Oksana Masters, Zakia Khudadadi, Cédric Nankin, Anne-Sophie Centis, Alexis Hanquinquant et Gabriel Araujo : para-natation ou handbike, para-triathlon ou rugby-fauteuil, elles et ils visent l’or aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. À une semaine de la cérémonie d’ouverture, ce documentaire tout en énergie et passion entremêle leurs parcours véritablement hors normes, entre résistance et résilience. Mardi 20 août à 21.10 sur France 2.
Elles et ils viennent de France, du Brésil, des États-Unis et d’Afghanistan et sont portés par la même ambition : entrer dans la légende des Jeux Paralympiques de Paris 2024. Trois femmes et trois hommes marqués par l’existence, handicapés de naissance ou par suite d’un accident, dont le parcours à proprement parler extra-ordinaire, tout en résistance et résilience, s’impose à nos yeux comme un exemple rare d’abnégation, de courage, de combativité, de passion, de dépassement : une vivifiante leçon de vie, dont ce portrait documentaire traduit tout à la fois l’énergie, la rage, les colères.
« Pour être irremplaçable, il faut cultiver sa différence », résume ainsi, citant Coco Chanel, Oksana Masters, la championne handbike la plus titrée des États-Unis qui se prépare à décrocher l’or à Paris. Née en Ukraine en 1989 avec de multiples déformations liées aux retombées radioactives de Tchernobyl, abandonnée à la naissance, ballottée, maltraitée d’orphelinats en orphelinats, elle est finalement sauvée de l’enfer par une orthophoniste américaine qui l’adopte à l’âge de 7 ans et l’ouvre à une nouvelle vie. Aux États-Unis, elle apprend l’anglais, se fait amputer des deux jambes et découvre le sport. « Je suis une athlète, je ne suis pas juste une fille sans jambes, dit-elle encore. Je suis bien plus que ce que les gens voient. » À ses côtés témoigne également Zakia Khudadadi, championne d’Europe de para-taekwondo dont le bras gauche est atrophié. Afghane issue de la minorité chiite hazara, menacée par le retour des talibans en 2021, elle a été exfiltrée par la France alors qu’elle devait s’envoler pour les Jeux Paralympiques de Tokyo. Depuis, elle vit et s’entraîne avec l’équipe de France de taekwondo et rêve d’obtenir tout à la fois nationalité et médailles françaises. « Je suis née handicapée, dit-elle. J’ai fini par l’accepter. Tout le monde devrait en faire autant. » Le documentaire donne également la parole à Cédric Nankin, l’attaquant le plus redoutable de l’équipe de France de rugby-fauteuil ; à Anne-Sophie Centis, aveugle depuis ses 20 ans, nouvel espoir du cyclisme en tandem ; à Alexis Hanquinquant, sextuple champion du monde de para-triathlon, victime d’un accident de travail qui le laisse unijambiste ; et à Gabriel Araujo, recordman brésilien atteint de phocomélie, et nouveau phénomène de la para-natation.
Je n’aurais pas aimé être comme tout le monde. Le fait d’être né handicapé a fait de moi un être spécial et me permet de vivre des choses merveilleuses.
Gabriel Araujo, champion olympique para-natation – « À corps perdus »
En prenant le temps de recueillir leurs paroles et en filmant, au plus près des corps, les entraînements, les victoires, les déceptions de ces athlètes, À corps perdus organise les conditions d’une double rencontre : rencontre, permise, offerte par la magie des images et des mots, entre ces personnalités à tout point de vue hors normes dont les destins s’entremêlent et se répondent ; rencontre, surtout, avec les téléspectatrices et téléspectateurs, que le montage vif et les plans inspirés de Thierry Demaizière et Alban Teurlai (connus notamment pour le magnifique Allons enfants, nommé en 2023 aux Césars) guident, sans voyeurisme aucun, vers une intimité parfois douloureuse. Rencontre qui ne laisse pas indemne en nous faisant partager les espoirs autant que les frustrations d’Oksana Masters, Zakia Khudadadi, Cédric Nankin, Anne-Sophie Centis, Alexis Hanquinquant et Gabriel Araujo, qui, malgré leurs performances sur le terrain et l’engouement suscité par les Jeux, travaillent souvent sans moyen, sans public et sans visibilité. Un manque de reconnaissance que le documentaire dénonce sans pathos pour porter haut, par-delà les attentes de médailles et d’exploits sportifs, l’espoir d’une société enfin inclusive. Rien, non, rien n’est « perdu » dans ces corps, meurtris certes, mais en mouvements permanents, en perpétuel renouvellement, comme s’ils ne cessaient de nous montrer le chemin à suivre vers un monde meilleur.
À corps perdus
Ils sont six parmi des milliers. Six athlètes venus de France, du Brésil, des États-Unis et d’Afghanistan, qui vont tenter d’entrer dans la légende lors des Jeux Paralympiques à Paris en 2024. Handicapés de naissance ou suite à un drame de la vie, ces quelques jours où le monde entier aura les yeux rivés sur leurs exploits sont pour eux l’aboutissement d’une vie.
Documentaire (100 min – 2024) – Réalisation Thierry Demaizière, Alban Teurlai – Écriture Thierry Demaizière, Alban Teurlai, Elsa Le Peutrec – Production Falabracks – Coproduction France TV Studio
À corps perdus, diffusé mardi 20 août à 21.10 sur France 2, est à (re)voir sur france.tv
Le documentaire est suivi de la diffusion de Timothée Adolphe, la légende du guépard blanc