Happenings spectaculaires, infiltrations auprès de chasseurs ou caméras cachées dans des abattoirs : le quotidien d’activistes engagés, corps et âme, pour la défense de la cause animale. À coup d’images chocs, cette série documentaire France TV Slash nous interroge collectivement sur nos choix de société. Disponible dès le mercredi 18 septembre à 06.00 sur france.tv.
En doutiez-vous ? Un animal est un « être vivant doué de sensibilité ». Ce n’est pas la mère Michel pleurant son chat ni un militant vegan en croisade antispéciste qui le proclame, mais l’article 515-14 de notre Code civil, reconnaissant officiellement la capacité des non-humains à ressentir, entre autres, la souffrance. En guise de souffrance, on est prévenu d’emblée : « Cette série comporte des scènes susceptibles de heurter la sensibilité de certains spectateurs », prévient le pré-générique de Féroces. Et c’est toute la pertinence de cette série documentaire que de réussir à lier, à jumeler, à faire correspondre, ces deux « sensibilités » : celle d’animaux envoyés à l’abattoir, traqués à coup de pelles hors de leur terrier ou élevés cruellement en batterie et celle des spectateurs face à la violence de ces images, filmées clandestinement par les associations de protection animale comme One Voice ou L214.
En suivant le quotidien de militants engagés dans lesdites associations, les quatre épisodes de Féroces dévoilent l’envers de ces images chocs qui, par la résonance médiatique qu’elles ont acquise ces dernières années, ont favorisé une nouvelle compréhension de notre rapport au vivant. Chaque jour, en France, environ 3,2 millions d’animaux issus d’élevages sont abattus à des fins d’alimentation. Sans la mobilisation sur le terrain (à travers manifestations, happenings, tractages ou signatures de pétitions) et surtout sans les diverses actions coups de poing menées parfois dans l’illégalité la plus totale (caméras cachées dans des abattoirs, infiltrations auprès de chasseurs, « libération » d’animaux), nous continuerions à ignorer les conditions dans lesquelles sont produits nos steaks, saucissons, barquettes de poulets…
J’ai parfaitement connaissance des risques que j’encours [...]. Risque physique : si mes collègues découvrent que je suis infiltré, que j’ai une caméra sur moi, ils peuvent potentiellement m’agresser, ça peut mal tourner. Il y a aussi les risques psychologiques...
Thomas, infiltré – « Féroces »
« La première fois que j’ai mené une enquête en infiltration, je me sentais vraiment comme dans Le Bureau des légendes », raconte Nina, infiltrée auprès d’un groupe de chasseurs. Visage dissimulé par un masque de renard, elle raconte son combat de l’ombre pour dénoncer la maltraitance animale. D’autres militants évoquent leur double vie au service de la cause. Le montage a la vivacité électrique d’un feuilleton à suspense. Au fil des épisodes, la série documentaire, tout en tension et intensité, flirte vers le film d’espionnage. Au jour le jour, de l’intérieur, Féroces montre les préparatifs, les lents repérages, les passages à l’acte soudains, la clandestinité, les ratés, l’angoisse de se faire démasquer, tout autant que l’incompréhension des proches ou les conflits de famille face à la radicalité de certains choix.
Dresser le portrait de ceux qui se battent pour la cause animale (s’infiltrer, en quelque sorte, auprès des infiltrés), c’est s’interroger collectivement sur le sens de l’engagement et poser l’épineuse question de la désobéissance civile. Certaines des actions qui sont ici filmées sont susceptibles de constituer des infractions passibles de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Tiphaine Lagarde, activiste qui œuvre à libérer des animaux promis à l’abattoir pour leur offrir un foyer d’accueil, cumule ainsi vingt-cinq procès. Vivre selon ses convictions est à ce prix.
Les actions directes présentent toujours des risques, puisque vous basculez dans l’illégalité. Vous le faites parce que vous estimez que le but est juste.
Tiphaine Lagarde, activiste – « Féroces »
D’interview en interview, de portrait en portrait, Féroces donne la parole aux militants autant qu’à leurs détracteurs (éleveurs et chasseurs). Par-delà la question de la cause animale, la série documentaire interroge plus largement notre modèle de société, nos choix communs, les dérives de la (sur)consommation. Féroces est filmé avec un sens réel de la « sensibilité » (cette sensibilité qui est donc notre bien commun, en partage), montrant que l’on ne peut dissocier sans risque souffrances animale et humaine. « Il est important de prendre en compte ce que vivent les employés en abattoir, dit par exemple Thomas qui, pour l’association L214, a partagé plusieurs mois leur quotidien. Quand on est confronté jour après jour à la violence, quand notre métier consiste à égorger des animaux à la chaîne, on a un rapport avec la mort qui est particulier et nécessiterait un suivi psychologique… » Se nourrir est-il à ce prix ?
Féroces
Épisode 1 – Les infiltré(e)s
Les activistes se confrontent à la réalité du terrain et préparent les actions, souvent périlleuses. Entre infiltrations dans des abattoirs et dans un équipage de chasse, Nina et Thomas risquent gros pour filmer et révéler une réalité inadmissible à leurs yeux. Tiphaine organise une opération top secret et Kilian n’a qu’un objectif, changer les mentalités.
Épisode 2 – Délivrance
C’est le grand jour pour Tiphaine et son équipe. Ils vont mener une opération délicate, dans l’obscurité, pour « libérer » des poulets d’un abattoir. Du côté de Nina et de Thomas, les infiltrations se poursuivent et affectent le moral des activistes. La tension monte alors que la possibilité de se faire démasquer plane. Parviendront-ils à poursuivre leur mission sans être découverts ?
Épisode 3 – Révélations
Activistes, militants et infiltrés nous racontent les chemins qui les ont menés à consacrer leur vie à la cause animale. Comment leur engagement affecte-t-il leurs relations personnelles, leurs carrières et leur équilibre ?
Épisode 4 – Seul(e) contre tous
Des vidéos choquantes d’abattoirs et de scènes de chasse, diffusées par L214 et One Voice, secouent le débat public : médias et politiques se saisissent du sujet tandis qu’éleveurs et chasseurs expriment leurs réserves et leurs points de vue. Kilian n’en a pas fini avec sa mère, et les vaches se portent bien.
Série documentaire (inédit – 4 x 20 min – 2014) – Réalisation Nicolas Combalbert – Scénario Aurélie Jacques et Nicolas Combalbert – Production Imagissime et Mediawan, avec le soutien du CNC, avec la participation de France Télévisions
Féroces, documentaire France TV Slash, est disponible dès le mercredi 18 septembre à 06.00 sur france.tv