Elle a vécu mille vies mais n’a eu que deux amours : son pays et Paris. À l’occasion du troisième anniversaire de son entrée au Panthéon, La1ère rend hommage à la militante infatigable Joséphine Baker à travers une série de podcasts inédite. De son enfance difficile dans le Missouri à l’obtention de la légion d’honneur, retour sur l’incroyable parcours d’une icône moderne et universelle.
30 novembre 2021, Joséphine Baker devient la première femme noire à entrer au Panthéon. Une décision qui a remis cette femme aux multiples facettes sur le devant de notre histoire commune. Pourtant, son parcours à elle débute de l’autre côté de l’Atlantique en 1906, dans une Amérique gangrenée par le racisme.
Un jour, j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être noire. C’était un pays réservé aux Blancs. Il n’y avait pas de place pour les Noirs. J’étouffais aux États-Unis. Beaucoup d’entre nous sommes partis, pas parce que nous le voulions, mais parce que nous ne pouvions plus supporter ça… Je me suis sentie libérée à Paris.
Joséphine Baker
Guidée par son envie d’une vie meilleure, elle suit une troupe d’artistes. Une décision qui va la pousser dans les bras de son deuxième amour, Paris.
Vous le voyez bien par mon retour
La France toujours
Idéal séjour
Aura mon amour
Lorsque je revins de voyager à l’étranger
J’avais peur de voir un Paris tout changé
Et pourtant j’ai retrouvé chez vous l’accueil si doux
Et la gentillesse qui me touche avant tout
Extrait de la chanson « Dis-moi Joséphine ? » de Joséphine Baker
Que ce soit par la danse, le chant ou le militantisme, Joséphine Baker a su bousculer les conventions et balayer les barrières, ouvrant ainsi la voie au progrès et à l’évolution des mentalités en devenant une figure des Années folles et le symbole de l’émancipation féminine de la France aux États-Unis.
Joséphine
À travers 9 épisodes passionnants, enrichis d’archives et de témoignages de proches et de spécialistes, Cécile Poss (RTBF) raconte les valeurs, la générosité et l’humanisme de cette pionnière, qui inspire encore aujourd’hui les nouvelles générations d’artistes et de militantes.
Avec les témoignages de Laurent Kupfermann, initiateur de la pétition pour la panthéonisation de Joséphine Baker ; Angélique Delabarre, propriétaire du château des Milandes ; Jacques Pessis, auteur d’une biographie de Joséphine Baker ; Sébastien Danchin, historien des musiques populaires noires américaines ; José-Louis Bocquet, coauteur d’une BD sur la vie de Joséphine Baker ; Denise Ward Brown, professeure à la Sam Fox School of Visual Art & Design, et Joana Dee Das, maîtresse de conférence au Performing Arts Department, Washington University. Et les enfants de Joséphine Baker : Brian, Akio et Marianne Bouillon Baker.
Résumé des épisodes
Épisode 1 ─ La joie de vivre
Joséphine Baker est la sixième femme à entrer au Panthéon. Universelle, humaniste, généreuse, elle a pourtant connu une enfance pauvre et difficile. Très tôt, elle développe un goût prononcé pour la danse et le théâtre. Après avoir été employée de ménage, avoir été maltraitée et violentée, son culot et son assurance lui permettront de faire ses débuts sur scène.
Épisode 2 ─ Les racines de Joséphine
Joséphine Baker grandit dans une Amérique gangrenée par le racisme et la ségrégation. Haine, lynchages, humiliations, émeutes, meurtres, massacres, terreur, la population noire, surtout du Sud, est particulièrement touchée. Frappée par ces événements, la jeune femme sera marquée toute sa vie par le massacre de 1917 à East-St Louis. L’esclavage puis la ségrégation vont donner naissance à des genres musicaux et artistiques qui connaîtront un succès planétaire et que Joséphine importera en Europe.
Épisode 3 ─ Du génie qui brise les codes aux origines du hip-hop
La Revue nègre est une bombe dans le paysage musical du Paris des Années folles, tout le gratin parisien assiste aux premiers pas de la future star, au sens moderne du terme, Joséphine Baker. À travers un exotisme sauvage, on vente l’empire colonial qu’est alors la France et on met en scène le fantasme qu’on se fait de l’Afrique. Musique, danse, jazz, arts, sculpture, tout ce qui a trait à la culture afro-américaine fascine. La négrophilie de ces Années folles se remarque aussi par la musique importée par les Noirs, le jazz qui influence aussi la danse. Celles qu’exécute Joséphine Baker donneront naissance au hip-hop et influencent encore les stars actuelles comme Beyoncé ou Rihanna.
