« Les Petits Secrets de nos téléphones portables »

Je dois bien l’avouer : comme beaucoup d’entre nous, je suis accro à mon téléphone portable. J’y passe au moins cinq heures par jour et j’ai fini par me demander quel est l’impact de cette activité sur l’environnement ?

Hugo Clément, extrait de son édito

Avouons-le, rares sont ceux aujourd’hui à posséder un téléphone portable basique, comme le Nokia 110. La plupart d’entre nous utilisent un smartphone de dernière génération ou presque. Sans trop s’avancer, il est probable que ce n’est pas le premier mobile acquis. Tout est fait pour nous pousser à acheter le dernier modèle sorti, présenté par les marques comme plus performant. Mais à quel prix pour la planète ? Les ressources nécessaires à sa fabrication ne sont pas inépuisables. Leur extraction a un impact sur notre environnement (même en France, comme vous pourrez le découvrir dans ce numéro de Sur le front). Et certaines sociétés n’hésitent pas à employer des enfants pour les obtenir, voire financent indirectement des guerres…
Nous tous, d’une manière ou d’une autre, participons à ce système. Pourtant, il existe des moyens de limiter notre impact et notre surconsommation. Il suffirait que nous puissions réparer nos téléphones comme nous le faisons pour une voiture, une habitation, un ordinateur ou de l’électroménager. Seulement combien de marques comme Fairphone nous permettent de changer uniquement les composants endommagés ou défectueux pour conserver plus longtemps nos portables ? Et il a fallu attendre cette année pour qu’Apple se voit imposer de passer au chargeur universel USB-C en 2024. Nous n’avons plus le temps de tergiverser sur l’avenir de ces milliards de téléphones devenus inutilisables et à peine recyclés. Encore une fois, les matières premières nécessaires pour leur fabrication ont un coût et un impact sur notre environnement et sur notre santé.

Le stockage de nos données

Le recyclage ou l’extraction ne sont pas les seuls points noirs de nos si précieux téléphones. Nos données ont aussi un impact sur notre environnement. Pour les conserver, des milliers de data centers sont construits. Des centres énergivores fonctionnant 24 heures sur 24, qu’il faut sans cesse refroidir. On pourrait se réjouir que certaines sociétés aient choisi d’installer leur data center dans des immeubles d’habitation pour « mettre à disposition » cette chaleur, que d’autres utilisent des systèmes de refroidissement plus écologiques et/ou des énergies renouvelables ou encore que Facebook ait en 2014 inventé un système baptisé Autoscale qui réduit la mise sous tension des serveurs lorsque le trafic est moindre (source : lebigdata.fr). On pourrait s’en féliciter si la construction des data centers n’était pas exponentielle, or chaque semaine de nouveaux centres voient le jour. À défaut de pouvoir s’en passer, sachons mieux les utiliser en supprimant les messages, photos ou vidéos inutilement stockés sur le cloud ou via nos messageries (et donc dans les data centers). Voyez cela comme un grand ménage de printemps ou un vide-dressing. Enfin, il ne nous viendrait pas à l’esprit de laisser la porte de notre réfrigérateur ouverte pendant plusieurs heures, pourtant nous pensons rarement à fermer les applications sur notre mobile ou notre tablette une fois que nous les avons utilisées et encore moins à l’énergie consommée pour en profiter…

Des séquences à découvrir dans ce numéro de Sur le front

Exclusif : Apple soupçonné de bloquer les IPhone réparés avec un écran de marque générique
Laetitia Vasseur, de l’association HOP, nous montre en exclusivité que lorsqu’on remplace l’écran de son IPhone avec un écran de marque générique, bien moins cher la plupart du temps, cela fonctionne parfaitement jusqu’au jour où il faut faire une mise à jour…

Un câble sous-marin qui relie la Vendée aux États-Unis appartient à… Google ! 
Nos données numériques voyagent entre les continents grâce à des câbles sous-marins. Ils traversent les océans et arrivent directement sur nos plages : un des derniers en date relie la jolie plage touristique de Saint-Hilaire-de-Riez à la côte américaine. Il n’est pas installé par un État ou un opérateur public, mais par Google. Et ce n’est pas le seul à ainsi quadriller nos océans. 

Une mine de nickel détruit les coraux, et ça se passe en France
Un quart des ressources mondiales de nickel (utilisé pour les batteries) se trouvent dans le sous-sol français, en Nouvelle-Calédonie. L’équipe de Sur le front a pu visiter les mines de l’île et a découvert qu’elles menaçaient le lagon. L’extraction provoque des ruissellements de boues qui se retrouvent dans la mer et endommagent les coraux.

On bétonne la France avec des data centers
Au moment du tournage, la France comptait 250 data centers (depuis, d’autres ont vu le jour) qui consommaient deux fois plus d’énergie que l’éclairage urbain présent sur tout le territoire. Ces data centers génèrent beaucoup de chaleur. Pour les refroidir, l’un d’entre eux a même dévié un canal souterrain sur plusieurs kilomètres pour récupérer de l’eau. Il existe des logements qui se chauffent grâce à la chaleur générée par les serveurs. 
 
Que deviennent nos vieux téléphones portables ? 
En remontant les filières de recyclage, l’équipe de Sur le front a découvert que, pour extraire les métaux rares présents, il fallait utiliser des produits extrêmement toxiques…

On est nombreux à avoir eu un smartphone qui a dysfonctionné ou qui a ralenti, qu’on n’a pas forcément emmené chez un réparateur parce que soit on n’y a pas pensé ou parce que c’était trop cher. C’est contre tout cela qu’on veut se battre, pour que ça puisse être facile de réparer.

Laetitia Vasseur, cofondatrice et directrice de Hop