« 75-95 : le choix des armes »
Une nouvelle collection documentaire en six films
France.tv
Documentaire
FLNC, GIA, CRAV, ASALA, GAL… : autant d’acronymes, pour certains oubliés, désignant les mouvements ou groupuscules ancrés en région qui ont choisi un jour l’option de la violence à travers la lutte armée. Mêlant histoire et enquête, cette nouvelle collection documentaire s’attache à comprendre les raisons sociologiques, politiques et culturelles de leur passage à l’acte. Ces 6 films inédits sont à découvrir mercredi 2 et jeudi 3 avril à 22.40 sur France 3 et dès jeudi 27 mars sur france.tv.
Ces six histoires permettent de mieux cerner à la fois une époque et le pouvoir. Six histoires fortes, ancrées dans les régions et qui souffrent encore trop de non-dits, de tabous, de légendes, car Paris a encore une pudeur à évoquer ce terrorisme local perpétré par des Français.
Ariane Chemin, directrice éditoriale
Sous la direction éditoriale d’Ariane Chemin, Le Choix des armes revisite à travers six épisodes les affaires de groupes armés qui ont frappé la France des années 1970 jusqu’au début des années 1990. Leurs noms ? FLNC, ASALA, GAL, CRAV, GIA, Loups noirs d’Alsace… Ces acronymes synonymes d’attentats nous renvoient à un temps ancien, qui n’en reste pas moins vif dans les mémoires. Associés à des prises d’otages et des crimes, ils ont profondément marqué les esprits et les territoires.
De 1975 à 1995, ces groupes radicaux ont multiplié les actions militantes : attentats à la bombe, attaques à main armée, incendies… Mais comment expliquer que ces jeunes femmes et hommes aient franchi le pas ? Qu’est-ce qui pousse des individus, a priori sans histoire, à prendre tous les risques pour défendre leurs idéaux ? Quitte à y perdre la liberté, voire la vie.
Tout en cernant les causes sociologiques, politiques et culturelles de ces engagements, cette collection ambitieuse explore les rouages de ces passages à l’acte.
Gros plan sur le « GAL : au nom de la raison d’État »

Interview de la réalisatrice Sylvie Garat
En connaissance de cause
J’ai vécu cette période-là. Je passais mes mercredis après-midi dans les cafés des rues du Petit Bayonne. Pour les réfugiés basques espagnols, se retrouver le soir dans ces bars, c’était un rite qu’ils avaient ramené de leur pays d’origine. Il suffisait pour le GAL de se déplacer dans ces cafés…
J’ai aussi réalisé ce documentaire parce que les gens ont oublié ou ne connaissent pas ces assassinats : 27 victimes au total entre 1983 et 1987 mais, si on remonte aux années 1970, on peut avancer le chiffre d’une cinquantaine de morts, car des meurtres avaient déjà été commandités durant la dictature franquiste.
Chaque été, on circule dans Bayonne pour faire la fête mais ses ruelles gardent aussi la mémoire de toutes ces victimes.

En toute impunité
Grâce au témoignage d’un tueur à gages arrêté à Saint-Jean-de-Luz, les juges français identifient le modus operandi du GAL : création par l’État espagnol, paiement des mercenaires par des fonds secrets, complicité et renseignements fournis côté espagnol comme côté français. Puis le dossier part en Espagne, où des investigations déclenchent l’arrestation de fonctionnaires. Or jamais la justice française n’a utilisé le travail de ces enquêteurs. C’est un peu comme le nuage de Tchernobyl, l’histoire du GAL s’est arrêtée à la frontière…
C’est un peu comme le nuage de Tchernobyl, l’histoire du GAL s’est arrêtée à la frontière…
Sylvie Garat
En hommage
J’ai rencontré beaucoup de familles de victimes qui sont toujours dans l’attente d’une réponse, d’une plaque où se recueillir dans une rue de Biarritz ou de Bayonne. En fait, nous avons toujours une certaine amertume : pourquoi la France a-t-elle laissé faire ? Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de commission d’enquête pour établir la vérité ?
En cours
En Espagne, la semaine dernière, des victimes du GAL ont porté plainte pour crimes contre l’humanité contre l’ancien ministre de l’Intérieur, José Barrionuevo. Ce dernier a, en effet, reconnu publiquement il y a quelques années sa responsabilité dans le GAL. En France, on espère que ce documentaire sera diffusé à l’Assemblée nationale et qu’on puisse enfin créer une commission d’enquête.
Propos recueillis par Béatrice Cantet
75-95 : le choix des armes
Collection documentaire inédite (6 x 52 min – 2025) – Direction éditoriale Ariane Chemin – Direction artistique Juan Gordillo Hidalgo – Production 13Prods, Veo Productions,
Wide Films, Wide Productions – Avec la participation de France Télévisions
À voir mercredi 2 et jeudi 3 avril sur France 3 et jeudi 27 mars sur france.tv