Épisode 4 ─ De la négresse des îles à la libération de la femme
Au milieu de ces Années folles où Paris est une fête permanente, Joséphine Baker symbolise la libération de la femme, elle cristallise l’émancipation féminine. La star du charleston lance une nouvelle mode, robe ample et look à la garçonne. Égérie des grands couturiers, muse de nombreux artistes, Joséphine Baker est également la première à lancer toute une série de produits dérivés à son effigie, dont la célèbre brillantine Bakerfix. Durant ses 50 ans de carrière, Joséphine n’a de cesse de surprendre son public en se réinventant constamment. Danseuse, chanteuse mais aussi actrice, comme chaque star qui se respecte, elle déclenche le scandale dans certaines villes à une époque où le nazisme monte en puissance.
Épisode 5 ─ La résistante
Derrière la star, la danseuse, la chanteuse se cache une réelle combattante. Animée par son amour de la vie et des hommes, par son immense respect du genre humain, par son amour inconditionnel de la France, Joséphine Baker ne peut que s’opposer viscéralement au nazisme, au racisme et à l’antisémitisme. C’est donc tout naturellement qu’en 1939, durant la « drôle de guerre », elle s’engage auprès des services secrets français et devient « honorable correspondante ».
Épisode 6 ─ Détermination
Depuis le Maghreb, Joséphine Baker transmet des informations secrètes à Londres. Elle frôle la mort à de nombreuses reprises à cause d’une péritonite aiguë qui la cloue sur un lit d’hôpital durant dix-neuf mois. Investie corps et âme dans la Résistance, elle reprend ses activités au moindre sursaut d’énergie. Gaulliste convaincue, elle rallie les foules derrière le Général et risque sa vie en allant chanter pour les troupes alliées débarquées en 1942. Mais Joséphine Baker est stupéfaite de constater que, malgré la guerre et les années écoulées, l’armée américaine est encore et toujours ségréguée. « S’il existe encore dans ces circonstances la moindre forme de racisme, ce n’est pas la peine de faire la guerre à Hitler », dit-elle.
Épisode 7 ─ Baker Day
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker souhaite plus que jamais combattre le racisme, l’antisémitisme et l’injustice. Elle est l’une des premières stars à utiliser son immense notoriété pour s’engager pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis, contre l’antisémitisme, contre le racisme. Elle donne des conférences pour la Licra, elle oblige les grandes salles de Broadway à accepter un public mixte. En reconnaissance de ses actions, Harlem lui rend hommage en créant le Baker-Day. En 1963, Joséphine Baker prend part à la marche sur Washington et s’exprime aux côtés de Martin Luther King. Ce qui lui vaut d’être fichée par le FBI comme communiste.
Épisode 8 ─ Du rêve à la réalité
En 1947, Joséphine Baker épouse le musicien Jo Bouillon dans un lieu enchanté au cœur de la Dordogne, qui est désormais le leur, le château des Milandes. C’est là que Joséphine Baker va donner vie à son idéal, novateur pour les années 1960 : démontrer l’absurdité du racisme en créant la capitale de la fraternité universelle. Le couple adopte alors douze enfants de culture, nationalité et religion différentes, une famille que Joséphine baptise sa « tribu arc-en-ciel ». Véritable visionnaire, Joséphine développe l’immense jardin des Milandes en un parc d’attractions, avec piscine, restaurants, hôtels et salles de concert. En 1968, endettée, Joséphine perd ce lieu qui a vu naître son ambitieux projet.
Épisode 9 ─ Éternelle Joséphine
Joséphine a plus de 60 ans quand surviennent les événements de Mai 68. La musique qui domine est alors bien différente de celle que chante Joséphine Baker, qui continue à se produire. Avant-gardiste, elle s’intéresse aux nouveautés musicales et reprend certaines chansons des Beatles. Son amitié avec la princesse Grace de Monaco l’amène à s’installer sur les hauteurs de Roquebrune où elle prépare son ultime spectacle, Joséphine, qui retrace les grands événements de sa vie. La soirée de gala a lieu à Bobino le 8 avril 1975 devant une foule de personnalités. La nuit suivante, Joséphine s’endort pour ne plus jamais se réveiller. Cette femme éminemment moderne, incarnant parfaitement les valeurs de la République française, entre au Panthéon le 30 novembre 2023.
Podcast (9 x 50 min – inédit – 2024) – Réalisation Cécile Poss – Mise en ondes Bao-Anh Dinh – Production MFP