léon-Dierx
« Ambroise Vollard, le célèbre marchand d’art d'origine réunionnaise (…), avait modestement contribué au projet des Leblond en cédant au futur musée Léon-Dierx deux œuvres (…). En 1947 [huit ans après le décès d'Ambroise Vollard], son frère cadet, Lucien Vollard, qui a déjà dispersé une partie de son héritage, demande aux Leblond d’effectuer pour le musée Léon-Dierx une sélection d’œuvres afin d’en enrichir ses collections. Ayant toujours la volonté de constituer un ensemble pédagogique et encyclopédique de l’art moderne, les Leblond sélectionnent 157 œuvres : 26 peintures, 25 dessins, 11 sculptures, 8 œuvres relevant des arts décoratifs et 87 estampes principalement éditées par Ambroise Vollard, témoignage de son rôle essentiel dans le renouveau de l'édition d’estampes originales et du livre d’artiste. La donation arrive à La Réunion au mois d’août 1947 et est fortement associée au nouveau statut de l’île, puisqu'elle coïncide au changement qui transforme la colonie en département français rattachant plus fortement La Réunion à sa métropole. »
Source : musée Léon-Dierx
Un jour que Vollard se plaignait de vieillir et qu'il s'inquiétait de ce deviendrait sa collection, je lui avais suggéré de transformer son hôtel en musée Ambroise-Vollard. Assez vite, cette idée lui devint coutumière. Il songea même à la manière dont il modifierait son testament.
Souvenirs de Marie Dormoy, assistante de Vollard
Aux arts et caetera : La Fabuleuse Histoire de la collection Ambroise Vollard
L’histoire incroyable d’Ambroise Vollard, un jeune homme originaire de La Réunion venu faire ses études à Paris et qui va devenir un marchand d’art mythique, attirant dès la fin du XIXe siècle les futurs grands noms de l’art moderne : Cézanne, Picasso, Gauguin, Matisse.
Doté d’un flair hors du commun et d’un redoutable sens des affaires,Ambroise Vollard va constituer la plus grande collection d’art moderne de son temps. Un véritable trésor qui, après sa mort mystérieuse en 1939, va passer de main en main, pour finir en partie par se volatiliser dans des circonstances tragiques et qui nourrit, aujourd’hui encore, nombre de procès et de rebondissements.
Cette odyssée rocambolesque, rythmée par l’histoire de l’art moderne du début du XXe siècle, nous plonge dans les soubresauts de la Seconde Guerre mondiale, notamment dans les Balkans, nous fait traverser la guerre froide et nous amène jusqu’aujourd’hui, à Paris et à Belgrade.
Documentaire (60 min - inédit) – Autrice et réalisatrice Tania Rakhmanova – Collaboration à l'écriture du commentaire Boris Donné – Compositeur Baptiste Charvet (éditions Cézame Music Agency) – Production Slow Production – Avec le soutien de la Procirep - Société des Producteurs et de l'Angoa – Avec la participation de France Télévisions et du Centre National du Cinéma et de l'image animée
Ce documentaire est diffusé vendredi 18 octobre à 23.00 sur France 5
Aux arts et caetera : La Fabuleuse Histoire de la collection Ambroise Vollard est à voir et revoir sur france.tv