Une soirée spéciale autour de la déficience visuelle

Droit de regard

Alexandra (Camille Goudeau), formatrice en management, gère boulot et vie de famille avec panache. En pleine procédure de divorce, elle doit bientôt faire face à une nouvelle épreuve : son glaucome lui fait perdre peu à peu la vue. Alors qu’Alexandra, en plein déni, use de toutes les stratégies de contournement pour faire illusion, elle manque de se faire écraser par une voiture en traversant la rue avec ses enfants. Consciente du risque qu’elle leur a fait encourir, la jeune femme se décide à consulter son ophtalmologue. Le verdict tombe. Son champ visuel est réduit à moins de 20 %. Il lui reste quelques semaines, voire quelques mois, avant de perdre complètement la vue. Il faut se préparer. « Le déni, c’est normal quand on vit une maladie aussi brutale que votre glaucome, lui explique le médecin. Mais vous ne pouvez plus vous limiter aux chemins que vous connaissez par cœur ou aux situations que vous maîtrisez. » Alexandra doit accepter son handicap et se faire accompagner par des spécialistes du centre Basse Vision. « La vie qui vous attend n’est pas une vie au rabais, lui rappelle l’ophtalmologue. C’est une vie différente, et elle a déjà commencé… »  
En plus d’apprendre à vivre avec son handicap au quotidien (aménagement de l’appartement, utilisation de ses repères de mémoire, acceptation de la canne blanche pour se déplacer), elle doit aussi gérer ses enfants (en particulier sa fille, qui n’hésite pas à « profiter » du handicap de sa mère pour aller à l’école en tenue de danseuse !) et convaincre son patron qu’elle peut continuer à travailler. Pour couronner le tout, son ex lui colle la visite d’une assistante sociale du Crip (Cellule de recueil des informations préoccupantes) pour s’assurer que leurs enfants sont bien en sécurité. Pour Alexandra, une lourde bataille juridique, destinée à prouver qu’elle est « irréprochable », débute…

Réalisé par Julie Manoukian, sur un scénario deNicole Jamet et Anne-Sarah Kertudo (juriste non-voyante et fondatrice de l’association Droit Pluriel œuvrant pour une justice accessible aux personnes en situation de handicap), Droit de regard relate le combat personnel et juridique d’une femme pour accepter et, surtout, faire accepter aux autres son handicap. Sans jamais tomber dans le pathos, et non sans humour, cette fiction en clair-obscur est portée par la fougue de Camille Goudeau, comédienne elle-même malvoyante. Portrait solaire et positif d’une maman solo handicapée, Droit de regard ne manque pas de nous interroger sur nos préjugés, avec l’objectif, on l’espère, de faire évoluer encore les mentalités.

Infrarouge - L’Odyssée des enfants d’ULIS

Juste après la diffusion de Droit de regard, place à L’Odyssée des enfants d’ULIS, coécrit également par Anne-Sarah Kertudo. Un documentaire sur la vie à l’école d’enfants mal et non-voyants. 

Lucie, Adam, Daouda, Ryan et Maéva sont élèves au collège de la Grange-aux-Belles, à Paris. Ils vivent une adolescence comme les autres, ou presque : aveugles ou malvoyants, ils sont encadrés par le dispositif ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire), qui leur permet de suivre une scolarité classique, parfaitement intégrés. Pour certains, la cécité est un événement encore récent, douloureux parfois. Pour d’autres, elle a toujours été là. Si leur quotidien est celui de tous les jeunes de leur âge, parsemé de rires, d’amitiés intenses et de premiers émois, ils ont appris à contourner les obstacles que le handicap place sur leur chemin. Nous les suivons dans leurs luttes, leurs petites et grandes victoires. Leur complicité leur permet de traverser les épreuves, et de penser leur avenir : sur le long chemin de l’acceptation, ils partagent avec nous leur féroce appétit de vivre « comme les autres ».

Après la diffusion du documentaire, un débat présenté par Marie Drucker avec plusieurs invités.