Surtourisme : Les réseaux sociaux vont-ils tuer le tourisme ?
Des petits coins de nature ravagés par les vacanciers après un buzz sur Internet et des riverains qui se battent pour limiter le tourisme dans leur région. À l’autre bout du monde, Hugo Clément nous fait découvrir aussi la face cachée du tourisme « écolo », dans cette nouvelle enquête de « Sur le front ». À voir lundi 13 mai à 21.05 sur France 5 et sur france.tv.
C’est trop, les limites ont été dépassées !
Delphine Robbe, habitante de Gili Trawangan (Indonésie)
« Il faut arrêter la marche du train vers la catastrophe ! » Ces militants grecs avec pancartes et slogans ont envahi les plages où se prélassent les touristes pour les alerter sur les dégâts qu'entraîne le surtourisme. Un signal fort lancé par ces habitants de lieux touristiques – ou exposés sur les réseaux sociaux – qui ne supportent plus l'invasion et la détérioration de leurs espaces naturels.
« Un peu partout en France, on s'organise pour étaler ce tourisme et limiter la pression sur la nature : les quotas dans les Calanques, Porquerolles qui limite le nombre de touristes par jour sur l’île… Nous avons même découvert une plage à Crozon en Bretagne dont l’accès a été complètement interdit ! Là-bas, l’office du tourisme fait du « démarketing », c’est-à-dire qu’ils se battent pour que la plage n'apparaisse pas sur les comptes populaires sur les réseaux sociaux, des guides de voyage, les cartes… Incroyable et complètement aux antipodes de la promotion du tourisme ! »
« Où faut-il aller ? C’est une question que je me pose au moment d’organiser mes vacances.
Je n’ai évidemment pas envie de grossir les hordes de touristes dans des lieux surfréquentés, mais je n’ai pas non plus envie d’endommager un petit coin de nature où il n’y a personne. Ça a été le point de départ de cette enquête. » Hugo Clément
Vallon-Pont-d’Arc : d’où vient l’eau des kayakistes qui descendent l’Ardèche ? De la Loire !!!
L’Ardèche manque d’eau en été, quand les vacanciers s’agglutinent en kayak sur cette rivière. Pour être sûr de ne jamais se retrouver à sec, on utilise une conduite qui dévie l’eau de la Loire, qui va normalement se jeter dans l’océan Atlantique, pour qu’elle rejoigne l’Ardèche ! Sans cet ouvrage colossal, on ne pourrait pas continuer à accueillir autant de touristes chaque été.
Les réseaux sociaux vont pousser les gens à montrer leurs exploits et ça va donner des idées aux autres.
Un habitant de la région des gorges de l'Ardèche
Surtourisme à Étretat : de plus en plus de croisières arrivent du port du Havre
« L'Œil du Panda » : cette cavité au milieu d’une falaise d'Étretat est devenue une attraction touristique incontournable, grâce au buzz sur les réseaux sociaux. « L'Œil du Panda » est en fait un nom marketing inventé de toute pièce. Tout le monde y vient pour faire la même photo… quitte à endommager le site.
Étretat, ses 1 300 habitants et ses falaises somptueuses… Qui voient passer chaque année plus d’un million de touristes ! Des paquebots de croisière arrivent au Havre, où le port est en train de s’agrandir, et les croisiéristes sont acheminés par cars entiers chaque jour. Les offices du tourisme du Havre et d’Étretat ont même fusionné pour encore plus d’attractivité. Ce développement touristique intense vire au cauchemar pour les locaux.
Les réseaux sociaux, c’est la pire chose qui existe !
Une habitante de la presqu'île de Crozon, excédée
À Crozon, l’office du tourisme se bat pour faire oublier la plus belle plage de l’île
On la retire des documents, des itinéraires touristiques, des sites internet, des guides de voyage… À l’office du tourisme de Crozon, on se bat non pas pour promouvoir la plus belle plage de l’île mais pour la dé-référencer. Ça s'appelle le démarketing, et cette pratique devient indispensable dans de nombreux petits coins de nature en France, pris d’assaut après une publicité inattendue sur les réseaux sociaux.
Aux Maldives : des îles artificielles sont construites sur la barrière de corail
C’est à peine croyable : sur un atoll des Maldives, des îles artificielles entièrement destinées à accueillir des resorts de luxe sortent de l’océan. Des millions de mètres cubes de sable sont aspirés du lagon, un écosystème riche en biodiversité mais très fragile, pour être accumulés en surface. Cette technique détruit les coraux alentour. La visite du chantier en exclusivité permet de prendre conscience de l’aberration écologique d’un tel projet.
Bali : la face cachée de l’île paradisiaque « écolo »
Sur l’île de de Gili Trawangan, tout près de Bali, il n’y a pas d’aéroport, on se déplace à vélo, les voitures sont interdites… Les hôtels de cette île promettent des vacances écologiques, de quoi se donner bonne conscience ! Mais derrière les palissades des resorts, les décharges de déchets n’en finissent plus de déborder. Le centre de l'île, qui était à la base un trou dans lequel on mettait les déchets, est devenu une montagne de détritus. Par endroits, des murs ont même été érigés pour cacher cette réalité peu reluisante aux vacanciers.
La planète est toute petite, mais il y a moyen aussi que tout le monde ne soit pas au même moment au même endroit.
Un habitant de l'île de Porquerolles
Des combattants
Shaï Mallet
Sa famille vit à Étretat depuis des générations et elle ne se verrait pas vivre ailleurs. Shaï a vu son village et ses falaises devenir une étape incontournable pour les touristes du monde entier. Elle nous emmène dans son combat pour mieux gérer l'afflux de visiteurs et pour instaurer des quotas.
Ibu
Ibu est amoureux des fonds marins des Maldives, son pays. Pour sauver l’écosystème qu’il aime tant, cet instructeur de plongée courageux a décidé de prendre la parole : il nous ouvre les yeux sur la face cachée des projets touristiques de grande ampleur qui sont en train de défigurer son atoll… et la nécessité de préserver les lagons exceptionnels.
Delphine Robbe
Après ses études, cette Française a décidé de faire le tour du monde. Et puis, un jour, Delphine a posé le pied sur l'île indonésienne de Gili Trawangan et n’est jamais repartie. Cette éternelle aventurière a appris la langue, s'est investie dans la vie locale. Quand elle a vu les hôtels fleurir sur l’île sauvage, elle s’est engagée pour trouver des solutions aux déchets qui pullulent. Elle se démène pour sensibiliser les touristes à leur impact sur ce petit bout de terre au milieu de l’océan.
Sur le front : Les réseaux sociaux vont-ils tuer le tourisme ?
Dans ce nouvel épisode de Sur le front (format linéaire et digital), Hugo Clément nous emmène à la rencontre des combattants qui rivalisent d'imagination pour sensibiliser les touristes et inventer de nouvelles manières de voyager.
Magazine (55 min - 2024) – Création Régis Lamanna-Rodat et Hugo Clément – Présentation Hugo Clément – Rédaction en chef Pierre Grange – Réalisation Nicolas Bellemon – Production Winter Productions, avec la participation de France Télévisions
Sur le front : Les réseaux sociaux vont-ils tuer le tourisme ? est diffusé lundi 13 mai à 21.05 sur France 5
À voir et revoir sur france.tv