Khaled Kelkal, la fabrique d’un monstre
Il y a près de trente ans, après une longue traque, Khaled Kelkal est abattu par des gendarmes dans les monts du Lyonnais. En 1995, alors que les fiches S n'existent pas encore, les Français commencent à entendre parler de « Plan Vigipirate », « djihad » et « radicalisation ». Ce film explore la radicalisation de Kelkal, un jeune homme dont le destin tragique marque le début d'une nouvelle ère du terrorisme en France.
Un documentaire ICI Auvergne-Rhône-Alpes – Réalisation Raphaël Ruffier-Fossoul

Bastelica Fesch, l’étincelle corse
Le 6 janvier 1980, Marcel Lorenzoni, militant nationaliste, intercepte un commando de barbouzes venu l’enlever dans son village de Bastelica. Ses membres sont associés au groupe Francia, filiale locale du SAC. La situation dégénère et des militants se retranchent avec des otages dans l’hôtel Fesch à Ajaccio, créant six jours de chaos. Cet événement expose les erreurs de l’État et reflète les tensions en Corse, où la jeunesse lutte pour un avenir meilleur tout en préservant sa culture.
Un documentaire ICI Corse – Réalisation Marion Galland
GAL : au nom de la raison d’État
Un documentaire ICI Nouvelle-Aquitaine – Réalisation Sylvie Garat
Voir encadré ci-dessus
Terrorisme arménien : des procès pour l’histoire
1980, Max Hraïr Kilndjian, un buraliste marseillais, devient le visage du terrorisme arménien après son arrestation pour un attentat raté contre l’ambassadeur de Turquie en Suisse. Fils de rescapés du génocide de 1915, il incarne une génération d'Arméniens d’origine qui recourent à l’action armée pour revendiquer la justice. Son procès de 1982 devient une tribune politique contre la Turquie. Libéré, il voit ses revendications validées bien que le terrorisme arménien perdure, culminant avec l’attentat d’Orly en 1983 qui fait huit morts.
Un documentaire ICI Provence-Alpes-Côte d’Azur – Réalisation Gilles Rof

Les Raisins du désespoir
Le 4 mars 1976, à Montredon, dans l’Aude, une fusillade entre un commandant de CRS et un viticulteur provoque la mort de deux hommes, marquant le début d'une guerre civile dans la lutte viticole. Le film interroge les raisons qui ont conduit à cette tragédie et les causes de la révolte des vignerons.
Un documentaire ICI Occitanie – Réalisation Sandrine Mercier et Juan Gordillo Hidalgo

Les Loups noirs d’Alsace, l’histoire falsifiée
Entre 1976 et 1981, l’Alsace a connu un épisode terroriste lié au mouvement autonomiste, sans faire de victimes, mais visant des symboles forts de l’histoire régionale. La première attaque a été perpétrée contre le Struthof, ancien camp nazi devenu lieu de mémoire, dont la baraque musée a été détruite. L’affaire a captivé l’opinion publique, mobilisant enquêteurs et journalistes, jusqu’à l’arrestation de tous les membres du groupe.
Un documentaire ICI Grand Est – Réalisation Jean-Pierre Stucki